Sur les joues des Cadettes rosies par l’effort, les larmes qui de bonheur qui de déconvenue se confondent avec les goutelettes d’un crachin qui s’est acharné à entretenir le terrain gras du circuit de Pontchâteau. Au terme d’un ultime effort sorti de leurs tripes en direction de la ligne d’arrivée, qu’elles ont coupé dans un même élan, Evita Muzic (Franche-Comté) et Marie Le Net (Bretagne) sont couchées sur un asphalte mué en mare à cochons, tâchant de reprendre leur souffle plus que leurs esprits, ce pour quoi il faudra davantage de temps. A cet instant, c’est l’émotion à vif qui prédomine chez l’une comme chez l’autre.
Les larmes qui roulent sur le visage éclaboussé de boue de Marie Le Net trahissent l’énorme déception de celle qui s’est vue, l’espace d’un instant, conquérir le titre national devant un public très largement acquis à sa cause, comme c’est toujours le cas en faveur des crossmen bretons ici sur le circuit de Coët-Roz (littéralement les « Bois-Hauts » en breton). Par une météo à ne mettre qu’un Breton dehors, la jeune fille qui est allée jusqu’à crayonner sur son mollet droit une moucheture d’hermine, l’emblème de la Bretagne, se voit bien emboîter le pas au Costarmoricain Nicolas Guillemin, sacré quelques minutes plus tôt chez les Cadets. 2ème de la manche finale de la Coupe de France à Lanarvily, elle n’est plus tout à fait une inconnue au moment où elle se porte en tête de course avec Loana Lecomte (Rhône-Alpes).
Ses yeux brillants de joie, Evita Muzic les doit quant à elle à une course pleine de rebondissements qu’elle a su finalement faire tourner à son avantage. Mal partie, un défaut qu’il lui faudra corriger, elle se rapproche du duo de tête avec l’aide de sa coéquipière Marceline Devaux (Franche-Comté) pour former à l’avant un quatuor au terme du premier des quatre tours. Bien qu’elle soit parvenue à reprendre sa place en tête, rien n’est encore fait pour la lauréate de la Coupe de France, 2ème à Besançon, 1ère à Sisteron et Lanarvily. Marie Le Net n’a en effet pas renoncé, et quand la Bretonne insiste, il faut un certain temps de réaction à ses adversaires pour faire rentrer les choses dans l’ordre.
Las de ce petit jeu, et moins à l’aise techniquement que ses adversaires sur le circuit gras et difficile de Pontchâteau, la super favorite Evita Muzic décide d’accélérer dans le troisième tour. Cette fois le trou semble fait, la hiérarchie se précise, mais les 8 secondes d’avance avec lesquelles elle entame le tour final sur Marie Le Net vont s’avérer insuffisantes. Portée par le public pontchâtelain, la Bretonne gomme son retard dans la boucle finale. La voilà à nouveau à hauteur de la n°1 nationale, elle la Cadette 1 qui pourrait dans quelques instants devenir championne de France.
Ce ne serait que mérite, pense-t-elle, après le travail abattu en tête de course. C’est vrai que la jeune fille n’a pas beaucoup été relayée. Mais à sa décharge elle a refusé de céder la pole position, de peur de subir la course des autres. Notamment celle des Franc-Comtoises Evita Muzic et Marceline Devaux. Une erreur de jeunesse qui va lui coûter les forces nécessaires dans la dernière ligne droite. C’est au sprint que les deux filles se départagent à Pontchâteau, un exercice dans lequel Evita Muzic avait eu raison d’Anais Morichon à Sisteron mais pas de Floriane Barbeiro à Besançon… Les deux filles sont à bout de forces. Le sprint se jouera autant sur la fraîcheur physique que dans la tête. Et il n’y aura qu’une lauréate. Après avoir conquis la Coupe de France, Evita Muzic devient championne de France.
Classement :
1. Evita Muzic (Franche-Comté) en 32’40 »
2. Marie Le Net (Bretagne) m.t.
3. Marceline Devaux (Franche-Comté) à 29 sec.
4. Loana Lecomte (Rhône-Alpes) à 42 sec.
5. Floriane Barberio (Franche-Comté) à 1’45 »
6. Aline Guglielmi (Rhône-Alpes) à 1’47 »
7. Marion Robin (Auvergne) à 1’58 »
8. Anaïs Morichon (Limousin) à 2’07 »
9. Lyse Girault (Bourgogne) m.t.
10. Audrey Mathieu (Midi-Pyrénées) à 2’43 »