Zdenek, vous avez offert un duel sublime avec Sven Nys. Était-il plus fort que vous ?
Sur certaines parties, j’avais l’impression que Sven était plus fort, mais sur d’autres je pensais que je pouvais aller plus vite que lui. Sur les parties techniques, il était meilleur, mais c’est aussi parce qu’il avait plus de grip. Chose que je n’avais pas sur les parties les plus difficiles. On avait annoncé à la télé flamande quel type de pneus Sven allait choisir, j’ai opté pour une autre solution. Quand j’ai changé de pneus, je me suis dit que je pouvais prendre plus de risques, et c’est à ce moment-là que je suis tombé.
Qu’est-ce qui vous a poussé à participer au Mondial ?
J’ai pris les cyclo-cross de la période de Noël comme des entraînements basiques. J’ai fait ma première course à Essen. Je voulais prendre course après course. Après le GP Sven Nys à Baal le 1er janvier, où je termine 2ème derrière Sven Nys, j’ai su que je voulais participer à d’autres cyclo-cross. Battre Sven à Baal est pratiquement impossible. Je me suis dit que je devais essayer. Je me suis concentré sur les entraînements pour la route, ce n’est que cette semaine que j’ai travaillé ma technique pour le cyclo-cross. J’ai amélioré ma technique et mon explosivité. Ça sera bénéfique pour ma saison de route. Je voulais avant tout améliorer mes points forts. Il y a deux jours, je me suis demandé si j’allais prendre le départ. Cela ne servait à rien de venir ici pour terminer 10ème ou 15ème. Je n’avais pas d’entraînement spécifique. Je devais partir de derrière. Je savais que ça allait être difficile. Quand j’ai pris ma décision jeudi, je me suis dit : « pourquoi ne pas essayer et accepter ce challenge. » Quand je suis venu reconnaître le circuit hier, je me suis dit que ce n’était pas fait pour moi, que c’était trop technique, que c’était trop difficile. Je voulais faire une belle course. J’ai été rassuré de voir qu’il y avait du soleil aujourd’hui et pas de pluie. C’est mon temps préféré. J’étais bien et tout s’est bien passé.
A-t-il été difficile de convaincre votre manager Patrick Lefevere ?
Patrick est un grand supporter du cyclo-cross. Cela n’a donc pas été difficile. Nous avons décidé cela avec tout le staff. Au final, c’est moi qui ai pris la décision. J’ai dit que je voulais prendre le départ en disant bien que je pouvais faire de la publicité pour l’équipe et pour les sponsors et que je ne m’alignais pas pour terminer 15ème.
Porterez-vous ce maillot de champion du monde d’ici à la fin de l’année ?
Si vous parlez de l’année civile, oui, il y a de fortes chances que je participe à des cyclo-cross. Je ne sais pas encore à combien exactement, c’est toujours délicat à ce stade de la saison. Je vais me concentrer sur la saison de route. La semaine prochaine, je vais participer au Challenge de Majorque. Je vais voir en septembre ou en octobre en fonction des résultats. C’est à ce moment que je prendrai ma décision sur mon calendrier de cyclo-cross. Mais 2014, c’est surtout l’année du plus grand changement dans ma vie puisque je vais me marier.
Votre père était présent. C’était un moment spécial pour vous ?
J’ai eu quelques larmes sur le podium, mais c’était à cause du vent (il rit). Mon père est très émotif. Hier, avec ma copine, nous lui avons acheté des médicaments contre le stress. J’ai toujours peur qu’il fasse une crise cardiaque quand il est sur une course (il rit). J’ai une très bonne relation avec mes parents. C’est toujours un moment particulier quand tu vois les larmes dans les yeux de ton père. C’est très intense. Cela montre à quel point il est fier de moi.
Vous êtes champion du monde tout en vous focalisant sur la route. N’avez-vous pas peur que cela dévalorise le niveau du cyclo-cross mondial ?
C’est difficile de répondre à cette question. Je ne peux pas comparer cela à l’époque où j’étais crossman. J’étais un autre coureur. J’avais plus d’explosivité. Je partais comme un bolide. Je ne pourrais plus le faire, car je m’entraîne d’une façon différente. En tout cas, j’ai beaucoup de respect pour Sven Nys avec tout ce qu’il a fait durant sa carrière. S’il est toujours au top niveau, c’est parce qu’il est focalisé sur son sport. Plus que les autres coureurs. Quoiqu’il arrive, il est difficile pour moi d’établir le vrai niveau du cyclo-cross.
Le public n’a pas apprécié que vous battiez Sven Nys…
C’est vrai que dans le dernier tour j’ai reçu quelques bières. Bien sûr, j’aurai préféré que ce soit de la bière tchèque (il rit). Peut-être est-ce dû à l’alcool, peut-être est-ce dû à la déception de ne pas voir gagner un coureur belge. Je peux l’accepter. Ça s’est toujours passé, et ça continuera à se produire. Une partie des supporters se comporte comme cela. Sur les dizaines de milliers de spectateurs qui étaient présents, il n’est pas difficile de trouver une poignée de supporters qui ont peut-être trop bu. Je peux vivre avec cela.
Comptez-vous défendre votre titre l’an prochain à Tabor, en République Tchèque ?
Je ne veux pas me décider tout de suite. Tabor est un autre circuit. Je sais l’énergie que j’ai mise pour être ici à 100 %. C’est une préparation spécifique. Chaque année est différente. Mais je pense que ce titre est le meilleur coup de pub que je pouvais faire pour le cyclo-cross, le cyclisme et plus généralement le sport tchèque.
Propos recueillis le 2 février 2014 à Hoogerheide.