Il s’agissait de comprendre et apprécier comment une telle formation à succès peut année après année continuer de gagner avec autant de coureurs différents et ce, alors qu’elle perd régulièrement une partie de ceux qui ont mis au fond l’année précédente. Comment faire mieux ou au moins aussi bien, avec, à priori, moins de grands noms alignés?
10 jours à peine avant le lancement de la saison, le staff, les coureurs, et les partenaires (37 au total dont 6 nouveaux) ont été mis en lumière au sud de l’Espagne où seuls les coureurs déja en Australie ont été les absents parmi lesquels Iljo Kesse qui a préféré l’Océanie cette année, Michaël Morkov ou encore la recrue star Sam Bennett seront là pour apporter, si possible, les premiers succès d’une saison que Patrick Lefévère espère toujours aussi riche en émotions et en succès, histoire de faire mousser la bière de l’un de ses partenaires.
La team Deceuninck-Quick Step au complet lors de la présentation | © GettySport
68 succès en 2019, dont 35 en World Tour, 2 titres de champion d’Europe, 2 monuments, 14 jours en jaune, 5 étapes sur la Vuelta, …autant de succès remportés avec 16 coureurs différents (sur 25). Tout ça est désormais dans le rétroviseur et il s’agit pour les dirigeants et les coureurs de maintenir le cap et entretenir cette culture de la gagne où comment mettre en place une stratégie qui fasse que si les Deceuninck sont là, ce sont les autres qui passent par la fenêtre dont la marque éponyme a rejoint la meute des sponsors en 2019 pour un retour sur investissement qu’on imagine plus qu’énorme.
La concurrence s’inspire ou en tout cas souhaite s’inspirer de cet état d’esprit qui met en exergue le succès de l’équipe auquel doivent contribuer tous les coureurs, lesquels savent que leur tour viendra à un moment où l’autre de la saison. La gestion de ces champions, les briefings, la stratégie de course apparaissent clairs, c’est tout pour l’équipe, et notamment sur les courses d’un jour comme les classiques de début de saison qui sont là pour donner le tempo. Le chef de meute: Patrick Lefévère l’a rappelé, l’équipe est loin des budgets d’équipes comme Inéos ou Jumbo-Visma; avec le 5/6ème budget il s’agit de lutter sur un autre tarrain, celui de l’état d’esprit. A ce propos, on suivra avec intérêt les résultats d’un coureur comme le Danois Kasper Asgreen, souvent 2ème l’an passé mais qui pourrait plus régulièrement monter sur la plus haute marche des podiums. Dans la même catégorie on mettra les 2 autres Français de l’équipe: d’un côté, Florian Sénéchal qui visera à renouveler son bail au Samyn et plus encore; de l’autre Rémi Cavagna, désormais entraîné par Franck Alaphilippe et que le passage du Tour dans la proximité de Clermont-Ferrand inspire au point d’être clairement candidat au 8 de départ à Nice.
Bob Jungels et ses coéquipiers en stage | © Bob Jungels
Plutôt que rentrer dans la surenchère sur les salaires, P Lefévère préfère recruter et faire grandir des coureurs qui vont prendre et apprendre auprès des plus anciens. C’est une grande différence d’approche avec d’autres équipes qui préfèrent offrir des salaires de leaders à des coureurs susceptibles de l’être, mais qui éteignent leurs ambitions de victoire dans leur rôle d’équipier de luxe. Deux approches radicalement différentes qui se retrouvent entre ceux qui visent les grands Tours et les maillots distincitfs et les équipes qui jouent les courses d’un jour quel que soit le terrain proposé.
11 coureurs nouveaux pour 2020, la plupart peu ou pas connus, si ce n’est le champion d’Irlande Sam Bennett qui sera sur le Tour de France quand Fabio Jakobsen visera les étapes pour sprinters sur le Giro. Un seul grand nom pour en faire oublier trois: Elia Viviani, Enric Mas, et Philippe Gilbert, non gardé à cause d’une durée de contrat et des conditions financières qui vont avec, lesquels totalisent 19 succès l’année passée. Le challenge est excitant de faire aussi bien voire mieux et il s’agira d’abord que les 16 coureurs déja dans la place passent un ou plusieurs caps pour que le curseur soit atteint. Un exemple parmi d’autres du coureur qui sera attendu est celui du Luxembourgeois Bob Jungels dont les ambitions de général sur les grands Tours ont plutôt viré à la recherche de performances sur les classiques. Il sera sur le Tour de France cette saison mais il a surtout affiché son ambition quant au Tour des Flandres. La démonstration du savoir-faire Deceuninck-Quick Step en matière de managment sera encore une fois à l’honneur quand on imagine un 7 de départ où Yves Lampaert, 3ème à Roubaix, Julian Alaphilippe et Bob Jungels devront se mettre au service de la victoire de l’un d’entre eux.
Julian Alaphilippe répondant aux questions des journalistes | © GettySport
Les journalistes Belges et Français avaient fait le déplacement pour les 2 coureurs qui ont crevé l’écran l’année passée, Julian Alaphilippe et ses 14 jours en jaune, Strade Bianche ou Milan San Rémo qui débutera sa saison de nouveau en Argentine avec un stage juste avant la Colombie. Son premier gros rendez-vous sera Paris-Nice où le contre-la-montre de Saint Amand Montrond lui tend les bras, le Tour de France où il sera très attendu, devrait lui permettre de viser des étapes tout en ayant en tête la course des Jeux Olympiques, 6 jours seulement après Paris, qui plus est avec le décalage horaire, les heures de vol, et la différence de taux d’humidité et de chaleur. L’autre grand nom de l’équipe c’est évidemment Remco Evenepoel qui rend le cyclisme tellement simple quand il explique sa victoire à la Clasica San Sebastian et dont une des qualités premières est certainement de savoir se faire apprécier par tout son environnement et assurément dans le peloton. En Néerlandais, en Anglais ou en Français, le champion d’Europe de contre-la-montre nous a expliqué qu’il ira au Giro pour découvrir, quitte à abandonner au bout de 8 jours si ça ne se passe pas bien. Quelquechose nous dit que les 3 contre-la-montre l’inspirent, à commencer par celui de Budapest inaugural et susceptible par son profil de voir la vie en rose.
La pépite Remco Evenepoel toujours très sollicité | © GettySport
Le Giro, après Liège feront partie du premier bloc d’épreuves où Remco sera à son pic de forme, la deuxième phase pasera par les courses des Jeux Olympiques de Tokyo, et la 3ème passera par les Mondiaux et le Tour de Lombardie; autant de rendez-vous où on n’imagine pas le jeune Belge viser autre chose que le 20/20 l’année de ses 20 ans.
Vous retrouverez ces prochaines semaines les interviews des différents protagonistes évoqués ici que ce soit coureurs, encadrement mais aussi pas mal d’aperçus techniques de ce qui fait le succès sur les 280 vélos, 400 roues, ou encore 600 chaînes, un autre aspect des chiffres ahurissants de l’équipe Belge qu’on remercie pour son ouverture et son esprit familia