Quel a été ton plus beau souvenir quand Laura était coureuse ?  

Quand Laura était coureuse je n’ai que des souvenirs inoubliables. Elle a quand même obtenu 3 titres de Championne de France et de multiples victoires mais celui qui m’a donné beaucoup d’émotions c’est bien sur son premier titre de Championne de France de cyclo-cross en cadettes à Quelneuc.

Gaël Perry un père et mécanoGaël Perry un père et mécano | © Gaël Perry

Comment es-tu devenu la mécano numéro 1 du Team Chazal Canyon-3G Immo ? 

À l’époque, je traversais la France de long en large pour les courses nationales et internationales de Laura et je me suis rapproché petit à petit de Lucie et Steve Chainel. Comme Lucie et Laura couraient en même temps et que Lucie avait rarement un mécano, je lui rendais service. De même à Steve qui m’a alors proposé de les accompagner sur les courses nationales et internationales et j’ai accepté immédiatement. Et de fil en aiguille je suis devenu le mécano du Cross team Chazal Canyon 3G-Immo.

As-tu toujours été dans la mécanique ? Que fais-tu à côté de cela ?

Je fais du vélo depuis tout petit et j’ai toujours regardé mon père François Perry réparer les vélos à la maison. Il y avait beaucoup de monde qui venaient faire réparer son vélo à la maison car mon père était un très bon mécanicien. J’ai toujours adoré prendre soin de mon vélo, le bichonner pour qu’il soit toujours nickel. Je n’ai pas de diplôme en mécanique, j’ai toujours appris par moi-même ou avec le conseil de certaines personnes. Comment on dit, c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Pour ma part, je suis chauffeur de camion frigorifique la semaine et je commence tous les matins à 3h pour finir vers 12-13h. Je ne travaille jamais l’après-midi pour aller faire du vélo et en hiver, il y a beaucoup de travail pour remettre tout le matériel en état du weekend.

Bien entouré par Steve Chainel et Lucie LefèvreBien entouré par Steve Chainel et Lucie Lefèvre | © Gaël Perry

Qu’est-ce qui te passionne là-dedans et au contraire ce qui t’embête le plus ?

Je fais du vélo depuis tout petit en pratiquant les 3 disciplines (route, VTT, cyclo-cross) a un niveau convenable, mon père et mes enfants également et franchement il n’y a rien qui me déplaît même si c’est très dur parfois. 

Comment se déroule une journée de Coupe du Monde pour toi ?

Une journée Coupe du monde se déroule quasiment comme une course normale. Je viens sur place avec le camion atelier de très bonne heure histoire de m’installer et de préparer le matériel. Je suis le mécano référant mais je suis aussi le mécano de Steve Chainel. En premier lieu : installation du camion et mise en place de tout ce qui est nécessaire pour le bon déroulement de la journée. Une fois tout installé, j’attends que Steve me dise à quelle heure il arrive sur place et donc je lui prépare un vélo avec les boyaux appropriés au terrain et je vois avec lui pour la pression des boyaux. Une fois la reconnaissance terminée, il est l’heure pour moi de remettre son vélo en état. Avec Steve on décide ensemble des boyaux avec lequel il va faire la course et la pression qu’il veut dans la roue avant et la roue arrière puisque c’est souvent différent. Une fois que Steve descend du home trainer et qu’il se dirige au départ, je prends tout le matériel nécessaire et je me dirige au poste de dépannage.  Une fois la course terminée, je remets les vélos en état de façon rapide avec le graissage de toutes les pièces importantes du vélo. Enfin, il est l’heure de recharger le camion, de tout ranger et de rentrer à la maison car il y a souvent beaucoup d’heures de route. 

Dans le box durant l’épreuve, peux-tu nous décrire l’ambiance vue de l’intérieur ?

Avant le coup de sifflet, tout le monde est à peu près détendu : ça parle, ça rigole de choses et d’autres. Une fois que le départ est lancé, il y a une certaine tension car en cyclo-cross le départ est vraiment primordial. Tout le monde est prêt avec un vélo en cas d’ennuis mécanique pour son coureur. Quand les terrains sont gras, c’est vraiment la panique pour tout le monde. Pas le temps de rigoler ou de regarder le paysage, Il faut sans cesse faire des allers-retours. Au karcher, il y a de la tension, chacun est à son maximum car parfois quand on arrive au poste de lavage, il n’y a pas de place.  Il y a souvent des noms d’oiseaux qui traînent à droite à gauche mais ce n’est pas très important, il ne faut pas en tenir compte. (rires) On voit souvent les mêmes gens dans les postes de dépannage et même si parfois ça gueule un peu, personne n’en veut à personne car une fois la course terminée tout rentre dans l’ordre.

Tout l'équipement nécessaire pour faire du bon boulotTout l’équipement nécessaire pour faire du bon boulot | © Steve Chainel

Y’a-t-il souvent des changements de pression en cours de course ? Comment en es-tu au courant ?

Bien sûr qu’il y a quelquefois des changements de pression dans les boyaux. Les coureurs font la reconnaissance quelquefois plusieurs heures avant leur course. Leur pression est basée sur cette reconnaissance. Une fois la course lancée, si la météo change, on change les pressions. Parfois je le fais de moi-même car je sais que le terrain a évolué alors je gonfle au dégonfle les boyaux. Sinon c’est Steve, il passe au poste et quand il change de vélo, il me donne des informations. Ça va très vite mais on se comprend. 

Quelles sont les règles en entrant et sortant du box pour le coureur et l’assistant ?

Les règles évoluent régulièrement maintenant. Quand un coureur rentre dans le poste de dépannage il est dans l’obligation de changer de vélo. Il y a un drapeau jaune à l’entrée et à la sortie du poste, il est obligatoire de changer des vélos entre ces deux drapeaux sinon, ça peut être la disqualification. Il y a des commissaires qui regardent si tout se passe bien. Pour l’assistant, il y a une multitude de règles à respecter mais la plus importante est d’être dans le box qui nous a été attribué et ne pas changer au cours de l’épreuve. Ça c’est les bases mais si je devais tout dire il me faudrait écrire un livre. (rires) 

Il y a-t-il un avantage à avoir le premier ou le dernier box ? 

Il y a souvent un avantage à avoir le box qui est le plus près du poste de lavage cela permet d’aller laver le vélo plus rapidement. Mais c’est souvent le coureur qui dit le box qu’il préfère et celui qui l’avantage le mieux soit pour la rentrée où la sortie du poste de dépannage. Nous on s’adapte, parfois on se trouve tout près des karchers et ça nous arrange et parfois, on est complètement à l’opposé. 

Staff et coureurs du team Chazal Canyon en 2018Staff et coureurs du team Chazal Canyon en 2018 | © Antoine Benoist

Toi qui as connu les patins. En tant que mécanicien, qu’est-ce qui change avec les disques ?

Oui bien sûr, j’ai connu les freins à patins avant que les freins à disques ne fassent leur apparition. La boue et l’herbe s’accrochaient facilement aux freins, ça chargeait beaucoup comme on dit dans le milieu. De plus, avec la terre et les patins, on usait beaucoup les jantes. Il fallait changer très souvent câbles et gaines car la boue s’infiltrait partout, les freins ne marchaient plus très bien. Aujourd’hui il y a les freins à disques hydraulique. Je n’ai jamais eu l’occasion de faire du cyclo-cross avec de tel matériel en tous les cas c’est une chose formidable. Déjà pour commencer, il n’y a plus aucune usure sur la jante, le freinage est très précis et marche toujours parfaitement quand les plaquettes sont usées. Il ne faut que quelques minutes pour les remplacer, c’est vraiment formidable, une très belle invention ! Bien sûr le vélo est un peu plus lourd que par le passé avec l’apport de disques et de freins hydraulique mais le jeu en vaut la chandelle. 

Si tu pouvais changer quelque chose à ton job ?

Je fais ce job de mécano le weekend car j’adore le cyclo-cross. Je ne changerai absolument rien du tout ! Si en réfléchissant une chose, il faudrait un super camion atelier comme ont les grandes équipes mais cela coûte très cher.

 

Par Jade WIEL