Matthieu, tu as obtenu un second titre de champion de France de cyclo-cross Espoirs. Celui-ci a été décroché avec beaucoup de sérénité ?
Oui, plus que l’an passé, mais tant que la ligne n’est pas passée, il peut toujours arriver quelque chose. Je ne suis pas tout seul dans la course. Il y avait tous les autres concurrents derrière moi donc je suis resté concentré jusqu’au bout. Même avec de la marge, tant que la ligne blanche n’est pas franchie, une course n’est jamais gagnée.
Tu étais confronté pour la première fois de l’année aux Espoirs français, en dehors des manches de la Coupe du Monde, savais-tu à quoi t’attendre ?
J’ai un petit peu suivi les trois manches du Challenge National Espoirs. J’ai constaté qu’ils avaient souvent fini dans des petits groupes. Je me savais assez fort, et plus fort qu’eux, et j’ai voulu imposer mon rythme d’entrée de jeu. Cela m’a permis de voir si des gars suivaient à cette allure mais j’étais seul donc je n’ai plus eu qu’à gérer.
N’as-tu pas été tenté de relâcher ton effort une fois la différence faite ?
Non, je n’ai jamais relâché car on n’est jamais à l’abri d’une crevaison ou d’un incident. Je préférais avoir de l’avance et assurer ma victoire. Je suis donc resté concentré, j’ai pensé à la ligne d’arrivée et j’ai tâché de ne pas avoir d’ennui mécanique. Je me suis mis à bloc pour bien travailler pour les échéances à venir donc je n’ai pas relâché.
Peut-on dire tout de même que ça a été un succès facile ?
Non, un succès n’est jamais facile !
Comment a évolué le circuit ?
Le circuit a évolué par rapport à hier. Dans la nuit il a bien plu, ça a rendu le terrain un peu plus souple, davantage en ma faveur. Plus c’est gras, mieux c’est pour moi.
Qu’est-ce qui a motivé ta décision de disputer ce Championnat de France avec les Espoirs plutôt qu’avec les Elites ?
Pierre-Yves Châtelon m’a laissé le choix. J’ai choisi les Espoirs parce qu’un maillot de champion de France reste un maillot de champion de France et que je me devais de le respecter. Je suis encore Espoir, c’est ma catégorie et je devais être présent aujourd’hui. Pour un titre dans la catégorie Elite, j’aurai bien encore le temps.
Qu’aurais-tu pu viser en participant au Championnat de France Elite ?
Une place entre la 4ème et la 10ème, car un podium me paraissait difficilement accessible avec Francis Mourey, Steve Chainel et Nicolas Bazin. Mais j’aurais bien souhaité faire les deux courses.
Un titre de champion de France à Lanarvily est-il plus fort ?
Oui dans la mesure où je courais en Bretagne. Le public m’a beaucoup porté, comme en 2007 quand j’avais fait 3ème en Juniors. En Bretagne, quand il y a un coureur breton devant, c’est la folie ! Par endroits, ça me cassait même les oreilles tellement il y avait de bruits et d’encouragements.
L’absence d’Arnaud Jouffroy t’a-t-elle pesé ?
Je regrette qu’Arnaud ait eu son problème de genou car j’aurais bien voulu me battre avec lui aujourd’hui. Il m’a même envoyé un message hier en me disant « merde et fais de ton mieux ». Ca m’a fait plaisir venant de sa part.
Penses-tu t’être rapproché de son niveau ces derniers mois ?
Je ne saurais trop le dire car en début de saison il marchait vraiment fort. Je me situe pas loin de lui en tout cas, c’est sûr.
Penses-tu avoir franchi un cap au niveau international ?
Je pense, oui. J’ai beaucoup couru avec les Belges, durant tout l’hiver pratiquement, et c’est avec eux que l’on apprend, surtout sur les Coupes du Monde. Le sélectionneur national Pierre-Yves Châtelon m’a fait confiance sur ces événements-là.
Quels seront tes objectifs internationaux d’ici la fin de la saison ?
Mon objectif sur les deux prochaines manches de la Coupe du Monde sera un Top 10 mais sur le Championnat du Monde je viserai le Top 5. J’ai terminé 3ème en Coupe du Monde à Zolder mais c’était particulier car il y avait de la neige. Sur ces circuits gelés, il ne faut pas prendre trop de risques, c’est spécial. Il ne s’agissait que d’une course, j’espère pouvoir confirmer cette place sur les deux manches à venir.
Propos recueillis à Lanarvily le 8 janvier 2011.