Francis, vous avez remporté à Quelneuc votre quatorzième manche consécutive dans le Challenge National, comment s’est passée l’épreuve ?
Les sensations n’étaient pas trop mauvaises. J’ai fait le premier tour avec Jonathan Lopez puis après j’ai accéléré dans le deuxième tour. Tour après tour, j’ai essayé de bien gérer mon avance. J’ai fait les deux derniers tours vraiment bien comme il faut. Je suis content de gagner ainsi ma quatorzième victoire de manche d’affilée et mon sixième Challenge National consécutif. A Quelneuc, j’ai fait une bonne séance d’entraînement couronnée par une victoire, je suis donc très content.

Vous assimilez la finale du Challenge National à un entraînement, n’est-ce pas frustrant de ne pas avoir davantage de concurrence au niveau national ?
Non, la concurrence est là quand même. Dans le premier tour, Jonathan Lopez était avec moi. Après, c’est sûr que j’ai creusé assez vite l’écart mais il ne faut pas oublier qu’il manquait John Gadret et Steve Chainel à Quelneuc. Je pense que ces clients-là seront là pour le Championnat de France, sans oublier les autres. Après, un Championnat de France reste une course particulière. A Liévin, ce ne sera pas une course facile.

Les conditions étaient assez différentes de celles de l’année dernière ?
C’est vrai, les conditions étaient différentes. Mais nous avions déjà eu ce genre de conditions la première année que nous étions venus. Cet hiver, nous aurons couru le Challenge National sous toutes les conditions et nous sommes donc fixés sur ce qui nous attend au Championnat de France.

Comment avez-vous trouvé le parcours ?
C’est un très beau parcours. C’est la troisième fois que je viens à Quelneuc, c’est un parcours très physique, très technique. Il faut toujours être très vigilant à cause de la partie boisée avec les racines. J’ai crevé à deux tours de l’arrivée. On n’est jamais à l’abri d’un ennui mécanique. Il faut un petit peu dégonfler pour avoir de l’accroche dans les montées mais on peut crever sur les racines, c’est ce qui m’est arrivé.

Racontez-nous…
Je m’en suis aperçu tout de suite. C’était juste avant le poste matériel donc j’ai pu changer tout de suite de vélo. Ca ne m’a pas perturbé, tout s’est bien passé. Aujourd’hui, je savais que ça allait être physique. La différence s’est faite immédiatement car j’étais dans un bon jour. J’ai fait le premier tour avec eux puis j’ai fait la différence. Après j’ai géré et je voulais vraiment faire les deux derniers tours très rapidement pour simuler un final de Coupe du Monde. Je me suis fait mal aux jambes dans les derniers tours.

Vous venez donc avant tout sur le Challenge National pour travailler ?
Au début, je viens pour gagner. Et après, selon les circonstances de course, j’en profite pour travailler sérieusement. Ca fait quatorze victoires dans le Challenge d’affilée, c’est une belle suite. J’espère que ça va durer encore longtemps. Sachez que ça me fait toujours autant mal aux jambes. Je gagne, certes, mais je suis employé pour ça. Ma dernière défaite remonte à octobre 2005 à Fourmies. J’avais terminé 5ème. Depuis, c’est parti comme ça. Je suis content car je suis désormais le seul à avoir remporté six Challenges Nationaux de suite. J’étais ex aequo avec David Pagnier, qui en avait gagné cinq, maintenant je suis le premier à six et j’espère que ça va continuer.

Que représente ce record pour vous ?
Je ne suis pas un gars qui court pour les records mais je suis content. Je fais du vélo pour me faire plaisir, pour gagner des courses. Chaque fois que je vais sur un Challenge, c’est pour le gagner. Je me rappelle de ma toute première sélection pour un Challenge chez les Juniors. Pour moi c’était comme aller à un Championnat du Monde. J’ai toujours gardé cet état d’esprit. Ce sont de belles courses, bien organisées. J’ai toujours la même envie quand je viens. Ca me tient à cœur de bien briller sur ces épreuves-là et c’est pour ça que j’ai quinze victoires au Challenge, six au général.

Mais avez-vous encore votre place sur des courses que vous dominez de la tête et des épaules ?
Certains disent que je n’ai plus vraiment ma place ici mais je pense que les spectateurs à Quelneuc étaient contents que je sois là. Si tous les meilleurs français se déplacent, ça fera évoluer vers le haut le niveau du cross français. Après, ce n’est pas facile pour tout le monde. La France est un très grand pays, ce n’est pas facile de s’y déplacer. Pour venir en Bretagne, j’ai sept heures de voiture. Après, je comprends que des mecs comme John Gadret et Steve Chainel, qui ont des épreuves par chez eux, ne viennent pas. Mais j’aimerais que tout le monde essaie le plus possible de venir sur les Challenges.

Comment jugez-vous le niveau du cyclo-cross français ?
Il y a un très gros niveau en France, quand on se compare au niveau mondial. Nous sommes à peu près quatre Français à entrer dans les vingt en Coupe du Monde, ça veut dire que le niveau n’est pas mauvais.

Après les France viendront les Championnats du Monde, quelles y seront vos ambitions ?
J’irai aux Championnats du Monde pour faire un podium, essayer de viser la première place. J’espère que j’y arriverai. Il y a encore du boulot à faire, on va travailler sérieusement. On arrive vers le mois le plus important de la saison, on va essayer de le faire le plus sérieusement possible, comme d’habitude, pour arriver vraiment en forme le jour J.

Propos recueillis à Quelneuc le 13 décembre 2009.