Clément, tu as vécu une cruelle désillusion mercredi dernier lors de la finale de la Coupe de France à Flamanville. Que s’est-il passé ?
J’ai cassé ma chaîne juste après avoir passé le poste de dépannage dans le premier tour. Du coup, ça m’a fait faire un bon demi-tour à pied. Je suis reparti dans les toutes dernières positions. Les gars de devant étaient déjà très loin. Je suis remonté un peu, aux alentours de la 30ème place, mais j’ai décidé d’arrêter.
Pourquoi ?
J’avais un peu mal au dos. J’étais déjà tombé à Zolder en Coupe du Monde quatre jours avant. Je ressentais encore quelques douleurs. J’ai préféré abandonner pour ne pas trop tirer dessus et ne pas hypothéquer le reste de la saison. Je voulais me préserver pour le Championnat de France. Je savais de toute façon que pour le général de la Coupe de France, c’était plié. J’étais déjà vraiment loin. Il aurait fallu que je sois remonté dans les cinq premiers pour jouer la gagne. Ce n’était plus jouable. Mais le malheur des uns fait aussi le bonheur des autres.
La malchance te poursuit puisque tu avais subi exactement le même sort chez les Juniors il y a trois ans.
Oui, j’y ai repensé, mais il faut se dire que ça avait aussi tourné en ma faveur l’an dernier. J’avais été 2ème des deux premières manches derrière Fabien Doubey, mais il abandonne la dernière manche, ce qui m’avait permis de remporter le classement général. C’est dommage, c’est sûr, mais j’ai déjà tourné la page. Quelque part, il vaut mieux que ça me soit arrivé à Flamanville qu’à Besançon. Sur un Championnat de France, c’est tout de suite plus délicat et les regrets auraient été d’autant plus forts. Même si une Coupe de France reste une belle ligne à un palmarès, ça n’a pas la même valeur qu’un Championnat de France.
Cet événement n’était qu’un incident de parcours et tu te présenteras à Besançon dans la peau du grand favori pour la course Espoirs samedi.
C’est sûr que je ferai partie des favoris, mais Victor Koretzky a montré à Flamanville qu’il était bien prêt physiquement. Il sera l’un des autres favoris samedi. Je me suis bien préparé pour l’événement. Je suis confiant sur ma préparation. D’ici à samedi, je ne vais pas trop taper dedans. Ça sera plus de l’entretien physique. Je vais faire des petites sorties et quelques exercices d’intensité, mais rien d’extraordinaire.
Le circuit de Besançon fait partie des grands classiques du cyclo-cross français. Quel regard portes-tu sur ce tracé ?
Même s’il existe chaque année quelques petites modifications, c’est un site que je connais bien. C’est souvent boueux et ça devrait l’être encore plus cette semaine puisqu’il a pas mal plu là bas. Je sais donc à quoi m’attendre. Je l’ai déjà parcouru en course quatre fois. En novembre 2009, j’étais Cadet 1 et c’était un vrai chantier dans la boue ! J’y suis retourné en Junior 1, j’y avais gagné en Junior 2 et j’avais fait 2ème chez les Espoirs l’an dernier. L’un des gros risques, avec la boue, c’est la casse mécanique. Mais dans ces conditions, c’est aussi souvent le physique qui joue.
Et physiquement, tu sembles avoir passé un cap cet hiver.
Oui, par rapport à l’an passé, je crois avoir franchi un cap. C’est sans doute dû à la route où j’ai participé à pas mal de courses Elite et des épreuves par étapes. Cela m’a bien aidé à progresser. Je suis content de ma progression et je pense qu’il est encore possible de m’améliorer.
Cette progression se traduit aussi au niveau mondial. Que peux-tu attendre des dernières manches de Coupe du Monde ?
Depuis le début de la saison, je suis toujours assez régulier. J’ai terminé 3ème à Valkenburg, 4ème à Coxyde et Namur, 5ème à Zolder. La prochaine manche se déroulera en France à Lignières-en-Berry. C’est toujours intéressant. Il y aura plus de monde que je connais. J’ai hâte d’y être pour voir comment ça va se passer. Rester dans le Top 5 serait une bonne chose. Remporter une Coupe du Monde, ce serait la cerise sur le gâteau. Mais pour le moment je n’y pense pas trop, étant fixé sur le Championnat de France. Je commencerai à y penser après samedi. En tout cas, le circuit de Lignières pourrait davantage me correspondre, car les circuits belges ou néerlandais comportent des spécificités que l’on ne retrouve pas nécessairement chez nous comme le sable. A Coxyde, j’ai eu un peu de mal au début, mais le physique était bon et c’est ce qui m’a permis de signer une 4ème place.
Cette saison est riche en nouveautés pour toi puisque depuis le 1er novembre tu portes les couleurs du Team Probikeshop-Saint-Etienne-Loire. Quelles ont été tes motivations ?
Je n’ai pas encore fait de rassemblement avec l’équipe première puisqu’ils ont généralement lieu le week-end, quand je suis en compétition. Je connais la plupart des coureurs et des dirigeants. Je vais apprendre à connaître ceux que je n’ai jamais rencontrés. Pour l’heure tout se passe bien. Je suis assez autonome en cyclo-cross. Mon père me suit, j’ai un camion aménagé pour le cyclo-cross et, comme à Charvieu-Chavagneux, je suis aidé pour les frais de déplacement, ce qui est très important, car cela coûte vite très cher. Pendant quelques années, le Team Probikeshop-Saint-Etienne-Loire avait une belle présence en hiver avec Guillaume Perrot qui a mis un terme à sa carrière. Ça leur fait plaisir de conserver un cyclo-crossman. Leur intérêt pour le cyclo-cross est très important. Au niveau sportif, sur la route, cela me permettra aussi de découvrir les Coupes de France DN1.
Cela veut-il dire que tu entrevois ton avenir sur la route ?
Je pense à la route et c’est ce qui m’a poussé à rejoindre une équipe de DN1. Je souhaite franchir un cap et découvrir d’autres choses. A l’avenir, j’aimerais avoir autant de résultats sur la route qu’en cyclo-cross. Je préfère le cyclo-cross, mais je prends de plus en plus de plaisir sur route. J’ai envie d’allier les deux disciplines. Mais si on me propose un contrat professionnel sur la route me demandant de délaisser le cyclo-cross, je le ferai. Mon objectif est aussi de passer professionnel, même si j’aurais quelques regrets si je devais abandonner ma discipline de prédilection. J’ai toujours fait du cyclo-cross, j’ai toujours aimé cette discipline et j’ai toujours eu de bons résultats.
Propos recueillis le 5 janvier 2016.