Lucie, tu viens de participer coup sur coup à deux Coupes du Monde. Revenons d’abord sur Namur, où tu as pris la 7ème place…
J’y ai fait une belle course même si je suis encore en préparation. Le circuit de Namur était vraiment très exigeant et cette année, il y a un groupe de filles très homogène. Sur toutes les courses, c’est la grande bataille, et dimanche j’ai réussi à bien me battre jusqu’à la fin. Je suis donc vraiment contente de moi.
Le parcours namurois est-il aussi difficile que ce qu’on en dit ?
Il est beaucoup plus dur que les autres manches de Coupe du Monde. C’est le pire du pire ! Il n’y a pas plus éprouvant que le cross de la Citadelle. Il y a énormément de dénivelé et il faut beaucoup de technique. Mais personnellement je préfère un parcours comme celui-là à un circuit très roulant. Ça me convient bien.
7ème sur un parcours aussi sélectif, c’est une satisfaction ?
L’an dernier j’avais fini 2ème donc j’avais envie de faire aussi bien. Sur un circuit comme ça, il n’y a pas de tactique et on voit les plus fortes à l’avant. La sélection se fait uniquement à la pédale. 7ème, c’est très bien. J’évolue tout doucement.
On a vu de nombreuses chutes de favorites. As-tu pu éviter les ennuis techniques ?
De mon côté, je n’ai pas eu de problèmes mécaniques. J’ai vraiment bien manœuvré. Par contre, on voit que Marianne Vos n’a pas fait le début de saison car elle ne faisait que des erreurs. J’étais avec elle au début de la course et, par rapport à d’habitude où elle est au top, il y avait vraiment une grande différence. Elle a terminé 3ème. Avec encore un mois de cyclo-cross, elle va revenir au-devant de la scène très rapidement et ne fera plus d’erreurs.
Ta progression s’est poursuivie hier à Zolder, où tu t’es classée 5ème…
J’ai fait une belle course sur un super circuit, que j’aime beaucoup, car pas trop roulant. J’ai pris un très bon départ pour ne surtout pas être gênée en cas de chute, mais en contrepartie j’ai grillé là quelques cartouches. Après, j’ai reculé un peu tout du long de la course, mais j’ai très bien fini. J’étais bien techniquement, très lucide. Encore un peu de récupération et ça ira de mieux en mieux.
Comment as-tu digéré ta victoire au Challenge National ?
Toutes les filles n’ont pas participé à toutes les manches, malgré tout je suis contente d’avoir gagné le Challenge pour la première fois. Ça a représenté pour moi trois grosses courses de préparation, sans autre ambition que de travailler. Remporter le Challenge en travaillant, c’est le top !
Les Championnats de France de Nommay se profilent. Ton objectif de préserver le maillot bleu-blanc-rouge dans deux semaines se précise-t-il ?
Evidemment, quand on a porté le maillot tricolore une année, on a envie de le garder. Mais à Nommay on remettra le compteur à zéro et chacun sera logé à la même enseigne. Tout le monde a envie de gagner, moi je ferai le maximum pour le garder. Nous serons cinq-six candidates au maillot et ce sera certainement la première fois que le Championnat de France sera aussi ouvert ! Personnellement il me reste deux courses en Belgique, vendredi à Loenhout et dimanche à Diegem, puis la Coupe du Monde à Rome, pour me préparer.
Ce qui contraste avec le niveau des Françaises cet hiver, c’est la réduction à deux du nombre de places qui vous seront réservées aux Mondiaux de Louisville…
Oui, et c’est dommage ! Avec un gros niveau comme le nôtre, je regrette que la fédération ne mette pas plus de moyens, que ce soit pour les femmes comme pour les hommes. C’est franchement inadmissible. Nous sommes une nation du cyclo-cross, on le voit dans toutes les catégories, or les moyens diminuent tous les ans. Ce n’est pas comme ça qu’on va former les jeunes. Il n’y a plus d’équipe de France, nous ne sommes plus ensemble, l’ambiance s’est dégradée et dans ces conditions ça ne donne pas envie de continuer.
Il n’y a plus d’équipe de France ?
Non. Sur toutes les Coupes du Monde chacun est à son hôtel, nous sommes désormais séparés. Il n’y a plus d’esprit de famille, ce petit truc qui faisait qu’on avait tous envie de se retrouver.
Où penses-tu que va se faire la sélection entre vous pour les deux places en équipe nationale ?
Ça ne se fera pas forcément à Nommay car un Championnat de France, c’est une course très particulière. Ce sera tactique, mental, et la meilleure physiquement ne l’emportera pas forcément. Je pense plutôt que la sélection se fera sur les Coupes du Monde car un Championnat du Monde se rapproche davantage d’une Coupe du Monde.
7ème à Namur, 5ème à Zolder, 1ère Française à chaque fois, tu as donc bon espoir d’être sélectionnée ?
J’espère quand même ! En tout cas je m’y prépare. J’espère y aller effectivement. J’espère faire un Top 5 voire un podium aux Etats-Unis. C’est mon ambition et je vais tout faire pour y arriver.
Propos recueillis à Heusden-Zolder le 26 décembre 2012.