Sacré champion de France de cyclo-cross en 2004 et 2006, le Champenois John Gadret (Ag2r La Mondiale) s’était présenté dimanche au départ du Championnat de France de Lanarvily en qualité de challenger. Sa connaissance du terrain, où il s’était déjà imposé par le passé, en faisait un adversaire certain pour Francis Mourey, souvent en mal de contestation au niveau national. Aussi, la présence de John Gadret dans les premières positions du peloton au départ de la course a eu un effet notable sur le comportement de Francis Mourey. Le Franc-Comtois n’a pas sous-estimé son adversaire, et il a dû donner beaucoup de lui-même dès le départ pour user Gadret au mental. A l’arrivée, ce dernier a tout de même été chercher la deuxième place, son meilleur résultat sur un cyclo-cross de ce niveau depuis trois ans.
John, vous terminez deuxième du Championnat de France, vous attendiez-vous à un tel niveau ?
J’étais venu ici avec l’ambition de faire le podium. Et qui dit podium dit pas loin du titre de champion de France. Je savais très bien que Francis Mourey allait être difficile à battre, que j’allais avoir du boulot. J’avais toute la FDJ contre moi, ils étaient trois aux avant-postes, mais je suis allé chercher cette deuxième place au métier. Je me suis retrouvé avec Arnold Jeannesson. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je rentre dans son jeu, que je ralentisse. J’ai donc continué à rouler tout en en gardant sous la pédale. A deux tours de l’arrivée, sur la route en côte, j’ai attaqué. Comme je suis à l’aise dans les bosses, j’ai réussi à creuser l’écart pour faire le dernier tour avec 10 secondes d’avance sur Arnold.
Francis Mourey était vraiment imprenable ?
Francis possède un niveau international, donc je ne pensais pas forcément revenir sur lui. J’y ai pensé un petit peu au départ, quand il ne creusait pas l’écart, mais je savais très bien que j’allais flancher à un moment de la course. Mais je reste satisfait de ma deuxième place. Pour moi ce n’est pas une surprise mais il y avait quand même de nombreux coureurs qui prétendaient au podium. Je connaissais très bien ce circuit de Lanarvily. En plus, il était hyper physique. Il fallait quand même de la puissance et j’ai démontré que j’avais les capacités pour faire un podium. Aujourd’hui je suis très satisfait. Même si je suis deuxième, c’est une victoire.
Vous n’êtes quand même pas surpris de faire un podium ?
Non, pas surpris. En descendant de vélo, quelqu’un m’a dit que j’étais la surprise de ce Championnat de France. Je lui ai répondu que je n’en étais pas une, ça fait des années que je fais du cyclo-cross et j’ai deux titres nationaux à mon actif. Enfin, si ça surprend des gens, moi pas. J’étais venu ici pour faire un podium et j’ai réussi mon contrat.
Finalement, votre présence à Lanarvily a entretenu un peu de suspense…
Du suspense pour la deuxième et la troisième place, car Francis Mourey était devant et intouchable au bout de vingt minutes. Derrière, il y a eu une belle partie de manivelles entre Arnold Jeannesson et moi. En cela il y a eu un peu de suspense.
Le Championnat de France de cyclo-cross rentrait-il dans votre préparation pour la saison sur route ?
Pour moi, le cyclo-cross est avant tout un plaisir, même si je me fais mal sur un vélo. C’est avant tout une préparation pour la route. J’en ressentais le besoin. J’avais essayé de ne pas en faire il y a deux ans mais ça avait entraîné une année catastrophique sur la route. Le cyclo-cross, c’est convivial, c’est un esprit « copains ». Même si c’est très difficile, ça fait du bien pour la saison route. Cette année, je vais faire le Tour d’Italie. Le Tour de France, ce n’est pas encore sûr.
Propos recueillis à Lanarvily le 9 janvier 2011.