Perrine Clauzel lors du Mondial d’Ostende | © Billy Ceusters – Specialized
Tu viens de terminer ta saison de cyclo-cross avec une 13ème place sur le Mondial d’Ostende. Comment s’est déroulée ta course dans le sable ? Tu étais à l’aise ?
Je nourris forcément d’un peu de regret de ne pas terminer dans le top 10, car c’est assez significatif. Mais quand je regarde celles qui sont devant, ce sont des grands noms… Marianne Vos termine juste devant.
Le parcours ne me convenait pas forcément avec le sable, même si on avait fait un stage dans le sable avec François Trarieux, qui nous a beaucoup apporté. Ca nous a permis d’avoir les bases techniques, au final je me suis éclatée dans le sable ! Je me sentais moins à l’aise sur des parties où d’habitude je le suis : dans l’herbe, sur l’hippodrome où c’était glissant, j’avais un peu peur et je n’allais pas vite, alors que dans le sable je m’appliquais.
Tu as passé un cap cette saison en t’imposant au sein des meilleures du gratin mondial. En témoigne ta 5ème lors du Championnat d’Europe de cyclo-cross, cette course a été un déclic pour toi après de nombreux top 20 internationaux ?
Oui ça a été un déclic, le Championnat d’Europe arrive rapidement dans la saison. J’étais hyper surprise de faire cette place, j’ai pris conscience que je pouvais réaliser avec les meilleures de la discipline. Ca m’a poussé pour l’entraînement, à aller faire de grosses courses, aller de l’avant et ne pas rougir. Je n’avais pas prévu de pic de forme à cette période, l’Europe arrivait à la fin d’un cycle de courses, le circuit me convenait super bien là-bas !
Autre gros coup, ton top 10 sur la mythique Coupe du Monde de Namur. C’est un circuit que tu affectionnes particulièrement ?
J’ai eu beaucoup de chance au départ, je suis partie en 4ème ligne et j’ai pu éviter le ralentissement, ce qui m’a permis d’être directement positionnée à l’avant, ça aide à faire un bon résultat, même s’il fallait être en mesure de tenir le rythme. J’étais dans une superbe forme, le circuit avec de la boue me convenait, j’étais à l’aise techniquement… Le parcours de Namur ressemble à du VTT, tout était réuni pour faire une belle perf’ !
Vice-championne de France à Pontchâteau, quel sentiment domines quelques semaines après ? Tu n’as rien pu faire à Amandine Fouquenet ?
Je possède quelques regrets car j’étais venue pour le maillot, au vue de la saison que j’ai faite. Je pense que je tenais une bonne forme et que le maillot était à ma portée. J’ai bien couru, pas commis de grosse erreur.
Peut-être sur la fin de course au moment où j’étais en tête, j’avais réussi à prendre de l’avance sur une partie technique et avant les derniers escaliers je ne suis pas parvenue à clipser directement. Du coup je n’arrivais plus à « tirer sur les pédales », et j’ai commis une faute de trajectoire, ce qui a permis à Amandine de revenir. Il s’est passée beaucoup de choses dans ma tête à ce moment, dans la ligne droite finale au passage du poste de dépannage, je n’ai rien pu faire face à sa puissance de routière. J’aurais peut-être pu faire le forcing un peu plus tôt dans la course, mais avec des si…
Perrine Clauzel dans le sable | © Billy Ceusters – Specialized
Comment as-tu vécu la saison de cyclo-cross en l’absence de public lié au covid ?
Forcément au début c’est un peu bizarre mais au fil des courses tu fais abstractions. Sur des épreuves régionales c’est peut-être plus dérangeant, mais sur les grosses courses avec le gratin, tu es dans ta bulle !
As-tu changé quelque chose dans ta façon d’aborder les courses ?
Pour passer un cap en cyclo-cross j’ai décidé de changer d’entraîneur avant la saison, Nicolas Marche me suit maintenant. J’avais besoin de renouveau, de nouvelles bases, c’était la fin d’un cycle.
Tu partages la saison de cyclo-cross avec ta sœur Hélène au sein d’AS Bike Cross Team. L’esprit est familial ? Est-ce un plus pour toi ?
C’est un plus qu’elle soit là car on avait déjà été ensemble en VTT, on se complète bien, on s’aide mutuellement. C’est la meilleure des partenaires d’entraînements et de compétitions. C’est à la fois ma sœur et ma concurrente. Le seul petit « hic » serait lors du Championnat de France car nous courrons sous les mêmes couleurs, et il y a qu’un seul maillot tricolore.
Tu es également professeur des écoles, comment gères-tu ton temps l’hiver ? Y a-t-il une progression envisageable sur ce point pour être 100% pro ?
Je travaille à mi-temps : le lundi et mardi. C’était un choix personnel car il fallait avoir un revenu à l’année. Le lundi c’est récup après les courses et le mardi je peux faire une séance importante mais un peu plus light.
C’est en projet, l’idée est qu’à la rentrée de Septembre 2021 je ne travaille plus à l’école afin d’être 100% pro en cyclo-cross.
Après une coupure bien méritée, tu retrouveras les sous-bois sur ton VTT. Quels seront les grands axes de ta saison ?
Ce sera assez classique avec un calendrier essentiellement en VTT : les Coupes de France et Coupes du Monde seront au programme. Je souhaite également courir un peu sur route, afin de prendre de la caisse en vue des années à venir en cyclo-cross. C’est clairement un de mes points faibles, quand ça roule fort il n’y a plus de Perrine (rire).
Par Maëlle Grossetête