C’était le samedi 30 janvier à Tabor, en République Tchèque. Le départ du Championnat du Monde Espoirs de cyclo-cross venait à peine d’être donné que déjà trois coureurs polonais passaient à l’action, faisant céder chacun de leurs adversaires. En tête, les frères Pawel et Kacper Szczepaniak (épaulés un instant par Marek Konwa) faisaient la différence pour ne jamais être rejoints et truster les deux premières places de la course, devant le Français Arnaud Jouffroy. Médaillé de bronze l’année précédente, Pawel Szczepaniak ne sortait pas de nulle part, 5ème de la Coupe du Monde Espoirs, mais personne ne l’attendait vraiment pour un titre mondial. Hier, le petit monde du cyclo-cross en a eu l’explication : les frères Szczepaniak étaient dopés ! Ce samedi-là, Pawel et Kacper ont été contrôlés positifs à l’EPO recombinante.
« Les échantillons sanguins récoltés avant l’événement sur ces deux coureurs avaient déjà montré, dans le cadre du passeport biologique, que leur profil sanguin était douteux », a ajouté l’Union Cycliste Internationale, qui les a suspendus à titre provisoire. C’est donc un vrai séisme qui secoue la petite planète du cyclo-cross. Les deux frères polonais ont réclamé une contre-expertise, dont le résultat sera communiqué le 30 mars pour Kacper Szczepaniak et le 6 avril pour le champion du monde Espoirs Pawel Szczepaniak. Si cette contre-analyse confirmait la première, les deux coureurs seraient alors radiés du classement des Championnats du Monde et devraient rendre leurs médailles d’or et d’argent. Le podium en serait chamboulé et c’est donc Arnaud Jouffroy, troisième, qui hériterait du maillot arc-en-ciel !
En Belgique, on ne se fait en tout cas plus d’illusions. Pawel Szczepaniak était employé dans l’équipe Babaco-Revor, dirigée par Tim Meeussen, lequel a confié à la presse belge qu’il avait douté de son coureur. « J’avais un sentiment étrange sur Pawel. C’est très bizarre que quelqu’un passe soudainement de la quinzième place à la victoire. C’est allé trop rapidement. En outre, Pawel avait opté pour une préparation en Pologne plutôt qu’avec l’équipe, contre ma volonté. » Même son de cloche chez Telenet-Fidea, pour qui roulait Kacper Szczepaniak. « Leur père nous a confirmé qu’ils avaient eu recours au dopage, a affirmé Hans Van Kasteren. Pawel aurait incité Kacper. C’est un scandale qui porte le discrédit sur notre sport. » Les deux coureurs s’exposent maintenant à une suspension de deux ans.