Il règne une atmosphère franchement hostile aux coureurs en début de matinée à Hoogerheide. Sur ce parcours classique néerlandais, les Juniors découvrent les conditions difficiles dans lesquelles ils vont se disputer le titre mondial. La pluie n’a pas cessé de la nuit et a contribué à rendre le tracé plus exigeant qu’il ne l’était déjà. Comme un symbole, les averses cessent vers 10 heures, mais le mal est fait : ce sera un Championnat du Monde boueux, du moins pour les Juniors et pour les Dames qui vont en découdre tout à l’heure. Dans les travées, bien que l’on soit aux Pays-Bas, les Belges paraissent plus nombreux. Les spectateurs qui ont parcouru les quelques kilomètres qui les séparent de la frontière ne seront pas déçus du voyage. Les représentants d’outre-Quiévrain placeront trois des leurs aux trois premières places aujourd’hui.
Si les Mondiaux débutent de la meilleure des manières pour les Belges, c’est tout l’inverse pour les Bleus. Une grosse chute survient au départ dans laquelle les deux coureurs les plus touchés sont Français : Lucas Dubau et Florian Vidal. « J’ai voulu entrer dans les deux premières positions avant le premier virage, nous explique le Champenois. J’ai voulu forcer, ma chaîne se casse et je dois déchausser. Je glisse sur le bitume et on me rentre dedans. La moitié du peloton est tombé. » Avec la perte de Dubau et de Vidal, la France perd deux belles cartes, mais ne sera pas ridicule pour autant avec la 8ème place de Yan Gras et la 10ème place d’Hugo Pigeon, pourtant davantage habitué à fréquenter les paddocks en VTT qu’en cyclo-cross. En revanche, mis à part Thomas Joseph, tous les Belges passent entre les gouttes.
Mais la course ne ressemblera pas totalement à un Championnat de Belgique. Seul représentant des Pays-Bas encore en lice pour le titre à l’issue du premier tour, Joris Nieuwenhuis ne compte pas décevoir les spectateurs qui l’encouragent en masse à domicile. Le Néerlandais a effectué une saison solide, mais n’a jamais été en mesure de se battre pour le podium mondial. Après deux tours, il est pourtant en mesure de jouer la gagne sur ce Championnat du Monde disputé sur ses terres, comme transcendé par son public. Sa tâche n’est pas aisée face à une délégation belge très solide qui a vu le favori tchèque, Adam Toupalik, rentrer très vite dans le rang. Ils sont quatre à pouvoir remporter ce maillot arc-en-ciel qui fait tant rêver. Bien sûr, les regards se tournent naturellement sur Yannick Peeters, champion d’Europe en titre, voire sur Kobe Goossens, vainqueur à Coxyde et 3ème du général de la Coupe du Monde.
Alors que la fin de saison se profile, la forme du moment est un facteur déterminant. À l’aube du dernier tour, Yannick Peeters, Joris Nieuwenhuis et Thijs Aerts sont les seuls à pouvoir prétendre au titre mondial. Parmi ces trois-là, c’est le dernier cité qui va prendre les devants. Vainqueur à Nommay où il a battu les deux Juniors les plus réguliers de la saison, Thijs Aerts est irrésistible. Le jeune belge fait la différence dans le dernier tour et coupe la ligne avec un avantage de dix secondes sur le champion d’Europe. Le pensionnaire de Telenet-Fidea est récompensé après une saison où il n’a cessé de monter en puissance. Vainqueur du sprint face Nieuwenhuis, Jelle Schuermans offre à son pays le triplé et prive les Néerlandais d’une première médaille. C’est le premier titre d’un Belge dans la catégorie depuis Joeri Adams il y a sept ans.
Classement :
1. Thijs Aerts (Belgique) les 16,9 km en 45’55 » (22,1 km/h)
2. Yannick Peeters (Belgique) à 10 sec.
3. Jelle Schuermans (Belgique) à 12 sec.
4. Joris Nieuwenhuis (Pays-Bas) à 13 sec.
5. Kobe Goossens (Belgique) à 22 sec.
6. Johan Jacobs (Suisse) à 35 sec.
7. Eli Iserbyt (Belgique) à 42 sec.
8. Yan Gras (France) à 58 sec.
9. Sieben Wouters (Pays-Bas) à 1’10 »
10. Hugo Pigeon (France) à 1’19 »