Fabien, tu as rejoint l’Armée de Terre au 1er novembre. Explique-nous ton choix.
Je suis militaire depuis cinq ou six ans. C’était un moyen de rendre la pareille à mon régiment qui me laisse des disponibilités pour rouler. De cette façon, c’est un moyen de faire de l’image pour eux avec des photos en kaki sur le vélo dans les articles de journaux.
Aurais-tu rejoint cette équipe si l’ASPTT Definitive Tec, ton team VTT, ne s’était pas arrêté ?
Oui, c’était prévu déjà l’année dernière. Cela ne s’était pas fait parce qu’au dernier moment, je ne me suis pas mis au cyclo-cross à fond, juste en dilettante. Cette année je voulais m’y mettre vraiment comme il faut et je cherchais des vélos de cross.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te recentrer sur le cyclo-cross ?
Disons que le VTT bat un peu de l’aile en ce moment. Ce n’est pas évident de trouver des teams et des moyens financiers pour se déplacer. Le cyclo-cross, c’est plus proche pour moi que ce soit en Belgique ou en Suisse. Il y a des courses en Franche-Comté tous les week-ends. Cela me permet de me déplacer à moindre coût. Et puis cela permet d’avoir un objectif l’hiver et de préparer la saison future.
Les performances de ton petit-frère, Émile, vainqueur du Challenge National et champion de France Cadet l’an dernier, ont-elles pesé sur ta décision ?
Oui, cela motive pour faire du cyclo-cross ! Cette année il en fait moins, car il est au pôle France VTT. Il se concentre là-dessus et ne s’entraîne pas pour le cyclo-cross cette année, mais je pense qu’il y reviendra l’année prochaine.
Au sein de l’Armée de Terre seras-tu considéré comme un crossman ou comme un vététiste ?
Je fais un peu les deux. Je ferai les manches de Coupe de France et les Coupes du Monde VTT sous un maillot privé, donc pas celui de l’Armée de Terre. Je ne participerai qu’aux courses régionales avec l’Armée de Terre et sur route. Pour eux, oui, je serai donc plus considéré comme le crossman que comme le vététiste.
Participeras-tu aux épreuves sur route avec la DN1 ?
S’ils m’en laissent l’opportunité, pourquoi pas ? C’est comme pour le cyclo-cross : j’aime apprendre. Si je peux courir avec les meilleurs amateurs de France, c’est une belle occasion.
Tu as donc choisi de te focaliser sur le cyclo-cross cet hiver avec une 12ème place lors de la première manche de Coupe du Monde à Valkenburg.
Ça a été la surprise. Passer la ligne juste derrière Niels Albert ou des noms comme ceux-là… On peut dire que c’était ma course. C’était exceptionnel pour un début, mais il ne faut pas s’attendre à cela tous les week-ends non plus. C’était un circuit qui me convenait avec des bosses. Dès que c’est roulant, j’ai un peu plus de mal par rapport aux routiers. Il y a pas mal de paramètres qui m’ont permis de faire ce résultat.
À quoi a ressemblé ton programme avant la Coupe du Monde de Coxyde ?
J’ai fait le Challenge National à Quelneuc. Cela a été un peu compliqué. J’ai fait un très bon départ, et je me suis un peu cramé les ailes pendant un tour. Par la suite, ça a été un peu plus dur. J’ai aussi participé à des courses en Suisse avec des places dans les dix. Cela permet de rouler un peu, de garder le rythme. Les Suisses sont assez costauds avec Simon Zahner, Julien Taramarcaz, Marcel Wildhaber ou les vététistes comme les Flückiger ou les Ralph Näf. Il y a aussi pas mal de Français avec Francis Mourey ou Clément Venturini qui viennent parfois. Cela densifie les courses. Elles sont assez spéciales. C’est tout le temps pourri, tout le temps un carnage (il rit) ! Il y a aussi beaucoup de public avec des Néerlandais et des Italiens.
Comment juges-tu ton état de forme ?
Je pense que je suis loin d’être à fond. Il y a beaucoup de choses à travailler. Je manque de force. Je manque de route, tout simplement. Il me manque ces courses l’été pour être performant en cross. Cela vient doucement, je le sens. Si l’année dernière on m’avait dit que j’allais faire cela, j’aurai signé de suite. J’attends d’évoluer avec les enchaînements de courses. On verra ce que cela donne au mois de janvier.
Espères-tu faire ta place au sein de la hiérarchie nationale ?
C’est l’objectif. J’étais parti en début d’année en me disant que le Top 10 serait une bonne chose. Mais au vu des résultats jusqu’à maintenant, je pense que je peux faire mieux. À Quelneuc, sans faire un start de folie, le Top 5 était jouable. Je peux m’y installer pour jouer ma place sur les Coupes du Monde et éventuellement avoir une sélection au Championnat du Monde. J’ai couru les Championnats d’Europe de VTT cette année. Venir sur les Championnats du Monde de cyclo-cross pour ma première année, c’est quelque chose qui me donne envie. C’est un gros objectif. Cela me motive et me donne l’envie de continuer.
As-tu mis définitivement le VTT de côté ?
Non, je vais continuer, mais je vais me mettre au XC eliminator. Je vais aussi courir sur route et cela va me donner du fond pour le XCO. C’est une période où je me pose des questions, où je me demande vers quoi je vais m’orienter. Il y aurait les moyens en VTT, je ne me poserai pas la question, mais comme ce n’est pas évident, on est toujours en train de se demander où on ira. Je me suis fixé comme objectif le XCE, on fera le compte-rendu à la fin de la saison de cyclo-cross.
Quel est ton objectif quand tu t’alignes derrière Sven Nys ou Niels Albert en Coupe du Monde ?
Découvrir. Rouler avec les meilleurs comme j’ai pu le faire en VTT. Au départ, en Coupe du Monde quand nous étions 240, j’avais le dossard 230. C’est la même chose en cyclo-cross. Je pars dernier et il faut essayer de remonter pour voir ce que c’est. Je n’en suis pas pour l’instant à vouloir faire ma place au niveau international, mais je veux faire la meilleure place possible, ramasser quelques points UCI au passage pour grappiller doucement les places. Mais pour le moment, c’est clairement de la découverte pour moi. Il n’y a pas d’objectif chiffré si ce n’est faire du mieux que je peux et me faire plaisir.
Propos recueillis à Coxyde le 23 novembre 2013.