Julien, pourquoi quitterez-vous le BMC MTB Racing Team le 1er janvier ?
J’étais en fin de contrat avec le BMC MTB Racing Team. Déjà l’année dernière alors qu’il me restait une année de contrat, l’équipe Kwadro-Stannah m’avait contacté. Ils cherchaient des coureurs étrangers pour monter une équipe avec des sponsors belges. Je ne pouvais pas partir comme j’étais sous contrat. Cette année, BMC a décidé d’arrêter le support pour le cyclo-cross et l’équipe Kwadro-Stannah m’avait recontacté pour rouler chez eux.
Pourquoi avoir choisi cette équipe ?
Ce qui a fait la différence, c’est le contact que j’ai eu avec les personnes et notamment avec Marc Herremans, le directeur sportif. Ils ont monté un beau projet, avec une belle équipe de huit ou neuf coureurs. Ils veulent surtout donner leur chance à des coureurs étrangers pour développer le cyclo-cross. C’est le gros avantage de l’équipe. Quand j’entends un manager dire « un coureur étranger, ce n’est pas bon pour notre marché », je ne suis pas d’accord. Je pense qu’au contraire, c’est le coureur étranger qui peut faire évoluer le cyclo-cross. Si cela reste une affaire belge, ce n’est pas viable à long terme.
Votre volonté était donc de vous diriger vers une équipe spécialiste du cyclo-cross.
Ce qui est certain c’est que la route en été ne sert qu’à me préparer pour le cyclo-cross l’hiver. C’est là où je suis vraiment bon, là où je peux faire des résultats. On peut difficilement faire mieux que Kwadro-Stannah d’un point de vue sportif. Tout est organisé pour être compétitif dès le début de la saison en cyclo-cross. Si on veut arriver dans les meilleurs au monde, il faut faire comme les autres et se préparer à 100 % pour le cyclo-cross.
Est-ce à dire que vous ne vouliez pas être dans une équipe constituée majoritairement de coureurs belges ?
Non, ce n’est pas un choix. Ce qui a fait pencher la balance, c’est la globalité du projet de Kwadro-Stannah. Cela m’a emballé. Je me suis dit qu’il fallait tenter l’expérience. Cela a marché pour d’autres, comme Marcel Meisen ou Martin Bina. C’est la même chose pour Radomir Simunek même s’il a quelques ennuis de santé cette année. C’était aussi le cas de Zdenek Stybar. J’ai signé un joli contrat de deux ans qui va me permettre de découvrir le monde du cyclo-cross en Belgique.
Avez-vous été contacté par de plus grosses équipes de cyclo-cross comme Sunweb-Napoleon Games, BKCP-Powerplus ou Telenet-Fidea ?
J’ai eu des contacts avec tout le monde. Surtout l’an dernier après ma 4ème place en Coupe du Monde à Roubaix. C’est là où j’ai eu l’intérêt des équipes belges. Comme j’étais sous contrat, les discussions ne sont pas allées plus loin. Quand l’équipe Kwadro-Stannah a appris que j’étais en fin de contrat chez BMC, ils ont poussé pour me faire signer chez eux.
Espérez-vous que Kwadro-Stannah vous permette de franchir un cap ?
C’est vrai que c’est un peu ce que je recherche en rejoignant une structure 100 % cyclo-cross. C’est la meilleure solution pour franchir des paliers : se frotter tous les week-ends avec les meilleurs coureurs. Il y a une bonne osmose qui pourrait se faire. L’équipe veut aussi révolutionner le cyclo-cross. Au lieu de voir chaque coureur venir sur la course avec son propre camping-car, nous aurons un grand bus où tous les coureurs seront ensemble. À mon avis, cela va souder l’équipe et mettre une bonne ambiance. Quand tous ces éléments sont réunis, cela ne peut que bien aller.
Avez-vous commencé à tisser ces liens ?
Je les connais surtout par les courses, mais on ne se connaît pas plus que cela. On n’a jamais vraiment eu de rassemblement. Il y en aura un à la fin du mois en Espagne. On se retrouvera là-bas pour s’entraîner et fixer le planning pour la saison. Je me réjouis de les connaître un peu mieux. À mon avis, cela va être une super expérience.
Votre parcours est assez atypique puisque vous êtes crossman suisse dans l’un des meilleurs teams VTT au monde. Comment êtes-vous venus au cyclo-cross ?
C’est un choix naturel. J’ai commencé par le VTT. Mon entraîneur m’avait proposé de faire du cyclo-cross l’hiver. C’est toujours intéressant pour la technique. Lors de ma première année, je gagne dix cross sur douze. C’est à partir de ce moment que tout s’est enchainé. Tu commences à faire des courses au niveau régional, puis national. Tu franchis les échelons et chaque fois les résultats suivent. Mon titre de champion d’Europe Junior en 2004 et ma médaille d’argent aux Championnats du Monde la même année ont montré quelques bonnes aptitudes. J’ai essayé de passer sur la route, mais ce n’est pas là où je m’exprime le mieux et où j’ai envie de mieux m’exprimer. Le cyclo-cross est quelque chose que j’aime et que j’ai appris à aimer ces dernières années en Belgique. C’est un choix que j’ai fait : j’ai 26 ans et il fallait se demander où mettre les priorités. Il ne fallait pas perdre de temps, car des jeunes coureurs poussent fort derrière.
Vous avez manqué d’un cheveu le Top 10 à Asper-Gavere, mais étiez bien présents à Hamme-Zogge la semaine précédente.
Oui, je termine 5ème à Hamme-Zogge. C’est l’une des premières fois de la saison que je parviens à rester au contact des meilleurs coureurs jusqu’à la fin. Le début de la saison a été un peu difficile. J’ai pris du retard dans ma préparation puisque j’ai eu la chance que le BMC Racing Team me prenne comme stagiaire dans l’équipe WorldTour. Je n’avais pas le rythme spécifique au cyclo-cross, c’est ce qui m’a manqué sur les premières courses. Mais je sens que je monte en puissance. J’ai un peu changé de méthode avant les premières courses du mois de novembre. Lors des dernières courses, j’ai eu de bons résultats.
Que retenez-vous de cette expérience dans l’équipe WorldTour ?
J’ai fait de belles courses au mois d’août avec le Tour de l’Utah et le Tour du Colorado qui ont été de belles expériences où j’ai eu la chance de rencontrer de grands coureurs comme Tejay Van Garderen. En Belgique, j’ai pu courir avec Philippe Gilbert, Greg Van Avermaet. Cela a été une super expérience, mais au niveau sportif pur, j’ai sans doute perdu un peu de temps pour la mise en route de la saison.
En cyclo-cross, BMC vous propose-t-il d’utiliser des freins à disque ?
Il y a un vélo qui est actuellement développé avec freins à disque. Les meilleurs coureurs s’y essayent. Le problème vient du fait que le matériel arrive en petites quantités. Ce n’est pas le plus simple et le plus utile de faire un tour avec les freins à disque et un autre avec les freins traditionnels. Dans un avenir proche, c’est tout à fait possible. Il faut juste changer les habitudes, mais ce n’est jamais très simple.
Propos recueillis le 17 novembre 2013 à Asper-Gavere.