Lorsque Quentin Jaurégui (Nord-Pas-de-Calais) s’aligne au départ d’un Championnat de France de cyclo-cross, quelle qu’en soit la catégorie, c’est toute une histoire. Le vice-champion d’Europe avait deux titres de champion de France dans les jambes ces deux dernières années. Il était d’ailleurs en route pour le maillot bleu-blanc-rouge à Liévin (Cadets) comme à Lanarvily (Juniors), mais un sort semble lui avoir été jeté à chaque fois. Victime d’un bris de pédale à Liévin, ce sont deux crevaisons successives qui l’avaient anéanti à Lanarvily. A chaque fois dans le dernier tour ! Alors quand Jaurégui se présente sur la grille de départ du Championnat de France Juniors de Quelneuc, cet après-midi, il est celui que tout le monde observe. Celui aussi à qui tout le monde souhaite, enfin, de conjurer le mauvais sort pour décrocher le maillot qui lui fait défaut.
En formation en Belgique depuis cet hiver, dans l’équipe Box-BKCP qui fait office de réserve de la formation pro de Niels Albert, BKCP-Powerplus, Quentin Jaurégui a vécu un début de saison difficile, perturbé par une chute à la veille de la grande rentrée nationale à Lignières. 2ème à Rodez, vainqueur à Besançon, celui qui est l’un des leaders du cyclo-cross français dans les rangs Juniors démarre tout de go sur le circuit morbihannais. Entre deux courses, il a plu légèrement. Le terrain labouré par les passages des précédentes courses est rendu un peu plus glissant au moment où s’élancent les coureurs. On observera quelques chutes, dont un favori comme Romain Seigle (Rhône-Alpes) fera les frais dans le premier tour, mais rien qui n’empêche les véritables candidats à la victoire de se porter aux avant-postes rapidement, nommons Quentin Jaurégui, Romain Seigle et le champion du monde de VTT Victor Koretzky (Languedoc-Roussillon).
Le trio royal se forme dans le premier tour. Il y en aura sept à couvrir. Le trou est fait avec leurs poursuivants. Et la course devient tactique. Car les trois de tête performent au plus haut niveau de leur catégorie. Devenus copains dans la vie au fur et à mesure de leurs rassemblements sous le maillot de l’équipe de France, Jaurégui, Seigle et Koretzky se connaissent désormais à la perfection. Ils se jalousent certaines qualités, connaissent leurs points forts, leurs faiblesses. Mais dans le cadre d’un Championnat de France, Quentin Jaurégui est un ton au-dessus de tous. Il a une revanche à prendre sur le sort, alors il attaque dans le troisième tour, lâche ses deux compagnons de fugue. Les accélérations portées par le Provençal font mal. Mais Romain Seigle parvient à se ressaisir pour se rapprocher de la tête de course et revenir à la mi-temps.
Le duel engagé entre Jaurégui et Seigle tourne court. A deux tours de l’arrivée, revoilà Jaurégui qui repasse à l’action ! Cette fois c’est la bonne. En l’espace de quelques hectomètres, la différence devient nette. Pour la troisième fois en autant d’éditions, le coureur du comité Nord-Pas-de-Calais s’engage en solo dans le dernier tour. Bien sûr, l’idée d’un nouveau malheur mécanique lui traverse l’esprit, mais Quentin Jaurégui chasse très vite ses vieux démons. Sûr de son coup, il ne peut plus rien lui arriver d’affreux maintenant ! Au moment où l’échappé solitaire reprend contact avec l’asphalte, il exulte, tape dans des mains tendues au bord de la route, et conclut triomphalement son épopée. Cette fois, la chance a tourné. Justice est rendue au jeune homme, qui endosse enfin un maillot distinctif, devant Romain Seigle et Victor Koretzky. Une manière d’égaler ses vieux copains de l’équipe de France, tous auréolés d’un maillot par le passé.
Classement :
1. Quentin Jaurégui (Nord-Pas-de-Calais) les15,8 km en 38’54 » (24,3 km/h)
2. Romain Seigle (Rhône-Alpes) à 27 sec.
3. Victor Koretzky (Languedoc-Roussillon) à 51 sec.
4. Anthony Turgis (Ile de France) à 1’04 »
5. Dylan Kowalski (Nord-Pas-de-Calais) à 1’24 »
6. Axel Guilcher (Pays de la Loire) à 1’34 »
7. Nans Peters (Rhône-Alpes) m.t.
8. Kévin Goulot (Bourgogne) à 2’21 »
9. Elie Gesbert (Bretagne) à 2’27 »
10. Mathieu Morichon (Limousin) à 2’29 »