Les coureurs nous le rappellent bien souvent : un Championnat du Monde n’est pas une course comme une autre. D’abord parce que la pression et l’enjeu de l’événement pousse tout le monde à se surpasser, pour un peu que l’on sache gérer le stress engendré par la remise en jeu des titres mondiaux. Ensuite parce que l’épreuve reste une course d’un jour, soumise aux aléas de la course, et sur laquelle les crossmen rappellent fréquemment que tout peut finalement arriver. Alors on a beau avoir dressé des listes de favoris sur la base des résultats obtenus par les meilleurs tout au long de la saison, nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise. Elle fut de taille dans la course des Juniors ce matin, elle n’est pas mal non plus dans la course des Espoirs. Le circuit verglacé de Tabor, qui trace un sillon dans la neige, est révélateur de surprises.
Les Espoirs ont sept tours à parcourir sous le froid soleil tchèque. Et une nation a choisi de s’inviter fermement dans les débats. Dès le tour de chauffe, les coureurs de l’équipe de Pologne réalisent une ébouriffante entrée en matière ! Marek Konwa et les frères Pawel et Kacper Szczepaniak se dégagent du peloton à la faveur d’un gros départ. Les trois Polonais surprennent leur monde et entament en tête un invraisemblable contre-la-montre par équipes, trustant les trois premières positions et tentant de creuser l’écart sur un peloton déjà très épars. Deux coureurs, en fait, refusent d’abdiquer à la poursuite du trio polonais. Le Belge Tom Meeusen, lauréat de la Coupe du Monde Espoirs et grand favori au titre mondial, et le Français Arnaud Jouffroy, ancien champion du monde Juniors, maintiennent leurs efforts pour tenter d’endiguer un écart qui augmente pourtant inéluctablement.
Très vite pourtant, les deux poursuivants comprennent qu’il ne leur sera pas aisé de rentrer sur les trois Polonais. Leurs devanciers sur le circuit de Tabor ne finiront peut-être pas tous les trois sur le podium, mais le titre mondial semble acquis à l’un d’entre eux. D’ailleurs, la différence grimpe de manière irrémédiable. A mi-course, Meeusen et Jouffroy accusent déjà un retard de plus de 35 secondes. Le forcing de l’équipe de Pologne va donc payer, mais il reste à départager les trois coureurs de cette même nation. Ca se fera à la pédale et selon une certaine logique sportive. Des trois, Pawel Szczepaniak est en effet le plus fort. Agé de 20 ans, il s’était fait connaître en obtenant la médaille de bronze de la même course il y a un an à Hoogerheide. Cette année, il a conclu la Coupe du Monde Espoirs au 5ème rang avec quatre apparitions dans le Top 10.
Passé à l’attaque une première fois, Pawel Szczepaniak reçoit le soutien de son jeune frangin Kacper à deux tours de l’arrivée, mais il repart de plus belle dans l’avant-dernière boucle pour aller chercher un fabuleux titre mondial devant son frère cadet Kacper Szczepaniak, un jeune homme à l’avenir tout aussi doré. La course pour le podium, elle, demeure effective. Marek Konwa a beaucoup donné depuis le départ et commet plusieurs fautes par manque de lucidité. A bout, Tom Meeusen pèche lui aussi. En revanche, Arnaud Jouffroy a encore un peu de réserves et il entame une belle remontée dans le final pour conquérir la médaille de bronze en terminant même dans le sillage de Kacper Szczepaniak. Jouffroy apporte à l’équipe de France sa deuxième médaille de la journée. De quoi donner d’autres idées aux Bleus dans la perspective des courses de demain.
Classement :
1. Pawel Szczepaniak (POL, Pologne) en 55’37 »
2. Kacper Szczepaniak (POL, Pologne) à 20 sec.
3. Arnaud Jouffroy (FRA, France) à 21 sec.
4. Tom Meeusen (BEL, Belgique) à 46 sec.
5. Marek Konwa (POL, Pologne) à 56 sec.
6. Arnaud Grand (SUI, Suisse) à 58 sec.
7. Robert Gavenda (SLO, Slovaquie) à 1’00 »
8. Sascha Weber (ALL, Allemagne) à 1’09 »
9. Tijmen Eising (PBS, Pays-Bas) à 1’20 »
10. Elia Silvestri (ITA, Italie) à 1’27 »