Diegem, Loenhout, Bredene, Baal. Des noms qui parlent à tous les amateurs du cyclo-cross. Des noms qui faisaient aussi rêver Florent Ligney, modeste coureur en Pass’Cyclisme, habitué des épreuves FSGT. Saisissant une opportunité qui s’est présentée à lui, le Rhônalpin a donc participé à la fête du cyclo-cross belge pendant la semaine qui séparait Nöel du 1er de l’An en prenant le départ de ces quatre épreuves en l’espace de six jours. Il nous livre son témoignage de cette aventure qu’il n’est pas près d’oublier.
Florent, d’où t’es venu l’idée de ce projet de participer à quatre des plus grandes épreuves mondiales en cyclo-cross ?
J’étais allé à Diegem en tant que spectateur il y a deux ans. J’ai vu que c’était une vraie fête. En rigolant, je m’étais dit qu’un jour, je reviendrais, mais sur le vélo. Mais finalement, une de mes connaissances m’a dit que ces épreuves étaient ouvertes à tout le monde, et même aux Français. Ça m’a trotté dans la tête, alors je me suis renseigné et j’ai découvert qu’effectivement, n’importe qui pouvait y participer. Au départ, je ne pensais qu’à Diegem, c’est le cyclo-cross qui me faisait rêver. Mais quitte à faire le déplacement avec tout le matériel, autant faire tous les autres cyclo-cross de la période. Ça aurait été dommage de ne pas y participer.
Quelles ont été les modalités de ton inscription ?
J’ai rempli leur formulaire d’inscription. Tout se fait sur le site de la fédération belge. Je n’ai même pas eu à bénéficier d’une invitation. Le règlement est fait comme ça. Tous les étrangers sont bienvenus, car les organisateurs ont besoin d’un quota de coureurs venus d’autres pays pour conserver leur statut en C1 ou en C2.
Zolder était également inscrit à ton programme initial. Tu étais présent dans la sélection française, mais tu n’as pas pu t’aligner. Pourquoi ?
Aucune raison officielle ne m’a été donnée, mais je pense que c’est le fruit de plusieurs remarques qui ont été adressées à la suite de l’annonce de ma sélection. Il y avait quatre places de libres en équipe de France. J’étais sur place, j’avais tout mon matériel, mais je n’ai pas pu la faire. C’est dommage, mais c’est comme ça. J’avais quatre autres belles épreuves et je me suis beaucoup amusé. C’est le principal.
Ces critiques t’ont-elles blessé ?
Sans dire qu’elles m’ont blessé, elles m’ont déçu. Pourquoi des gens qui ne sont pas concernés sont-ils venus mettre le bazar ? Je ne dérangeais personne. Les frais de déplacement, d’hébergement et l’assistance mécanique étaient à ma charge. La fédération ne devait s’occuper de rien. Il y avait des places de libres, c’est dommage de ne pas les donner.
On dit souvent que sur les épreuves belges, les derniers sont autant, si ce n’est plus, encouragés que les premiers…
Je confirme totalement ! C’est du délire. Les spectateurs t’encouragent, même s’ils ne savent pas qui tu es. Tu es un peu attardé et ils ne s’attendent plus trop à te voir. C’est cet effet de surprise qui joue. Ils se disent « mais qu’est-ce qu’il fait là ? Il doit être dans le dur, il faut l’encourager pour qu’il continue. » Le public est extrêmement chaleureux, accueillant et positif. Je m’attendais à des moqueries, mais pas du tout ! Le public t’encourage et te pousse à ne rien lâcher. C’est une mentalité très agréable.
Cette ambiance, c’est ce qui t’a le plus marqué ?
L’ambiance oui, mais aussi le public. 25 000 entrées payantes ont été annoncées à Diegem, c’était le record de la saison. Et de mon ressenti, je pense qu’ils étaient encore plus nombreux à Baal. Les gens ne viennent pas là pour voir une course de vélo, ils viennent eux aussi pour profiter de l’ambiance. A 10 heures, ils ont déjà une bière à la main et à 15 heures, quand la course commence, je pense que certains ne savent plus trop où ils sont… Mais ils crient, ils sont heureux, en famille ou avec des amis.
Quel est le moment le plus marquant de ton expérience ?
Sans doute Diegem en nocturne où il y avait encore plus d’ambiance que sur les autres épreuves. C’était aussi l’épreuve dont je rêvais, c’est la première à laquelle j’ai participé. Sur les autres, il y a beaucoup de public, mais tu es en quelque sorte habitué. Cette ambiance, c’est ce que j’en retiens.
Tu n’entendais donc pas réaliser de résultat sportif. Juste profiter de l’instant et réaliser un rêve.
Évidemment, je ne m’attendais pas à rentrer dans un Top 20 ou 25. Je savais que je n’en étais pas à ce niveau-là. Je voulais y aller pour faire deux ou trois tours quand c’était possible, et puis pour prendre du plaisir. Je ne voulais pas me mettre une grosse pression pour faire le plus de tours possible. C’était le meilleur moyen de ne pas profiter de la situation. J’ai trouvé un bon compromis en me faisant plaisir sportivement sans être en mode course pur.
Toi le modeste coureur Pass’Cyclisme, as-tu pu interagir avec les stars de la discipline que sont Sven Nys ou Wout Van Aert ?
Je ne voulais pas trop me faire remarquer. J’étais sur les mêmes épreuves qu’eux, mais il y a un monde entre eux et moi. Je ne voulais surtout pas les déranger. En attendant dans le sas, je pouvais toutefois me retrouver à côté de Lars Boom ou de Lars Van Der Haar. Si je n’ai pas trop interagi avec eux, j’ai pu remarquer qu’ils avaient une proximité avec les fans qui est extraordinaire. Sans compter qu’en course, tu passes à quelques millimètres du public pour aller chercher les traces le long des barrières. A quelques minutes du départ, ils peuvent encore rire avec leurs fans. Lors des reco, ils sont disponibles et souriants, c’est incroyable ! Sur le Tour de France par exemple, les grands sont inaccessibles. Là, tu as beau être sur les plus belles épreuves au monde, ils restent très faciles d’approche.
Quatre cyclo-cross en six jours : comment as-tu géré ta récupération ?
Je n’ai pas pu gérer grand-chose. Les pros ont des assistants et ce n’est pas inutile. En plus de l’heure et demie de route que j’avais pour me rendre sur les épreuves, je devais aller retirer mon dossard quatre heures avant le départ, déballer mon matériel, reconnaître le circuit, nettoyer le vélo, m’échauffer avant de partir en course. L’usure n’était pas tant due à la course, c’était tout ce qu’il pouvait y avoir avant et après.
Sans compter la gestion de la mécanique…
A ce niveau, je me suis beaucoup débrouillé seul. Je savais que je partais pour une vingtaine de minutes de course et les terrains étaient très secs. Je n’avais pas besoin de changer de vélo, même si j’avais prévu un vélo de rechange. Je n’en ai pas eu besoin. J’avais également une connaissance sur place qui aidait d’autres Français et qui a proposé de m’aider.
Retenteras-tu l’expérience à l’avenir ?
Pas tout de suite, mais pourquoi pas. J’ai deux ou trois choses que j’améliorerai, ne serait-ce que pour favoriser la récupération, et ainsi améliorer la chose. En revanche, ce n’est pas quelque chose que je reproduirai l’année prochaine. Mais il reste des épreuves que j’aimerais disputer. Le Koppenbergcross par exemple. Je l’ai déjà grimpé sur la route puisque j’ai fait le Tour des Flandres cyclo l’an dernier. Découvrir l’autre grande épreuve cycliste qui s’y passe, j’y pense. Il y a aussi Coxyde, même si je suis limité dans le sable. Mais le parcours est un des plus beaux qui existe. Cela fait partie des épreuves mythiques pour moi.
Propos recueillis le 4 janvier 2016.