Francis, tu conclus de manière magistrale le Challenge National 2010 en t’imposant à Saint-Jean-de-Monts, comment as-tu vécu cette course ?
A l’échauffement, je sentais bien le circuit, mais sur les deux-trois premiers tours j’ai eu un peu de mal. J’ai mis du temps à bien me remettre en route. Puis je suis parti mais ma chute m’a un peu dérouté. J’ai eu du mal à repartir et il m’a fallu un bon tour pour me remettre dans la course et retrouver un peu de confiance. En fait, j’ai rebondi sur une petite bosse et ça m’a éjecté du vélo sans que je m’y attende. Après, je me suis remis sur le vélo, j’ai essayé de bien me reconcentrer. Je n’ai fait quasiment aucune erreur dans les quatre derniers tours. Les chronos tombaient les uns après les autres et j’ai pu finir bien comme il fallait.
Comment as-tu composé avec la présence de Nicolas Bazin, longtemps à tes côtés ?
J’ai fait tous les tours à mon rythme, comme je le voulais. Après ma chute, j’ai vu que Nicolas Bazin était fort mais quand j’accélérais dans la partie boisée, il décrochait, et j’ai pensé que je l’aurais à l’usure. De toute manière, si je n’étais pas parvenu à le sortir, c’est que ça aurait été lui le plus fort. Mais j’étais confiant et j’ai fait la course comme je le voulais.
Tu admets avoir eu des difficultés d’adaptation en début de course, pourquoi ?
Aujourd’hui mes sensations étaient un peu bizarres. Nous sommes en stage depuis jeudi, nous avons bien travaillé vendredi, beaucoup dans le froid depuis une semaine et demie. J’ai aussi fait le déplacement le week-end précédent à Igorre, en Espagne, pour la Coupe du Monde. Le cyclo-cross a été très dur, le voyage aussi car c’est très fatigant. Cette semaine, je me suis bien reposé pour faire une grosse semaine à l’entraînement en vue de la Coupe du Monde la semaine prochaine à Kalmthout. J’ai donc eu un peu de mal à mettre la machine en route, mais sur un parcours aussi exigeant, j’étais confiant. Il fallait simplement ne pas commettre d’erreurs.
Tu as semblé aller de plus en plus vite au fil des tours…
Oui, et c’est important pour moi car je travaille en vue d’échéances internationales et en Coupe du Monde, par exemple, la différence se fait dans le dernier quart d’heure. C’est donc à ce moment-là qu’il faut savoir aller encore plus vite.
Tu avais fait du Challenge National un objectif, c’est gagné !
Le premier objectif de la saison était de gagner le classement général du Challenge National pour la septième fois de suite. Je n’avais pas d’autre choix que de gagner cette dernière manche. Bien sûr, il y avait des calculs à faire. Si Steve Chainel gagnait à Saint-Jean-de-Monts et que je faisais trois, c’est à lui que revenait la victoire finale, mais je ne préférais pas entrer dans tous ces calculs. J’étais venu ici pour gagner le Challenge et j’étais dans l’optique de remporter la finale.
Sept victoires finales, tu accentues le record qui t’appartient…
Sept victoires au Challenge National, dix-sept manches victorieuses, et j’espère que ce n’est pas fini…
Ta victoire finale cette saison aura toutefois été marquée par ta défaite face à Steve Chainel à Saverne. N’a-t-elle pas provoqué chez toi une petite remise en question ?
Non, pas du tout. Je savais qu’il arriverait un jour où je serais battu, mais mon objectif initial était de gagner le Challenge National, et pas toutes les manches. En terminant 2ème à Saverne ce n’était pas fini mais je n’avais plus d’autre alternative que de gagner les deux manches suivantes. A Miramas, je suis parti avec une tactique différente, que je n’aurais sans doute pas mise en application si j’avais gagné à Saverne.
Sept Challenges Nationaux, ça représente quoi ?
Ca prouve que je suis toujours régulier, que je travaille toujours sérieusement. Je viens toujours sur les Challenges avec la même envie, jamais pour faire de la figuration. Je viens pour exercer mon sport favori et montrer mon maillot le plus haut possible, d’autant que je suis le porteur du maillot de champion de France depuis cinq ans. Quand on voit des organisations comme celles du Challenge National, on ne peut qu’être très heureux d’être sur le vélo.
Ce parcours unique, avec la traversée de la plage, t’a-t-il séduit ?
Oui, ça m’a plu, c’était très bien organisé. C’est un circuit roulant mais assez physique avec les portions de sable. C’est la première fois en France que nous avions un tel circuit et j’espère que nous en aurons d’autres tous les ans.
Tu serais donc pour la pérennité d’un tel rendez-vous ?
Ce qu’il manque en France, c’est une régularité des grandes courses. Si l’on arrivait à créer un petit challenge avec les dix meilleures épreuves françaises, ça pourrait faire un très beau challenge. Imaginez que l’on regroupe dans un même circuit des cyclo-cross comme Nommay, Liévin, Pontchâteau, Lanarvily, Quelneuc… Si l’on pouvait organiser ces courses au niveau international tous les ans, ce serait une grande satisfaction. C’est ce qu’il manque en France.
Régnait-il un parfum de Belgique à Saint-Jean-de-Monts ?
Oui, tout à fait. Ces parcours-là sont typiques de ceux que l’on retrouve en Belgique. Il y avait en plus beaucoup de public, c’était très bien, et c’est ce qui est encourageant. D’autant plus que c’était retransmis à la télévision sur France 3 Ouest. Nous nous battons pour que toutes les manches du Challenge National soient retransmises à la télé. C’est du beau spectacle et ça ne dure qu’une heure.
Tu restes intouchable en France, tu viens de terminer 2ème d’une Coupe du Monde, tu sembles meilleur que jamais ?
Cette année, tout se passe bien mais on a vite fait de faire des erreurs. Il suffit de voir la chute que j’ai bêtement faite aujourd’hui. J’aurais pu vite me casser quelque chose. Il faut toujours rester bien concentré mais cette année tout se passe bien à l’entraînement. Je réalise toutes les séances dont j’ai envie et j’espère que ça va continuer en janvier, le but étant de rester en bonne santé.
Propos recueillis à Saint-Jean-de-Monts le 12 décembre 2010.