Le staff S1NEO Connect Cycling Team au grand complet | © S1NEO Connect
Samedi dernier Francis Mourey présentait officiellement, dans le Doubs, l’équipe S1NEO Connect Cycling Team, nouvelle structure UCI de cyclo-cross. Deux jours auparavant, le multiple champion de France avait pris le temps de répondre aux questions de Vélo 101, en dévoilant les contours de sa nouvelle formation, puis en s’étendant sur le cyclo-cross français de manière plus générale.
Francis, pouvez-vous nous présenter l’équipe S1NEO Connect Cycling Team, que vous avez créée ?
L’équipe s’appelle donc S1 Néo Connect Cycling Team, et nous sommes cinq coureurs. Deux élites, Valentin Humbert et moi-même, deux espoirs, Quentin Navarro et Joris Delbove, et une élite fille qui s’appelle Marlène Morel Petitgirard. C’est une structure qui représente une dizaine de personnes en comptant les mécaniciens et les managers. Nous sommes suivis par plusieurs marques de vélo : Mavic, Rotor, les boyaux Challenge. Mais on est encore à la recherche de partenariats pour faire la saison comme il faut.
Quels vont être les apports de ces sponsors ?
Le plus gros sponsor est S1NEO qui nous fournit les vélos. On a réussi à avoir des contrats avec les sponsors pour qu’ils nous fournissent du matériel, mais on recherche toujours, à l’heure actuelle, un budget pour le fonctionnement.
« Dans deux ans, François Pervis rejoindra l’aventure avec la piste »
Quels sont les contrats qui ont été mis en place avec les coureurs ?
Tous les coureurs appartenant au Team ont signé un contrat, mais personne n’est rémunéré. C’est l’objectif dans les années à venir, monter une structure professionnelle continentale où la route permettrait aux meilleurs cyclocrossmen français de rester dans le cyclo-cross, mais en ayant un support de routier pour être professionnel. C’est ce que font les équipes belges aujourd’hui. Et dans deux ans, il y aura aussi François Pervis qui rejoindra l’aventure, et il va faire la même chose avec la piste, pour que les meilleurs français restent sur la piste en ayant un contrat professionnel.
Francis Mourey sous ses nouvelles couleurs S1NEO | © S1NEO Connect
C’est donc également le but, pour S1 NEO Connect, de développer une structure piste ?
Oui, le principal est que l’on soit une équipe professionnelle, mais que cette équipe professionnelle permette aux meilleurs cyclocrossmen et aux meilleurs pistards de pouvoir évoluer dans leur discipline, sans être obligé d’arrêter leur discipline pour aller sur la route afin de pouvoir vivre du vélo. C’est l’objectif.
Comment vous est venue cette idée de créer une équipe ?
C’était mon projet pour ma reconversion. Je voulais après ma carrière rester dans le monde du vélo et que ça tourne autour du cyclo-cross car c’est ma discipline de prédilection et de cœur. Et cela fait plusieurs années qu’en France, on a de très bons coureurs juniors, espoirs, mais dès que l’on arrive dans la catégorie reine des Elites, c’est aussi le moment où il faut travailler pour pouvoir vivre. Et on est obligé d’arrêter le cyclo-cross car on n’arrive pas à gagner notre vie avec. Du coup, la France est beaucoup moins performante au niveau Elites, et c’est aussi pour ça que les Belges et Hollandais sont devant nous. Ils sont professionnels du 1er janvier au 31 décembre et ils ont une structure comme une équipe professionnelle sur route. Et moi c’était mon objectif de pouvoir faire cela. Alors quand je me suis retrouvé sans contrat à la fin de l’année dernière, j’ai démarché des marchands de vélos pour qu’ils m’équipent afin que je termine ma saison. Et je suis tombé sur la société S1NEO, qui avait la même approche que moi, et c’est parti comme cela en février dernier.
« On a essayé de prendre des coureurs d’avenir mais aussi des capitaines de route »
Et est-ce que le fait que Steve Chainel ait déjà créé une équipe vous a inspiré dans votre projet ?
Oui, j’avais cette envie comme Steve de faire une équipe de cyclo-cross. Il a réussi à la créer plus tôt que moi car il s’est retrouvé avant moi dans la situation dans laquelle je suis à l’heure actuelle. C’est très bien que Steve ait montré la voix, j’espère que l’on pourra faire la même chose. Et le but est aussi de s’associer plutôt que de se tirer dans les pattes pour faire remonter le niveau de la discipline.
L’équipe S1NEO sera composée de cinq coureurs | © S1NEO Connect
Comment avez-vous choisi les coureurs qui composent aujourd’hui l’équipe S1NEO ?
C’était mon rôle de contacter des coureurs et dans un premier temps de leur parler du projet. Déjà si ce projet leur plaisait, s’ils étaient d’accord de venir avec nous. Ensuite j’ai fait une sélection de coureurs. On voulait partir sur sept ou huit mais avec le budget que nous avons nous sommes finalement partis sur cinq. On a essayé de prendre des coureurs d’avenir mais aussi des capitaines de route. J’avais déjà vu Joris et Quentin en équipe de France, et Marlène est de chez moi, en Franche-Comté, comme Valentin.
Quel va être votre programme de course pour cette première saison ?
Il y aura les manches de Coupe de France, les Championnats de France, les courses en Suisse, peut-être deux ou trois en Espagne et puis aussi les plus grandes manifestations françaises. J’ai toujours dis que si l’on veut que le cyclo-cross français se porte bien et qu’il progresse, c’est à nous, coureurs français, de faire certaines courses. Donc tous les cyclo-cross importants en France, Troyes, La Mézière, Dijon, on va les effectuer. Soit le Team complet ou seulement certains membres. Car il faut aussi tenir compte du fait que Quentin, Valentin et Marlène travaillent, et que Joris est étudiant. On va essayer de faire le plus de courses possibles ensemble mais il faudra faire avec les contraintes de chacun.
S1NEO a soigné sa présentation | © S1NEO Connect
« Si on veut faire progresser le cyclo-cross en France, il faut rester en France »
Et faire des cyclo-cross en Belgique, pour se frotter à ce qui se fait de mieux dans la discipline, ce n’est pas quelque chose qui est d’actualité ?
Non, pas pour l’instant. Moi j’ai fait toute ma carrière sans aller très souvent en Belgique. Si tous les meilleurs crossmen vont en Belgique, le niveau en France ne va pas progresser. C’est à nous, coureurs français, de courir ensemble, pour ensuite pouvoir concurrencer la Belgique dans les prochaines années. Je me suis aussi aperçu que ces quinze dernières années, tous les coureurs français qui ont voulu aller se frotter aux Belges chez eux sont vites revenus car ils ne progressaient pas. Alors que moi je suis resté en France, à faire mes cross avec les meilleurs français sur le sol français et j’ai réussi à tenir le cap. Si on veut faire progresser le cyclo-cross en France, il faut rester en France et c’est à nous, coureurs français, de nous affronter pour que les organisateurs puissent faire de belles courses.
Il y a de plus en plus de structures UCI qui se créent, on voit que la discipline est en train de se développer en France…
Oui c’est en train de se développer. Il y a beaucoup de participants dans les courses Cadets, Juniors, il y a un potentiel énorme, avec des jeunes qui font des médailles sur les championnats internationaux jusqu’en Espoirs, et après en Elites ça disparaît car c’est l’âge où il faut travailler, avoir de l’argent, et on est incapable de proposer à ces coureurs-là un salaire pour pouvoir rester dans le cyclo-cross. A un moment il faut faire un choix, et ce n’est pas en gagnant un cyclo-cross régional à 30 euros que l’on peut vivre. Et c’est pour cela qu’avec nos structures il faut qu’on s’installe et qu’on progresse car à l’heure actuelle on ne peut pas offrir aux coureurs un salaire. Mais l’objectif c’est de pouvoir le faire dans les années à venir.
Interview réalisée par Adrien Godard