Fabien, vous avez couru le Tour de Romandie fin mai, votre deuxième course par étapes World Tour, comment se sont passés les six jours de course ?
La semaine a été un peu difficile à cause de mon état de santé. Je suis tombé malade après la Flèche Wallonne donc j’ai fais Liège-Bastogne-Liège en étant un petit peu affaibli physiquement et mentalement, aussi par peur de décevoir en n’étant pas à 100 %. Et lorsque l’on est plus faible dans la tête c’est délicat. Je n’ai donc rien fais de magique. Mon rhume est passé au cours du Tour de Romandie mais mon corps était encore plein de toxines donc cela n’a pas été simple pour moi. Mais je suis content dans le sens où j’ai réussi à le terminer mieux que je ne l’avais commencé. C’était tout de même assez dur.
De plus les conditions météorologiques étaient compliquées, cela n’a pas dû vous aidez. A quoi pensiez-vous au départ d’une étape pluvieuse ?
Non, c’est sûr que les conditions étaient difficiles. Mais je sais que cela fait partie de notre sport. On aimerait tous rouler tous les jours sur le sec. Après tant que je sais que j’ai ce qu’il faut dans la voiture à aller chercher aux moments où il fait vraiment froid ça ne me gène pas. Il suffit juste de s’organiser et de s’habiller en conséquence, et une fois qu’on est lancé c’est comme ça. Le jour où la pluie s’est transformé en neige par la suite, là ça a été délicat, le froid était bien paralysant.
Est-ce que ces conditions froides et pluvieuses vous conviennent ?
Si j’ai bien prévu mon coup et que je me suis bien armé au niveau des habits, oui. C’est comme tout le monde, une fois que l’on a froid aux mains et aux pieds c’est tout le corps qui prend. Je fais avec les conditions, je m’adapte et je vais trouver des solutions pour ne pas prendre froid et ne pas être défaillant.
Il y avait un prologue et un contre-la-montre sur le Tour de Romandie, vos premiers dans le peloton professionnel, comment vous êtes vous senti sur cet exercice ?
C’est un exercice que j’apprécie. Je n’ai pas pu être à 100 % à cause de ma condition mais j’ai senti que même en étant moins bien il y avait de quoi gratter et ce sont des efforts qui me correspondent bien. Je sais que par la suite je pourrai préparer ce genre d’étapes, surtout sur un chrono comme à Lausanne le dernier jour, assez difficile avec une bonne bosse. Il me reste à prendre de la caisse pour être plus performant sur les parties plates mais dès que la route s’élève et que c’est un petit peu plus raide, je pense être compétitif.
Est-ce que vous avez travaillé le contre-la-montre cet hiver ou pendant vos années en amateur ?
Je ne l’ai pas plus travaillé que cela par faute de matériel. Maintenant, j’en ai l’occasion car je suis très bien équipé. Après les semaines passent tellement vite que l’on se rend compte qu’il faut le travailler avant la saison, et cet hiver je n’ai pas eu la possibilité d’avoir le vélo. Mais aujourd’hui dès que je peux j’essaie de sortir le vélo de contre-la-montre, au moment d’une sortie de récupération par exemple pour m’habituer à la position. C’est un exercice auquel je vais prêter attention dans un futur proche.
Vous n’avez pas couru depuis le 30 avril, comment s’est organisé votre mois de mai, sans course ?
J’ai fais une micro-coupure la semaine qui a suivi le Tour de Romandie, quatre à cinq jours sans toucher le vélo. C’était prévu avec l’enchaînement de course que j’ai eu jusqu’à maintenant. Puis j’ai effectué une remise en route avec une semaine d’endurance fondamentale et du volume. Ensuite une deuxième semaine un peu plus intensive et puis la semaine dernière, pour me relancer comme il faut avant les courses, j’ai combiné à la fois du volume et de la charge pour préparer au mieux le corps à ce qu’il va se passer en course. J’ai eu des petites problèmes de santé à nouveau donc c’était aussi un ajustement jour après jour. Cela n’a pas été comme espéré mais on a su s’adapter et c’est comme cela aussi qu’il faut faire de toute façon. Il faut s’adapter en fonction du corps.
Êtes-vous parti en stage pendant ce mois sans compétition ?
A la base je voulais partir en stage, mais avec mes petits problèmes de santé j’ai préféré rester à la maison pour pallier au mieux à tout cela. Je voulais partir dans le Jura en chambre hypoxique pour bénéficier des effets de l’altitude et surtout en quantifier les effets sur moi. Je serais parti avec un coéquipier, accompagné d’un staff médical que propose le centre national de moyenne montagne où nous voulions nous rendre.
Comment gérez vous votre entraînement, avec un entraîneur personnel ou quelqu’un de Wanty-Groupe Gobert ?
J’ai un entraîneur personnel qui est détaché de l’équipe. Cela a été choisi au début de l’année. Mais l’entraîneur de l’équipe regarde ce que je fais et on se tient au courant régulièrement pour ajuster mon programme en fonction des courses sur lesquelles les directeurs sportifs m’alignent.
Avec votre passage dans le monde professionnel, avez-vous bénéficié de nouveaux moyens d’entraînement au niveau technologique ?
Non il n’y a pas eu d’énormes changements de ce côté-là. J’étais déjà habitué à travailler avec les watts l’année dernière, chose que je continue à faire avec mon entraîneur cette année, qui est le même que l’année dernière.
Sur quels points pensez-vous pouvoir améliorer votre entraînement ?
On peut toujours avoir un suivi plus poussé, ne serait-ce qu’au niveau de marqueurs pour savoir où en est notre état de fatigue. Ce sont des choses que j’essaie d’amener petit à petit. Il y a également beaucoup à axer sur la récupération qui avant était un petit peu délaissée et qui maintenant est quelque chose de très important.
Vous avez du avoir un peu de temps pour regarder le Tour d’Italie pendant ce mois de mai, qu’en pensez-vous ?
J’ai été impressionné par les performances de Tom Dumoulin. Sur l’étape de mardi dernier, malgré son petit pépin il a été très costaud. Et je suis aussi content de voir que tous les leaders se tiennent en peu de temps. Chacun a ses petites ou grandes défaillances chaque jour, cela montre que ce ne sont pas des sur-hommes, que notre sport est beau, qu’il y a de la bagarre et qu’il n’y a pas qu’à voir du dopage dans le cyclisme. Et pour cela je suis content de regarder le Giro.
C’est une course qui vous fait rêver, au même titre que le Tour de France ?
C’est sûr que si je peux faire les trois Grands Tours dans ma carrière, je signe direct. Je pense être un homme de courses par étapes donc c’est clair que de participer à un Grand Tour c’est le rêve. Et le Giro se court dans un pays de vélo, de même pour le Tour d’Espagne. Il y a tellement de choses à voir, des ambiances différentes, c’est à vivre dans une carrière.
Vous effectuez votre reprise à domicile, sur le Tour du Jura dont c’est la première édition ouverte aux professionnels, vous devez être ravi d’y participer ?
Oui c’est sûr. Le Tour du Jura qui passe professionnel la même année que moi c’est génial et c’est super d’y participer. On a une grosse équipe, c’est la reprise pour ceux qui vont sur le Dauphiné donc on aura à cœur de bien faire. On sera certainement attendus car nous serons une des rares continentales pro (NDLR : avec l’équipe italienne Androni-Sidermec). On va faire notre course et donner le meilleur. J’aimerais, à titre personnel, faire quelque chose mais je vais déjà essayer de me rassurer, de voir où j’en suis après cette période délicate. Je suis très content de me relancer dans le Jura, auprès des miens. Ce n’est que du bonus de pouvoir y rouler avec le maillot Wanty-Groupe Gobert. Tout le monde n’a pas l’opportunité de venir me voir en course car maintenant je cours assez loin donc c’est quelque chose de sympa à vivre. La deuxième et dernière étape, qui arrive aux Rousses, est la même que celle qui aura lieu cette année sur le Tour de France. Je pense donc que ce n’est pas par hasard si l’équipe est venue là car c’est une étape où Wanty pourra briller en juillet.
Après le Tour du Jura, quel sera votre programme pour le mois de juin ?
Normalement, je serai aligné sur le Tour du Luxembourg qui commence le 31 mai, puis j’enchaînerai avec le GP du canton d’Argovie à Gippingen. Et le Dauphiné ne sera finalement pas à mon programme.
Propos recueillis par Adrien Godard