C’est une cité pleine de charme qui reçoit ce week-end l’élite du cyclo-cross à l’occasion des Championnats du Monde de la discipline. Nous voilà en Bohême du Sud, sur le circuit tchèque de Tabor, une ville médiévale bien connue des crossmen puisque déjà organisatrice de plusieurs événements internationaux. On le sait donc, cette région du globe est particulièrement froide en cette période de l’année, et même si un franc soleil règne ce matin sur le circuit repensé de 3100 mètres, un épais manteau neigeux recouvre bel et bien les chemins techniques et physiques empruntés par la course. La première d’entre elles est celle des Juniors, probablement la course sur laquelle l’équipe de France a le plus de chances de peser. Les Bleus possèdent dans leurs rangs trois jolies cartouches que sont Emilien Viennet, Julian Alaphilippe et David Menut.
En fait, on s’attend ce matin à un match France-Hollande. Et match il va y avoir, jusqu’à ce qu’un invité surprise ne vienne y mettre son grain de sel. Cinq tours sont à parcourir par les Juniors dans leur quête du titre mondial. Et les Français prennent la course à leur compte dès le retentissement du coup de pistolet. C’est le champion d’Europe Emilien Viennet qui se montre le plus ardant, faisant le forcing dès le départ pour se doter de plusieurs longueurs d’avance. Malheureusement, le circuit gelé prend par endroits l’apparence d’une vraie patinoire, et plusieurs coureurs vont en faire les frais, à commencer donc par Emilien Viennet. Les glissades se comptent à la pelle. A tous les échelons de la course, on assiste à de véritables exhibitions de cyclisme artistique. Et les positions évoluent ainsi au gré des figures acrobatiques des jeunes concurrents.
Ces incidents de course à répétition vont user les nerfs des favoris. Le moral en prend un coup à chaque faute. Et Viennet, pourtant costaud, va rétrograder à la suite d’une énième erreur à mi-course. Les glissades des uns font aussi le bonheur des autres. Elles permettent notamment à Julian Alaphilippe de reprendre une place en position de victoire à l’entame des deux derniers tours. Or, tandis que le peloton fait ses comptes, voilà qu’un inattendu coureur tchèque passe à l’offensive peu après la mi-course. Ce coureur, c’est Tomas Paprstka, un jeune homme pour le moins méconnu de ses adversaires. Cet hiver, il s’est toutefois illustré à deux reprises en Coupe du Monde (6ème à Coxyde et 5ème à Zolder), mais pas de quoi en faire un vrai favori au titre mondial. Pourtant, son attaque surprise lui permet rapidement de se doter d’une avance consistante.
Derrière, les Néerlandais engagent donc une poursuite chevronnée, flanqués du seul Julian Alaphilippe. L’écart est stabilisé à 6 secondes quand le coureur français choisit de passer à l’offensive. A l’attaque du dernier tour, Alaphilippe démarre et recolle en un rien de temps au sillage de Tomas Paprstka. L’effort est violent et le jeune français éprouve le besoin de récupérer dans la roue de son adversaire tchèque, qui ne réclame pas le moindre relai et poursuit sa progression sans rien demander. Sur un circuit périlleux, Julian Alaphilippe reste concentré dans la roue du Tchèque. Il s’en remet à une confrontation au sprint avec un coureur qu’il ne connaît pas et dont il peut espérer que les efforts fournis ont émoussé sa pointe de vitesse. Il n’en sera rien. A ce jeu, Tomas Paprstka conserve l’avantage et s’impose de manière méritée devant Julian Alaphilippe. Le Néerlandais Emiel Dolfsma complète le podium.
Classement :
1. Tomas Paprstka (TCH, République Tchèque) en 40’30 »
2. Julian Alaphilippe (FRA, France) m.t.
3. Emiel Dolfsma (PBS, Pays-Bas) à 9 sec.
4. Matej Lasak (TCH, République Tchèque) à 19 sec.
5. Gianni Vermeersch (BEL, Belgique) à 20 sec.
6. Gert-Jan Bosman (PBS, Pays-Bas) à 39 sec.
7. David Menut (FRA, France) à 48 sec.
8. David Van Der Poel (PBS, Pays-Bas) m.t.
9. Laurens Sweeck (BEL, Belgique) à 56 sec.
10. Michiel Van Der Heijden (PBS, Pays-Bas) à 1’00 »