Lors de tes grands moments de carrière cyclo-cross (titres de ch de France, podium aux mondiaux) as-tu eu des opportunités d’aller plus haut et des regrets aujourd’hui de ne pas les avoir saisies ?
La naissance de mes enfants et mon rôle de maman m’ont permis de relativiser la vie, j’ai ainsi atteint le haut-niveau avec plaisir et envie. Je dois beaucoup à mon coach qui m’a vite cerné en adaptant la préparation à mes objectifs et à mon caractère ! La confiance donne des ailes. J’ai compris de quoi j’étais capable, j’ai pris conscience de mon potentiel physique et mental.
Oui j’aurais aimé aller plus loin. Oui j’avais encore une belle marge de progression à optimiser. Mon opération de l’artère iliaque (blessure très fortement prononcée d’après le chirurgien !) et mes soucis personnels m’ont empêché de gravir les marches restantes. C’est ainsi ! C’est la vie ! Non je n’ai aucun regret, jamais. Parce que je suis consciente de mes capacités et des choix que j’ai fait. Les regrets sont le reflet de l’inconscience des actes et des choix au moment où on les prend. J’ai tout donné et aujourd’hui je suis fatiguée ! Fatiguée et satisfaite de tout ce que j’ai accomplis dans le sport.
Au-delà des Vosges, ton histoire ressemble un peu à celle de Julien Absalon, on ne t’imagine pas loin du sport, créer ta propre structure, est-ce une option ?
Je ne trouve pas que mon histoire s’apparente à celle de Julien ! Pour ce qui est de la création d’une structure, c’est le rôle de Steve.
Le coaching, la préparation des athlètes, notamment féminines, penses-tu que ça puisse « nourrir la femme » qui s’y consacre ? oui, non, pourquoi ?
Que tu sois un homme ou une femme, du moment que tu construis ce dont tu as envie, ça nourrit forcément. Le coaching (comme tout milieu professionnel !) n’est pas une histoire de sexe !
Le suivi d’un athlète c’est écouter, comprendre, analyser, donner et accompagner. Oui j’aime ça, c’est un partage approfondi, enrichissant pour les deux parties. D’autre part la psychologie féminine, il faut la comprendre et ce n’est pas donné à tous 😉
Ce que j’aime c’est apporter des solutions personnelles pour le bien-être de tous. C’est pourquoi le coaching de remise en forme, les conseils diététiques, les planifications d’activité physique pour les personnes en général m’intéressent beaucoup. Soutenir, accompagner et donner confiance pour voir l’évolution personnelle et le sourire ! Voilà ce qui est mon Bonheur.
Quelles qualités premières de sportive de haut niveau vas-tu utiliser en priorité pour ta reconversion ?
Le sport de haut-niveau m’a beaucoup apporté intérieurement, un développement personnel de qualité. En une phrase : j’ai appris à réussir et à gagner par une méthodologie de travail sérieuse accompagnée de patience et de persévérance.
Pour mon avenir professionnel j’en garde une forte mentalité d’atteindre mes objectifs par un investissement intelligent et organisé dans le plaisir de gravir chaque marche qui me mènera au sommet, car « l’impatience de gagner fait perdre. »
Quel calendrier te donnes-tu pour rebondir et annoncer ta nouvelle voie ?
Je m’investis dans le milieu cycliste et l’accompagnement sportif. Actuellement je travaille en collaboration avec une start-up « Wellness625 » dans laquelle je suis la Coach Sportif. C’est un projet avec des perspectives d’évolutions importantes, je souhaite l’accompagner dans son développement sur la partie coaching. Le sujet principal étant le bien-être pour tous. Je suis également la marraine de l’association « Mon vélo est une vie » qui développe la sensibilisation à la protection de tous les cyclistes sur nos routes. Mes projets sont donc dans l’accompagnement sportif et le développement personnel du bien-être intérieur.
Quelles sont les moments les plus marquants de ta carrière ?
Ma carrière est remplie d’émotions intenses. Ce mondial à Louisville, je m’étais préparé pour une médaille et quand j’ai un objectif en tête… 😉 Une course de folie, très bon start, une chute qui me fait perdre le contact, je reviens 4e à la cloche, Nash change de vélo et je la repasse, elle déraille, je passe 3e et là ! Là je me vois sur le podium…2’’ de déconcentration ont suffi à me prendre la barrière BAM à 200m de l’arrivée ! Guidon de travers, dans le gaz je repars malgré tout, Nash toujours déraillée, j’arrive sur la route, je sais, je sais que je vais la passer ! Je crie de joie et de rage ! Enorme !
Et le championnat de France à Nommay, j’étais programmée pour gagner. J’adore ce type de sensation ou je n’entends rien, je ne ressens rien durant la course, c’est une concentration à 200% ! Victoire sans douleur !
Les moments les plus difficiles ont été en VTT, ma seconde année avec BH, je n’avais plus de force, fatiguée…la coupe du monde à Nove Mesto en 2013…j’ai bâché. J’étais vraiment dans le dur et le VTT ça ne pardonne pas, c’est très physique.
Qu’est-ce que tu penserais de créer un titre de champion de France espoirs filles (actuellement les U23 filles courent avec les élites dames avec qu’un seul titre au bout) ?
Comme je l’évoquais précédemment, l’évolution du cyclo-cross féminin est nettement visible depuis 2000, tant sur les effectifs que les nouvelles catégories. C’est une discipline avec un temps de course de 45’ environ, je trouve que les espoirs dames ont leur place avec les Elites, c’est une très bonne confrontation. Il y a aujourd’hui 3 titres de Championne de France (cadette, junior, élite) et je trouve que c’est très bien. On peut voir qu’au niveau international les espoirs ont de très bonnes capacités sur cette discipline. Donc je ne changerais rien.
Quel message passerais-tu aux jeunes filles qui commencent le vélo ?
« Prenez du Plaisir à pédaler et à gagner ! C’est un sport difficile qui procure des émotions qu’on ne retrouve pas forcément dans la vie classique. Soyez consciente de vos capacités et exploitez-les afin d’obtenir le meilleur de vous-même sur le vélo. Faites du sport pour vous ! Et n’oubliez pas, ce n’est « que » du vélo 😉 »