Pauline, tu as retrouvé le circuit de la Coupe du Monde sur une 5ème place à Namur, est-ce le résultat que tu convoitais ?
Disons que si on me l’avait proposé avant la course, j’aurais signé des deux mains pour une 5ème place. A vrai dire je ne m’y attendais pas vraiment. Je suis donc très satisfaite. J’ai repris le vélo il y a maintenant un peu plus d’un mois et demi. Après la saison sur route je me suis fait opérer d’un pied et j’ai dû laisser le vélo de côté pendant six semaines. Tout compte fait, je pense que ça m’a fait du bien. Je me suis bien entraînée et je retrouve une bonne forme, sans être encore au top. Je suis maintenant sur la pente ascendante.
En quoi a consisté ton opération du pied ?
J’ai été opérée d’un ongle incarné. C’est quelque chose qui a traîné et qui a fini par s’infecter, jusqu’à ce que ça me fasse tellement mal que je n’arrivais plus à marcher. J’ai été voir le chirurgien, qui m’a dit « ou bien on coupe l’orteil, ou bien on opère demain ! » J’ai donc été opérée en urgence mais comme ça ne cicatrisait pas très bien au début, ma convalescence a un peu traîné. Ce n’était rien à la base, mais on s’aperçoit finalement que même les petites choses sont importantes et qu’il ne faut pas les négliger.
7ème à Anvers, 2ème à Kalmthout, 5ème à Namur, les sensations sont tout de même là pour ta reprise ?
A ma rentrée j’avais vraiment du mal à me lâcher, mais à Kalmthout, où je fais 2, j’ai repris confiance en moi. Ce week-end à Namur, ça ne ressemblait pas du tout à un circuit pour moi. C’était boueux, il y avait du portage, mais je me suis accrochée sans trop me fixer de limites. J’en profite pour remercier mon entraîneur Ludovic Dubau, qui me suit pratiquement tous les jours avec ses fils. Nous formons un groupe et ça crée de l’émulation. Les choses marchent plutôt bien comme ça.
Qu’est-ce que t’apporte Ludovic Dubau ?
Tout ! Il est pointilleux, il connaît beaucoup de choses, et il roule avec moi. Ce n’est pas quelqu’un qui me dit seulement ce que je dois faire. Lui il le fait avec moi. Ça m’apporte beaucoup. Ludo m’entraîne depuis un an. Auparavant je m’entraînais avec Gérard Brocks, qui m’a suivie pendant quatre ans mais avec qui j’avais l’impression que nous étions arrivés au bout. Ludovic Dubau habite juste à côté de chez moi, et il faut rappeler qu’il a fait les Jeux Olympiques à Sydney en 2000. Avec lui nous ne réalisons pas du tout le même travail. Il a fallu que je m’y habitue.
En dépit de tes bons résultats, tu ne t’estimes pas encore au top. Ça promet…
Nous avons beaucoup travaillé ces dernières semaines et on ne se repose pas tellement. Je suis encore sur une base de travail. Dans les semaines à venir je vais sans doute plus me reposer et peut-être surcompenser. En tout cas l’objectif c’est le Championnat de France puis le Championnat du Monde. J’ai terminé 5ème à Namur sur un circuit qui n’est pas trop à mon avantage. Maintenant je ne me fixe plus de limites et on verra ce que je suis capable de faire.
Cela te met-il en confiance pour la suite de la saison ?
Oui, carrément. C’est vrai que je faisais déjà des Tops 5 en Coupe du Monde lorsque j’étais chez les Juniors. J’ai connu ensuite une ou deux années un peu moins bonnes, et j’ai vraiment envie de retrouver mon niveau d’avant.
Tu pratiques le cyclo-cross, la route et le VTT. La question est rituelle mais avec l’expérience ne te dis-tu pas qu’il te faudrait lâcher une discipline pour se concentrer sur une autre ?
Mon problème c’est que je suis bonne partout mais pas excellente quelque part. J’aimerais bien être la meilleure mondiale dans une discipline, mais je m’amuse autant en cyclo-cross qu’en VTT ou sur la route, si bien que pour moi c’est dur de faire un choix. Je ne sais pas trop vers quoi m’orienter. J’ai resigné deux ans chez Rabo Women Cycling Team. J’y vis une aventure formidable. Ma destinée irait plus vers la route, mais je vais continuer le cyclo-cross l’an prochain pour ma dernière année en Espoirs.
Tu feras l’impasse sur la manche de Zolder jeudi, par où passera la suite de ta saison de cross ?
Je serai dimanche à Flamanville pour la manche finale du Challenge National, puis j’irai à Rome pour la Coupe du Monde avant le Championnat de France. En janvier nous partirons en stage en Espagne avec l’équipe avant de revenir pour la Coupe du Monde de Nommay et le Championnat du Monde à Hoogerheide.
Tu avais remporté la dernière manche du Challenge l’an passé à Pontchâteau, te verrais-tu rééditer cela dimanche à Flamanville dans la perspective du Championnat de France ?
J’aimerais bien. Ça donne un petit coup au moral avant les France. Cela fait trois années de suite que je fais 2ème au Championnat de France, là j’aimerais vraiment avoir ce maillot bleu-blanc-rouge. Maintenant ce n’est pas évident face à des filles comme Lucie Chainel et Caroline Mani, qui arrivent toujours en forme au bon moment. Je ne sous-estime personne mais j’aimerais bien frapper un grand coup dimanche à Flamanville.
N’ayant pas participé aux deux manches préliminaires, il s’agira de ton unique moyen de te jauger par rapport à tes adversaires nationales ?
C’est clair. A Flamanville, ça risque d’être technique, un peu bizarre. Je ne connais pas trop le terrain, mais on sait qu’à Lignières pour le Championnat de France nous n’aurons pas un bourbier. Ça m’avantage énormément.
Propos recueillis à Namur le 22 décembre 2013.