Fabien, vous avez fait la découverte des classiques ardennaises la semaine dernière. Et vous étiez dans l’échappée sur la Flèche Wallonne.
Oui c’était l’objectif de l’équipe de mettre quelqu’un dans l’échappée sur la Flèche. Nous partions de Binche. L’un de nos sponsors principaux y est implanté donc c’était vraiment le but de la journée. Deux ou trois coureurs étaient protégés pour la montée finale du Mur de Huy.
Cette échappée a-t-elle été difficile à prendre ?
Oui c’était difficile. J’ai pris dans un premier temps un groupe de huit coureurs. Nous sommes bien sortis mais derrière le peloton ne nous a pas laissés partir et c’est revenu. Ensuite, c’était un peu plus dangereux pour nous, car trois coureurs ont réussi à contrer et un autre groupe de huit est sorti derrière sans personne de Wanty-Groupe Gobert. Du coup, le peloton a vite réagi sur le groupe de contre et nous sommes trois à être ressortis pour rentrer sur les trois de devant ce qui a fait six coureurs pour passer la course à l’avant. C’était une journée assez difficile avec vent de face tout le long. Je savais très bien qu’aller au bout allait être dur mais je me suis fait plaisir. Avec le passage du Mur de Huy devant, c’était vraiment très important de se montrer donc j’ai fait le job.
Comment s’est déroulée votre découverte de Liège-Bastogne-Liège ?
Sur Liège c’était beaucoup plus dur, car je suis tombé malade le soir de la Flèche Wallonne. J’ai essayé de bien me soigner avant le dimanche mais je suis arrivé dans un état de fatigue un peu avancé. J’ai essayé de reprendre l’échappée, il ne m’a pas manqué grand-chose, mais j’ai été vite rappelé à l’ordre par mes sensations qui n’étaient vraiment pas bonnes. Du coup, j’ai servi de coéquipier pour mes copains en faisant le porteur d’eau, de k-way et je suis allé au maximum de ce que j’ai pu. C’est un petit peu une déception sur Liège que d’être malade. Je me suis arrêté au deuxième ravitaillement aux alentours du kilomètre 180. C’est une course qui roule à allure élevée dès le départ et déjà à 100 % cela aurait été dur d’aller au bout. Mais on va essayer de passer outre, de se soigner.
A quoi pensiez-vous quand vous étiez sur ces courses mythiques du vélo ?
Ce sont deux classiques que je regardais quand j’étais petit à la télé et cela donnait envie. Donc le fait d’y être c’était juste génial. Mais une fois que le départ a été donné, je n’avais plus aucun complexe. Et tu es vite rappelé par le niveau, il ne faut pas s’enflammer et il faut vraiment s’économiser, car les courses sont longues et dures.
Au départ de Liège-Bastogne-Liège, comment était l’atmosphère au lendemain du décès de Michele Scarponi ?
C’était quelqu’un qui était très apprécié du peloton. Il faisait rire pas mal de monde et était quelqu’un de très gentil. Personnellement, je ne l’ai pas plus connu que ça mais c’est sûr que ça fait peur. Cela aurait très bien pu être l’un des deux cents coureurs qui étaient au départ donc cela refroidit un peu. Il y avait une très grosse émotion dans le peloton au départ. Surtout ses coéquipiers et ses collègues italiens qui le connaissaient très bien. C’était vraiment quelqu’un de très joyeux, qui apparemment déconnait tout le temps. C’est une sensation bizarre de le voir lever les bras sur le Tour des Alpes et quelques jours après il n’est plus là… On a du mal à y croire et on se dit que ce n’est pas possible. Il faut être de plus en plus vigilant à l’entraînement, faire attention et essayer de faire passer le message aussi aux automobilistes. Qu’ils essaient de comprendre que si nous sommes là ce n’est pas pour les embêter mais pour nous entraîner et faire notre métier.
Lors du premier épisode, vous nous disiez que votre profil de coureur correspondait à ces classiques ardennaises. Cela s’est-il vérifié la semaine dernière ?
Oui, une course comme la Flèche Wallonne me correspond bien. C’est relativement tranquille sur le début de course et il y a un circuit final assez dur. Mais sur 1h45 d’effort sur les deux tours, c’est quelque chose qui peut me convenir dans le futur. J’aimerais y participer une nouvelle fois l’année prochaine pour pouvoir exploiter tous mes moyens. Sur Liège, c’est la course qui est vraiment vraiment dure. Quand tout le monde dit que tu es rincé quand tu termines c’est vrai et je l’ai vu. J’ai pris de l’expérience à voir comment tout le monde roule, les points stratégiques. Une fois que tu as compris ça, la course se passe plus facilement, tu es plus serein si tu connais les endroits importants.
Au quotidien, comment vous organisez-vous entre entraînement et récupération ?
C’est la même chose que quand j’étais amateur, cela ne change pas trop. Je me lève le matin vers huit heures, je prends mon petit-déjeuner et sur les coups de dix heures je pars rouler. Suivant ma séance je rentre à midi, ou quinze heures. Je fais une petite collation après mon entraînement. Ensuite je prévois un temps pour la récupération, je reste tranquille, une petite sieste certaines fois et je me laisse un moment pour faire les choses courantes de la vie. Arrive le soir et là c’est comme tout le monde, repas en famille. Puis je me mets au lit aux alentours de 22h30.
Comment gérez-vous les temps hors du vélo ?
Mes anciens coéquipiers passés professionnels avant moi m’ont dit qu’il fallait vraiment profiter du temps de récupération. Du coup, j’essaie vraiment de l’optimiser. Mon calendrier fonctionne par bloc. J’ai de gros blocs de course donc derrière il faut vraiment récupérer. C’est là que je me rends compte que j’alterne entre gros blocs de travail et blocs de récupération. Une fois que la saison est lancée il y a également des stages qui font partie des gros blocs. Voilà comment se résume le quotidien d’un pro, il n’hésite pas à partir en stage pour se préparer dans de bonnes conditions, avec un masseur à disposition tous les jours. Ce sont des petits plus mis en place pour à la fin avoir un gros plus.
Au niveau diététique, comment faites-vous attention à votre alimentation ?
Comme tout sportif nous devons nous y tenir. A la maison je sais ce dont j’ai besoin et ce dont je n’ai pas besoin mais le plus difficile est de s’adapter au niveau des hôtels. On ne sait pas forcément ce que l’on va avoir d’un hôtel à un autre donc c’est là où ma routine se trouve un peu chamboulée. J’ai encore un peu de mal à trouver mes habitudes de ce côté-là. Le but de cette année est de trouver ce qui me convient donc j’essaie un peu des choses. C’est vraiment le petit point qui change par rapport aux amateurs où la course est le week-end et le reste de la semaine se passe à la maison.
Que mangez-vous avant une course, la veille et le matin ?
Généralement le repas du midi la veille d’une course c’est celui où je fais vraiment le stock de glucides. Le soir je mange assez léger pour bien dormir et le matin de la course c’est petit-déjeuner complet avec protéines et glucides. Quelque chose de normal et de traditionnel.
Quel est votre programme pour la suite de la saison ?
J’avais plutôt bien préparé cette période avec les deux Ardennaises et la Romandie donc c’est frustrant d’arriver avec une petite baisse de régime à cause d’une petite grippe. Normalement je serai au repos après et je recommencerai sur le Tour du Jura fin mai. Puis à voir pour le Critérium du Dauphiné.
Propos recueillis par Adrien Godard.