Francis, à Quelneuc dimanche, tu as enfin rencontré plus fort que toi sur un Championnat de France, comment l’expliques-tu ?
Je n’étais pas dans un bon jour. J’ai commis beaucoup d’erreurs techniques. Et puis nous sommes tombés sur un super Aurélien Duval. C’était lui le plus fort et en cela la logique a été respectée. Dans le cyclo-cross, c’est souvent le plus fort qui gagne, et sur un tracé comme celui de Quelneuc, il fallait être bien physiquement, ne faire aucune erreur. Aurélien y est parvenu. Il était bien physiquement comme techniquement. Il a très bien géré sa course. C’est dommage pour la FDJ-BigMat que le maillot ne reste pas chez nous. Mais encore une fois le plus fort a gagné. Maintenant, c’est à lui d’honorer le maillot pendant une saison complète.
Tu as trébuché, tu as dérapé, tu es tombé, toutes ces fautes, ce n’est pas ton genre, que s’est-il passé ?
Ce n’est pas mon genre d’habitude mais dimanche ce n’était ni mon heure ni mon Championnat de France. J’ai connu de très beaux championnats, dans lesquels je ne commettais pas la moindre erreur, où j’étais très bien. A Quelneuc je n’étais pas super physiquement. Et je n’ai jamais eu de bonnes sensations techniquement sur ce circuit alors que je l’avais très bien senti les trois fois où j’étais venu ici à Quelneuc. Cette fois c’était l’inverse. J’étais toujours à la recherche d’une bonne trajectoire. Et le physique n’était pas à 100 %.
Quand as-tu compris que tu n’allais pas gagner ?
Dès le premier tour j’ai senti que je n’étais pas super. J’ai averti mes collègues de la FDJ que je n’étais pas dans un grand jour et qu’il fallait qu’ils pensent aussi à jouer leur carte personnelle. De tour en tour, j’arrivais quand même à rester avec eux. Nos plus gros adversaires directs, nous le savions, c’étaient Aurélien Duval et John Gadret. Dans les premiers tours, les circonstances de course ont fait que j’étais souvent dans la roue de John. Je suis volontairement resté avec lui pour que ce soit à lui de faire l’effort pour revenir devant quand il y avait des cassures. Quand j’ai vu qu’il n’était pas super bien, j’ai pu recoller au groupe de tête, mais je n’ai jamais pesé sur la course. J’étais dans le groupe de tête mais sans être là.
Tu es tombé à un tour et demi de l’arrivée, que s’est-il passé ?
Je voulais revenir sur Steve pour lui parler et évoquer avec lui une tactique de course, mais il a cru que c’était un adversaire qui revenait pour passer à l’intérieur. Il a serré un petit peu le passage. Je ne m’attendais pas à ce qu’il resserre aussi fort que cela, du coup je suis allé mettre mon guidon dans le sien. La chance dans ce malheur, c’est que je suis tombé seul, sans entraîner Steve, et que je n’ai pas perdu de temps là-dessus. Dans le dernier tour, j’ai essayé de me mettre devant avant le sprint. Nous étions plusieurs à pouvoir aller vite au sprint mais nous nous sommes fait avoir.
N’as-tu pas non plus trop voulu laisser sa chance à Steve Chainel dans le dernier tour, dans lequel il semblait que tu pouvais emballer la course ?
Au départ, je pensais que Steve Chainel et Arnold Jeannesson pouvaient davantage profiter du marquage qu’il y avait entre John Gadret et moi. Mais ça ne s’est pas décanté. Dans le dernier tour, je savais que les sensations n’étaient pas supers, j’ai donc plus joué la carte de l’équipe. Si je lançais le sprint avec Aurélien dans la roue, je n’étais pas sûr d’aller au bout, alors que Steve avait l’air un peu mieux que moi. Quand je me suis mis devant dans le dernier tour, c’était plus pour l’équipe que pour moi.
Ne regrettes-tu pas ce choix tactique ?
Non, aucunement. Nous sommes une équipe professionnelle, on a essayé de garder le maillot au sein de la FDJ-BigMat. Nous n’avons pas réussi, nous reviendrons la saison prochaine pour essayer de le ramener à la maison.
Le feeling n’était pas là à Quelneuc, comment est-il d’une manière générale ?
Les sensations sont quand même bonnes. J’ai fait 7ème à Namur, 3ème à Louvain, 2ème à Pétange. Je suis 6ème du classement UCI, 6ème de la Coupe du Monde, j’ai gagné le Challenge National, les sensations ne sont pas si mauvaises. J’espère pouvoir jouer le podium au Championnat du Monde fin janvier et dans les deux dernières manches de la Coupe du Monde avant cela.
La Marseillaise, sur la troisième marche du podium, c’était long ?
Je suis plus déçu pour l’équipe que pour moi-même de ne pas avoir le maillot bleu-blanc-rouge. Mais encore une fois le plus fort a gagné. Entendre la Marseillaise sur la troisième marche du podium, pourquoi pas. C’est la première fois que je l’entendais depuis cette place, ça change, et on reviendra l’année prochaine pour essayer de reprendre le titre.
Propos recueillis à Quelneuc le 8 janvier 2012.