Le ton a changé ce matin au départ de la septième étape à Maddaloni. La course rose débarque en Campanie, où ses acteurs ont rendez-vous aujourd’hui avec un premier sommet, celui de Montevergine di Mercogliano. L’heure est venue de se frotter aux premiers reliefs de ce 94ème Giro, incarnés par la Serra della Strada (9,5 km à 5,3 %) et la montée finale vers Montevergine di Mercogliano (17,1 km à 5 %). Il s’agit de la première des huit arrivées en altitude programmées tout au long du Tour d’Italie. Sous forme de mise en jambes plus que d’ascension fondamentale, car en dépit de la longueur du col final, la régularité de la pente et le caractère moyen de la difficulté ne devraient pas permettre aux favoris de s’exprimer pleinement dans le final de cette étape de 110 kilomètres, la plus courte du tracé. Mais il convient de rester vigilant.
C’est une étape extrêmement brève, alors les attaquants sont inspirés. Cinq hommes s’extraient du peloton au 13ème kilomètre : le Danois Lars-Ytting Bak (HTC-Highroad), l’Italien Federico Canuti (Colnago-CSF Inox), l’Italien Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale), le Français Jérôme Pineau (Quick Step) et le champion d’Italie Giovanni Visconti (Farnese Vini-Neri Sottoli), qu’on dit souffrant du genou gauche depuis qu’il a été frappé par un bidon durant l’Amstel Gold Race. Son entourage s’étonne encore de voir le porteur du maillot tricolore en course, il est d’autant plus épatant de le voir à l’ouvrage dans une échappée lancée peu après le départ. Les cinq attaquants grignotent 3’20 », pas davantage car bien des coureurs ont des vues sur la victoire d’étape au sein du peloton et font rouler leurs équipiers.
Le paquet se maintient dans la course et revient doucement mais sûrement, emmené le plus clair de la journée par l’équipe Acqua & Sapone de Stefano Garzelli, « sprinteur de la montagne ». Au sommet de la Serra della Strada, à 45 kilomètres du but, l’écart est retombé à 2’00 ». Voilà qui donne des idées au Néerlandais Johnny Hoogerland (Vacansoleil-DCM), qui démarre seul et se lance dans une remarquable course-poursuite. Favorisé par ses belles qualités de descendeur, il comble seul la différence quand le peloton ne reprend quasi rien aux échappés dont le nombre est donc porté à six au pied de l’ascension finale. Là, Johnny Hoogerland relance à nouveau énergiquement le groupe de tête, mais cette fois la mise en route est opérationnelle à l’avant du paquet, et la différence n’est plus que de 1’07 » à l’entame des 17,1 kilomètres d’ascension.
Alberto Contador montre quelques limites sur un brutal coup d’accélérateur.
La route en lacets qui mène au sanctuaire de Montevergine di Mercogliano est roulante. Sa pente est franchement régulière et on comprend bien vite qu’aucun favori n’aura les moyens de se démarquer sur un tel terrain. D’ailleurs, les équipes qui se succèdent à l’avant du groupe ne donnent pas l’impression de vouloir déclencher les hostilités. On s’attachera à grimper sur la défensive plutôt qu’à mettre le feu aux poudres. Pour la première grande explication entre les favoris, on se reportera à présent sur les pentes volcaniques et déjà surchauffées de l’Etna, dans quarante-huit heures. Les six éclaireurs du jour sont revus les uns après les autres par un peloton au sein duquel se maintient une cinquantaine de concurrents. A 8 kilomètres du sommet, il n’y a plus personne aux avant-postes.
L’absence d’échappée ne dure pas longtemps. A 7 kilomètres du but, le jeune belge Bart De Clercq (Omega Pharma-Lotto) passe à l’attaque. Faute de références à son palmarès, le coureur de 24 ans est peu redouté mais il s’octroie pourtant très vite une demi-minute d’avance sur ses poursuivants, qui grimpent sans s’affoler mais sans reprendre de terrain non plus… On note bien quelques escarmouches ça et là, et même une timide accélération de Marco Pinotti (HTC-Highroad) aussitôt réprimée par le Maillot Rose Pieter Weening (Rabobank), bien calé dans le train des Acqua & Sapone. Mais rien qui ne vienne à faire péter le peloton ou à permettre un rapproché sur Bart De Clercq, encore crédité de 24 secondes d’avance au passage sous la flamme rouge. Assis sur sa selle tout au long de la montée, il va lui falloir tenir jusqu’au bout.
Car voilà que l’équipe Lampre-ISD fournit une violente accélération à l’approche du dernier kilomètre. C’est un peu tard mais cela engendre un retour fulgurant du peloton, lancé au sprint sous l’impulsion de Michele Scarponi (Lampre-ISD). Roman Kreuziger (Astana), Stefano Garzelli (Acqua & Sapone) et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) répondent du tac au tac. Pas Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard), qui montre quelques limites sur ce brutal coup d’accélérateur. Mais tous termineront néanmoins dans le même temps au sommet, où Michele Scarponi lancé en trombes vient mourir à hauteur du pédalier de Bart De Clercq, assis jusqu’au bout et qui tend in extremis un bras victorieux et libérateur. Il s’en est fallu d’un mètre ! Formidable, Christophe Le Mével (Garmin-Cervélo) termine dans la roue de Contador mais Pieter Weening (Rabobank) s’accroche en queue de peloton pour conserver le Maillot Rose un jour de plus.
Demain samedi, la huitième étape se disputera entre Sapri et Tropea (217 km).
Classement 7ème étape :
1. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) les 110 km en 2h54’47 »
2. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
3. Roman Kreuziger (TCH, Astana) m.t.
4. Stefano Garzelli (ITA, Acqua & Sapone) m.t.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
7. José Rujano (VEN, Androni Giocattoli) m.t.
8. Dario Cataldo (ITA, Quick Step) m.t.
9. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) m.t.
10. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) m.t.
Classement général :
1. Pieter Weening (PBS, Rabobank) en 23h09’59 »
2. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) à 2 sec.
3. Marco Pinotti (ITA, HTC-Highroad) m.t.
4. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) à 5 sec.
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 14 sec.
6. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) à 22 sec.
7. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 24 sec.
8. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 28 sec.
9. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) à 30 sec.
10. José Serpa (COL, Androni Giocattoli) à 33 sec.
Classement par points :
1. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) 48 pt
2. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 41 pt
3. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 38 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) 30 pt
5. Angel Vicioso (ESP, Androni Giocattoli) 28 pt
6. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 27 pt
7. Pieter Weening (PBS, Rabobank) 25 pt
8. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) 25 pt
9. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) 22 pt
10. Roman Kreuziger (TCH, Astana) 22 pt
Classement de la montagne :
1. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) 11 pt
2. Martin Kohler (SUI, BMC Racing Team) 10 pt
3. Federico Canuti (ITA, Colnago-CSF Inox) 9 pt
4. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Inox) 8 pt
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 7 pt
6. Roman Kreuziger (TCH, Astana) 6 pt
7. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 5 pt
8. Jérôme Pineau (FRA, Quick Step) 3 pt
9. Stefano Garzelli (ITA, Acqua & Sapone) 3 pt
10. Giovanni Visconti (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Steven Kruisjwik (PBS, Rabobank) en 23h10’27 »
2. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 16 sec.
3. Robert Kiserloski (CRO, Astana) à 24 sec.
4. Francesco Masciarelli (ITA, Astana) à 31 sec.
5. Kevin Seeldraeyers (BEL, Quick Step) à 54 sec.
6. Rafael Valls (ESP, Geox-TMC) à 1’45 »
7. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 2’29 »
8. Jan Bakelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 3’02 »
9. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) à 6’03 »
10. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Inox) à 6’07 »
Classement par équipes :
1. Movistar Team (ESP) en 68h49’01 »
2. Astana (KAZ) à 1 sec.
3. Geox-TMC (ESP) à 1’06 »
4. Androni Giocattoli (ITA) à 1’21 »
5. Team Sky (GBR) à 2’32 »
6. Liquigas-Cannondale (ITA) à 3’27 »
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 3’58 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 4’06 »
9. Team Katusha (RUS) à 6’26 »
10. Rabobank (PBS) à 7’02 »