George Hincapie. Big George a été particulièrement félicité au moment des remises de prix hier soir à Beaver Creek. La ville coloradane a offert à George Hincapie (BMC Racing Team) un double cadeau, en hommage à sa remarquable fidélité et à son rôle de compagnon auprès de ses leaders durant toute sa carrière. La station a estimé que le meilleur symbole de cette addiction était le cheval. Ainsi, George Hincapie, qui mettra un terme à sa longue carrière dimanche à Denver, s’est vu offrir un superbe tapis de selle avec le logo de Beaver Creek brodé… mais surtout un cheval surnommé Big George, de la race Thoroughbred. L’histoire ne raconte pas encore si Hincapie chevauchera sa nouvelle monture dimanche soir à Denver, tournant une page sur sa carrière au soleil couchant du Colorado, sur un air bien connu du Far West.

Training Peaks. Chaque jour, Training Peaks, un site d’entraînement et d’analyse de performances, donne les statistiques de certains coureurs du Tour du Colorado. Ainsi, lors de la première étape, Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) a brûlé 3880 calories, soit l’équivalent de 55 bananes, sur les 4h42’48 » de course. Sa vitesse maximale a atteint 95,4 km/h (!) pour une cadence moyenne de pédalage de 87 tours par minute. Le jeune coureur américain a grimpé les 939 mètres de dénivellation en 1h54 soit à 41 km/h sur les 77,2 kilomètres de montée. Il a fini par produire un effort maximum à 1088 watts sur le sprint d’arrivée. De son côté, Janez Brajkovic (Astana) a développé 214 watts en moyenne, dégageant une puissance moyenne de 234 watts sur la montée de Lizard Pass, soit 3,9 watts/kg sur près de deux heures. Un cycliste moyen peut maintenir une telle puissance sur cinq minutes. – www.trainingpeaks.com/usapcc

Beaver Creek. Littéralement « barrage de castors », Beaver Creek est la station sœur de Vail. Après les villes ou villages du sud, le Tour du Colorado aborde les stations chics de l’Etat américain. Après Aspen « Silver Queen » avant-hier et ses stars du cinéma, du sport et de l’art, Beaver Creek a été rallié hier. La station est mitoyenne de Vail, fondée dans les années 60, et doit beaucoup à l’ancien président des Etats-Unis Gerald Ford et sa femme Elizabeth Bloomer Warren, qui s’y sont établis très tôt. Les promoteurs de Vail, et Beaver Creek ont bien compris l’importance du sport dans la reconnaissance internationale de ces villes. Dès 1989 puis en 1999, Vail a accueilli les Championnats du Monde de ski, puis en 1994 et 2001 les Mondiaux de Mountain Bike avec entretemps pas mal de manches de Coupe du Monde Grundig à l’époque. Miguel Martinez y a conquis un titre de champion du monde Juniors en 1994 puis Julien Absalon un titre de champion du monde Espoirs en 2001, juste devant un certain Ryder Hesjedal, le vainqueur du Giro. Le Mondial 2001 avait été marqué par les attentats de New York, le 11 septembre, et avait été le seul événement sportif maintenu ce week-end-là, à la différence du baseball, basket, football US, tous les vols ayant été annulés. Beaver Creek et sa célèbre Birds Of Prey, la descente tracée pour les Championnats du Monde par Bernhard Russi, accueillera les Championnats du Monde de ski en 2015, battue par Val d’Isère pour 2009, et accueille chaque année l’une des premières manches de la Coupe du Monde, juste après les épreuves canadiennes. Le vélo fait donc son chemin petit à petit à Beaver Creek, comme à Vail.

L’étape du jour… Breckenridge-Colorado Springs (189,7 km)

Au départ de Breckenridge, une ville de montagne de caractère vieille de 150 ans, le Tour du Colorado met le cap sur Colorado Springs, la deuxième ville de l’Etat du Colorado après Denver avec ses 370 000 habitants. On sera là encore dans le berceau du cyclisme américain puisque c’est à Colorado Springs, la cité retenue l’an passé pour lancer la 1ère édition du Tour du Colorado, que siège la fédération cycliste américaine, l’USA Cycling, non loin du Comité Olympique des Etats-Unis, qui vient de renter des Jeux Olympiques de Londres avec 104 médailles dont 46 en or ! Cette cinquième étape sera propice à une arrivée au sprint. Passé le Hoosier Pass, une ascension de 16,3 kilomètres culminant à 3505 mètres placée en tout début de course, les coureurs descendront progressivement sur Colorado Springs, via le parc Garden of the Gods, où ils repasseront pour la première fois depuis mardi sous la barre des 2000 mètres d’altitude.

3 questions à… Craig Lewis (Champion System)

Craig, vous étiez dans la bonne échappée avant que Jens Voigt ne s’échappe hier, pourquoi le groupe n’a-t-il pas été en mesure de reprendre l’Allemand ?
J’ai pris l’échappée très vite, on a fait un bel écart, et quand il y a un écart important à ces altitudes, c’est compliqué à reprendre. On a essayé, on le voyait, il avait 1 mile (1,609 km) d’avance, mais malgré l’entente, il a été incroyable. Avec le vent, la pluie, il a profité de la situation, et nous derrière on a laissé filer. Dans l’échappée, évidemment, les BMC ne travaillaient pas, mais quand on est dans un large groupe comme ça, l’entente est difficile. On était trop nombreux pour coopérer efficacement.

L’altitude, vous êtes habitué, comment gérez-vous ça ?
J’habite Boulder, ici au Colorado, donc ça va. On brûle beaucoup plus de calories. Quand la course est agressive, on a moins l’aptitude à boire, à manger comme il faut. Il faut gérer constamment, surveiller ses efforts, ne pas se mettre dans le rouge. Dans un Pass comme Independence, il faut prendre son rythme. Il y a 30 kilomètres de montée, donc tous les efforts inutiles se payent. A côté de cela il y a l’ambiance incroyable, bien au-delà de ce qu’on a connu l’an passé, et même partout ailleurs.

Vous avez passé mercredi les routes en terre battue du Cottonwood Pass, qu’en avez-vous pensé ?
Il y avait d’abord 11 kilomètres de routes en travaux au pied, je pensais « heureusement qu’il n’a pas plu », sans quoi ça aurait été différent. L’organisation doit prendre en compte que ça fait deux ans qu’on a du beau temps, c’est très bien, mais le jour où il pleut, ce sera différent et pas simple à gérer. Je n’ai pas subi de crevaison, ça avait un air de Paris-Roubaix sans les pavés, et sans les 40 miles de grimpe au total, mais une fois de temps en temps, c’est vraiment sympa à vivre, et à découvrir.

Propos recueillis à Beaver Creek le 23 août 2012.