Fabien, vous avez eu un mois d’août chargé en course, quel est votre sentiment par rapport à vos performances ?
J’ai effectivement eu un mois d’août avec beaucoup de courses, cela a commencé avec la London Classic fin juillet pour bien se remettre dans le bain. C’était une course intéressante à faire car c’était une WorldTour, et cela n’a rien à voir avec les autres courses. A ce niveau, quand ça met en route, c’est un véritable rouleau compresseur. C’était très bien pour se remettre dedans même si j’ai craqué bêtement à cause du placement. Je pense que j’avais les capacités pour arriver avec les 50 premiers donc je ne peux m’en vouloir qu’à moi. J’étais déçu par rapport à l’équipe car j’ai craqué à un endroit où je n’aurais pas dû.
A cause de quoi ? Un manque d’expérience ?
Le placement principalement, et aussi un peu le manque d’expérience dans le sens où quand c’est parti fort je me suis laissé descendre alors qu’il faut garder sa place dans ces cas-là et y rester. Surtout dans un moment crucial. Cela m’a permis de me botter un peu les fesses. Sur le Tour de l’Ain, les sensations allaient crescendo au fil de la semaine, j’ai bien travaillé pour l’équipe et je me suis fait plaisir avec une échappée. J’ai été présent tous les jours à la bagarre donc je suis content de moi et de notre prestation collective. Et sur le Tour du Limousin c’était la même chose, nous étions dans une très bonne dynamique. Je me suis retrouvé dans le chute la premier jour donc le général était à mettre de côté et il restait à aller chercher des étapes. Tous les jours, nous essayions de mettre quelqu’un devant. J’ai pris une échappée mais elle n’est pas allée au bout. Il faut continuer et je pense que cela peut sourire aux opportunistes. Les sensations étaient bonnes donc je suis content.
Quel était votre rôle sur ces deux courses par étapes ?
J’étais plutôt équipier pour Guillaume Martin, Thomas Degand et Marco Minaard qui sortaient du Tour donc c’était les coureurs protégés. Mais j’étais tout de même libre, je pouvais prendre les échappées et essayer de protéger les leaders. Dans la dernière étape du Tour du Limousin, quand nous étions cinq de l’équipe sur vingt en haut d’une bosse, cela a bien montré le potentiel que nous avons sur les courses dures. Il ne faut donc pas hésiter à se sacrifier pour ses collègues. Sur le Tour du Limousin, il y avait une bonne cohésion de groupe et tout le monde a apporté ses capacités pour pouvoir aller chercher la victoire. Ensuite il y a eu la Bretagne Classic à Plouay, une course de 240 kilomètres. Je suis assez content de moi car je pensais que je n’allais pas forcément tenir et au final je craque à quatre kilomètres, dans la dernière montée où je commençais à être très fatigué. Mais en discutant après la course, tout le monde était dans le même état donc il faut vraiment que dans la tête je me dise que c’est possible et que je me fasse encore plus violence pour me replacer à des moments stratégiques. Quitte à me faire plus mal que dans le sprint, en exagérant un petit peu, mais c’est très important pour être dans le bon wagon et pouvoir jouer la gagne. J’étais content par rapport au niveau, j’ai fait une course où j’essayais d’être le mieux placé possible. C’est encourageant.
Le Tour de l’Ain et le Tour du Limousin sont des courses que vous aviez déjà faites par le passé. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Cela m’a apporté dans le sens où je savais à peu près comment ces courses se courent. Le Tour de l’Ain, il y a les deux premières étapes de plaine et il ne faut pas faire d’efforts inutiles, ne pas se faire piéger et s’économiser pour la montagne où lors de la 3ème étape ça part toujours très vite, c’est une course de mouvement. Et sur le Tour du Limousin, c’est la guerre tous les jours, surtout qu’il n’y avait pas de grosses équipes WolrdTour qui contrôlaient donc c’était débridé tous les jours. C’est bien de faire ce genre de courses, cela m’a permis de bien surcompenser pour Plouay. Et j’espère que cela m’aura apporté pour la fin de saison. J’espère me faire plaisir sur le Tour du Doubs, le GP de Wallonie, et j’enchaînerai normalement avec le GP Isbergues, le Tour du Gévaudan puis une tournée en Italie fin septembre-début octobre.
Selon vous, qu’est-ce qui change le plus dans les courses WorldTour par rapport aux autres épreuves ?
Quand ça accélère, ce n’est pas le même rythme et il y a le placement. C’est vite fait de se faire bouger, même si on est en équipe. Quand Sky ou Katusha roulent, c’est plus difficile de s’imposer et de rester placé. Le placement c’est très important et dans le final c’est impossible d’attaquer car c’est tellement bien rodé avec les équipiers qui se mettent à plat ventre pour que personne ne sorte et pour que le sprinteur aille jouer la gagne. C’est l’avantage que j’ai, et je remercie mes dirigeants pour cela car ils me permettent de faire ces courses là et c’est génial pour l’apprentissage et pour la caisse. C’est un super programme que j’ai eu pour cette première saison.
Comment gérez-vous votre programme d’entraînement dans ces périodes intenses de course ?
Je me suis bien préparé entre la London Classic et le Tour de l’Ain, où j’ai fait du spécifique. Entre l’Ain et le Limousin il n’y avait que deux jours donc c’était de la récupération puis avant Plouay c’étaient des séances sans forcément trop d’intensité, avec un rappel d’endurance. Après Plouay, j’ai fait deux jours off. C’est important en fin de saison de refaire du jus et de pouvoir repartir sur de bonnes bases à l’entraînement et être efficace en course. Il ne faut pas partir dans la fatigue car les courses en amènent déjà beaucoup.
Y a-t-il déjà eu un débriefing du Tour de France au sein de l’équipe ?
Non, je pense qu’il y a eu un débriefing entre les dirigeants, peut-être entre les coureurs du Tour mais pas plus que ça. Je pense que ce sera plus à la fin de saison, une fois que tous les coureurs pourront être regroupés en même temps.
Depuis la fin du Tour, avez-vous remarqué des changements au sein de l’équipe ou par rapport au public ?
De la part du public, l’équipe est beaucoup plus reconnue. Même de la part du peloton. Tout le monde était un peu épaté de ce qu’a fait Wanty-Groupe Gobert sur le Tour donc cela nous a permis de passer à l’échelon supérieur, c’est sûr.
Propos recueillis par Adrien Godard