Sur leurs terres, les crossmen français ont réalisé un véritable festival tricolore hier à Pontchâteau, où se disputait l’avant-dernière manche de la Coupe du Monde dans les catégories Juniors, Espoirs, Dames et Elites. La Marseillaise a retenti à deux reprises et un coureur français n’est pas passé loin d’une place sur le podium des Elites. Malheureusement, deux chutes ont eu raison des grandes ambitions de Francis Mourey (FDJ). Après avoir longtemps travaillé pour son coéquipier, Steve Chainel (FDJ) a donc saisi sa chance dans le dernier tour, mais il s’est incliné au sprint face à Sven Nys pour le gain de la troisième marche du podium, John Gadret (Ag2r La Mondiale) se classant 8ème, Nicolas Bazin (BigMat-Auber 93) 9ème. Très prometteur à deux semaines du Championnat du Monde, où il faudra compter avec les Bleus.
Steve, vous avez été l’auteur d’un final épatant mais vous vous inclinez au sprint pour la 3ème place…
Je suis revenu sur Sven Nys dans la dernière montée, avant le sprint, sans avoir fait beaucoup d’efforts, mais j’ai eu de petites crampes dans le sprint. C’est dommage parce que j’ai voulu faire la course pour aider Francis Mourey. Je voulais attendre avant de vraiment accélérer dans les deux derniers tours. Et quand il y a eu la chute des quatre concurrents dont Francis, je me suis dit qu’il me fallait alors jouer une place personnelle.
Comment avez-vous préparé votre sprint ?
Je connaissais l’arrivée, je ne voulais donc pas fournir mon effort trop tôt. Je me suis laissé décrocher mais à la relance, au virage, Sven Nys était le plus frais. C’est un sprint qui réclamait de la fraîcheur donc je suis quand même satisfait de la 4ème place. J’ai déjà fait 4ème du Championnat de France la semaine dernière, c’est un peu la place du con, mais c’est la course.
4ème, certes, mais cette fois c’est en Coupe du Monde ?
Oui, d’accord, mais ça reste non payé. C’est sûr que j’aurais préféré faire un podium. Mais maintenant je pense au Championnat du Monde. Je me suis bien ressaisi après le Championnat de France, qui a représenté une petite désillusion pour moi, même si le circuit était très lourd et donc pas du tout rapide comme à Pontchâteau.
Vous affectionnez les tracés rapides ?
Oui, j’affectionne les tracés rapides et j’ai pu montrer que j’étais capable sur certaines courses de jouer les premiers rôles. Tant mieux pour moi et dommage pour Francis Mourey car il avait l’air vraiment bien. Je pense que le podium était pour lui plus qu’accessible.
Qu’avez-vous pensé au moment du sprint contre Sven Nys ?
Je me suis dit « faut que tu le passes, faut que tu le passes », mais après ce sont les jambes qui répondent. Je l’ai toujours dit : un sprint en cyclo-cross, ce n’est pas un sprint sur route. Sur route, je suis capable, au bout de 230 bornes et avec le placement, de donner un coup d’accélérateur. Mais en cyclo-cross, c’est la fraîcheur qui prime. Là, Sven Nys a toujours été derrière nous. Je pense qu’il a très bien géré son affaire, bravo à lui. C’est un grand champion et il n’a pas paniqué.
Cette 4ème place vous donne-t-elle encore un peu plus d’ambition avant le Championnat du Monde ?
Non, l’objectif est de rentrer dans les 10, de se faire plaisir, et si je peux aider Francis Mourey à décrocher la timbale, je le ferai sans hésitation. Je pense qu’il était aujourd’hui capable d’attaquer les deux de devant, Niels Albert et Kevin Pauwels. Malheureusement il est tombé au départ et quand on a un contretemps sur ce circuit, ça ne pardonne pas.
Que vous reste-t-il à perfectionner d’ici aux Mondiaux ?
Disons qu’il reste Hoogerheide dimanche pour les derniers petits réglages, et après ce sera le Championnat du Monde, où j’espère seulement que personne ne fera les frais d’une chute. Je ferai le maximum pour aider Francis et si je peux tirer mon épingle du jeu, je le ferai après. Mais l’objectif reste que l’équipe de France ramène une médaille. On a vu à Pontchâteau que nous faisions partie des meilleures nations dans toutes les catégories. A nous de montrer que le cyclo-cross est une discipline dans laquelle il faut investir.
Propos recueillis à Pontchâteau le 16 janvier 2011.