Vous ne perdez jamais une élection et en plus vous avez réussi à faire venir le Tour à Sarzeau, comment avez-vous fait ?
Déjà la victoire à l’UCI c’était une lourde et grosse élection. Je l’ai mené avec brio en allant directement à la rencontre de l’ensemble des délégués votants. Pour le Tour de France à Sarzeau, on était candidat depuis quelques années. Le Tour venant en Bretagne, il y avait une certaine logique pour qu’il passe dans notre commune. Je pense que l’itinéraire était déjà fait avant l’élection à l’UCI, mais c’est un joli clin d’œil. On sera très heureux d’accueillir le Tour de France.
Est-ce que ça va être un coup de boost pour Sarzeau ?
Notre activité principale c’est le tourisme, nos communes multiplient par dix leurs populations l’été. Les exposer à 200 pays dans le monde et avec de belles vues aériennes, c’est un vrai vecteur de communication. Quoi de mieux que le Tour de France pour faire ça ?
Si vous étiez à notre place, comment titreriez-vous sur le Tour 2018 ?
L’audace. C’est un Tour audacieux. On voit qu’il y a plein d’inédits. Moi j’aime les pavés, ça, c’est du vélo. La plus belle étape remportée par Nibali sur le Tour, c’était sur les pavés. La petite étape de 65 kilomètres qui est très difficile va donner des écarts. J’aime également l’étape qui part d’Annecy et qui passe par un col dont la route n’est pas goudronnée, ensuite il y a celle de Quimper ou encore les deux ascensions du Mur de Bretagne. Il y a de l’audace et de l’innovation. C’est pour ça qu’on aime ce parcours.
Est-ce que vous diriez que Brian Cookson était un président de transition ? Est-ce que vous avez gagné les élections ou lui les a perdus ?
Un peu les deux. J’ai gagné, il a perdu. Il m’a un peu aidé dans la campagne, mais c’est une campagne que j’ai menée aussi de manière précise, professionnelle et en essayant de montrer que j’avais une vraie ambition pour le cyclisme. Je n’ai pas gagné cette campagne en comptant sur les erreurs de mon adversaire, mais en expliquant que le vélo avait besoin de changements.
Quelles sont les qualités premières de Brian Cookson que vous allez reprendre pendant votre mandat ?
Je pense que c’est un homme honnête, qui aime le vélo. Sur les sujets de l’éthique, il partage les convictions qui sont les miennes. Sur ce sujet-là, l’UCI sera toujours à la lutte contre la triche. C’est ce qu’on partage avec Brian Cookson.
Par quels chantiers allez-vous commencer à la tête de l’UCI ?
La fraude technologique est un sujet d’urgence même s’il y a des sujets importants sur le moyen et long terme. Comme l’a rappelé Christian Prudhomme, aujourd’hui, il compte sur l’UCI pour garantir le résultat sportif et enlever toutes formes de suspicions.
BMC Development s’arrête cette année, qu’allez-vous faire pour la rémunération des clubs qui forment les coureurs professionnels ?
C’est un sujet qui va revenir sur la table lors de la réforme du cyclisme professionnel. Les équipes professionnelles ne peuvent pas se désengager de la formation des jeunes coureurs. On ne peut pas laisser ça uniquement aux fédérations nationales et aux clubs. Il me semble logique de réfléchir au niveau mondial à un retour financier vers le monde amateur. Bien sûr il faut rester raisonnable : le cyclisme n’est pas le football. Je pense que plus que le montant c’est surtout la reconnaissance qui est attendue.
Qu’allez-vous faire pour réformer le calendrier du World Tour ? Certains veulent retourner aux monuments, ne faudrait-il pas mélanger les monuments et les nouveautés ?
Il faut d’abord partager le diagnostic avec l’ensemble des acteurs du cyclisme. Le calendrier n’est qu’un des éléments de la réponse à apporter. Il faut d’abord être d’accord sur le diagnostic pour qu’ensuite on partage ensemble la vision de ce que l’on veut faire et seulement après on mettra ça en forme de façon réglementaire. Aujourd’hui on est rendu à des éléments de réforme, mais on ne sait pas pourquoi il faut faire une réforme. On a besoin de revenir un peu aux fondamentaux. Le calendrier est peu lisible. Naturellement les monuments font partie de l’histoire de notre sport, mais le Grand Prix de Québec, Montréal ou encore le Tour Down Under sont des courses majeures. Le cyclisme doit utiliser ses racines européennes, mais il ne doit pas forcément se recentrer dessus, on doit être un sport mondial.
Il y a les Jeux olympiques à Paris en 2024, de quelles manières allez-vous aborder le sujet notamment au niveau de la piste ?
C’est un vrai sujet pour nous. Le cœur de l’olympisme à l’UCI c’est la piste. Cette discipline représente la moitié de nos médailles. Il faut que l’on soit très efficace dans ce domaine en garantissant l’universalité de notre sport et en faisant attention à ce qu’un maximum de pays soit compétitif. La Grande-Bretagne a fait un formidable travail et je les félicite pour ça, mais avoir un pays qui domine tellement peut-être aussi parfois être dangereux pour un sport comme ça.
Par rapport à Paris 2024, peut-on imaginer que le BMX et le VTT soient à Saint-Quentin-en Yvelines ?
Le BMX sera à Saint-Quentin-en-Yvelines. Une piste va être construite à 200m du vélodrome. Le VTT est prévu à la colline d’Élancourt sur l’agglomération de Saint Quentin-en-Yvelines. La route passera aussi sur ce territoire même si le départ et l’arrivée seront à Paris.
Allez-vous partir à l’UCI avec l’équipe que vous aviez à la FFC ?
Il y a une équipe de qualité à l’UCI. Je n’ai pas l’intention de changer fondamentalement le staff de l’UCI. Ma directrice de campagne est devenue ma directrice de cabinet, mais je ne vais pas bousculer l’organisation interne de l’organisation.
Confirmez-vous que le Tour de France 2018 sera le premier à huit coureurs ?
Oui, c’est une décision qui a été prise par le conseil de cyclisme professionnel à l’époque où je le présidais encore. Cela a été accepté par tous les acteurs. Avec cette réforme, on devrait améliorer la sécurité des coureurs et également l’attractivité des courses. Les autres courses World Tour seront également impactées, elles passeront de huit à sept coureurs.
Peut-on imaginer qu’à un moment donné les organisateurs augmentent le nombre d’équipes invitées ?
Non, c’est exclu. Il n’y aura pas d’augmentation du nombre d’équipes. L’objectif est d’améliorer la sécurité et de rendre un peu plus attractives nos courses.