Lucie, comment as-tu vécu ton Championnat de France ?
J’ai pris un bon départ, comme chacune des favorites, qui se sont retrouvées devant. Pauline Ferrand-Prévot nous a fait deux supers premiers tours. Puis au début du troisième tour, elle a eu un petit souci de vélo. Il lui a fallu changer de vélo en speed. J’en ai profité pour attaquer à ce moment-là. J’ai pris quelques secondes d’un coup. Il restait quand même trois tours mais j’ai maintenu l’écart jusqu’à l’arrivée. Ça a été une belle course, très physique, avec beaucoup de supporters. C’est très motivant. Je fais du vélo avant tout pour ma famille. Elle m’a beaucoup soutenu.
Comment as-tu jugé le niveau de tes adversaires ?
Pauline était très forte aujourd’hui. Sur la fin, je finis avec des crampes. S’il y avait eu un tour de plus, ça aurait sans doute été dur.
As-tu douté de pouvoir aller au bout ?
Tout le monde se prépare pour le Championnat de France, c’était sûr qu’à Quelneuc ça n’allait pas être aussi facile que sur les deux manches du Challenge National auxquelles j’ai participé. Maintenant, si on commence à douter, on est mal barré. J’y ai toujours cru, jusqu’à l’arrivée, c’est ce qu’il faut.
Avais-tu une tactique en tête ?
Non, je ne suis pas une fan de tactique, j’évolue au fil des tours. C’est toujours pareil : chacun s’observe dans les premiers tours puis on fait la différence à partir de la mi-course, là où ça commence à être dur et que tout le monde a bien mal aux jambes. Les écarts se font comme ça.
Tu as semblé sûre de ton fait, était-ce le cas ?
C’est vrai que je ne me suis pas affolée dans les premiers tours. J’étais bien derrière Pauline ! Je ne me suis jamais inquiétée quand elle prenait quelques longueurs d’avance. Je fais ma course comme ça. Certaines partent très vite, d’autres sont plutôt diesels et remontent sur la fin. Moi, j’ai 28 ans et je commence de plus en plus à être diesel, c’est donc comme ça que je cours. Je ne le montre peut-être pas mais je force beaucoup. Sur le vélo, je ne rigole pas.
En tout cas tu as pris une nouvelle dimension cet hiver…
Je n’avais jamais été aussi forte. Je commence aussi à bien me connaître et à relativiser. J’ai mûri, je sais comment aborder les courses, je sais gérer mon stress, ma course, avec les jambes. Ça s’appelle l’expérience. La pression, je ne l’ai pas car je ne me prends pas la tête. Je réponds aux journalistes, ça fait partie de mon « métier » ! Et en plus ça me permet de me vider un peu l’esprit, de parler. Avant j’étais dans l’ombre de Steve, maintenant ça va peut-être être l’inverse !
Ton nouveau look, c’est aussi pour incarner cette nouvelle Lucie Chainel ?
Mon changement de coiffure incarne la nouvelle Lucie, oui. Après deux grossesses, j’avais envie de penser un peu à moi. C’est aussi une coiffure de confiance, un changement. Je m’exprime comme quand j’avais 15 ans !
Propos recueillis à Quelneuc le 8 janvier 2012.