Caroline, tu as fait ton entrée en Coupe du Monde à Namur (32ème) puis Zolder (18ème). Quelles ont été tes sensations ?
Je n’ai pas eu de bol à Namur car j’ai crevé au mauvais endroit. N’ayant pas couru les cinq premières Coupes du Monde en début de saison, je suis partie loin. J’ai pris un départ vraiment mauvais mais je suis remontée jusqu’à la 17ème place… avant de crever. J’avais les jambes pour faire entre 10 et 15 mais j’ai dû effectuer les trois quarts d’un tour de circuit à pied. Après cela je me suis attachée à finir la course pour obtenir quelques points. A Zolder, j’ai tout de suite senti que je n’étais pas dans un grand jour. Un départ moyen, difficile d’accélérer, esseulée contre le vent de face… Et je constate que j’ai du mal depuis que je suis rentrée en France.
Tu cartonnes pourtant aux Etats-Unis, comment expliques-tu tes difficultés à te mettre dans le bain en Europe ?
J’ai pris un rythme de vie là-bas. Cela fait sept mois que je suis aux Etats-Unis. Je suis rentrée en France une semaine avant Noël mais j’ai eu un mal fou à me remettre du décalage horaire. Je suis tombée malade et je sens que je suis encore bien grippée. J’ai dormi vingt-deux heures d’affilée à mon arrivée en France, je n’avais jamais fait ça ! Alors c’est frustrant parce que je ne suis vraiment pas aux places où j’ai l’habitude de me situer. J’ai eu une saison 2012 difficile et j’attends de pied ferme le 31 décembre pour célébrer 2013 !
Penses-tu que les sensations puissent revenir d’ici la Coupe du Monde de Rome le 6 janvier ?
Je ne sais pas encore si j’irai à Rome ou si je ferai l’impasse avant de revenir aux Championnats de France. A l’heure actuelle, j’ai eu deux bons week-ends pour m’acclimater mais je ne comprends pas et je ne suis pas à ma place. Je n’ai pas de sensations depuis mon retour en Europe et c’est frustrant. Je n’ai pas vu ma famille depuis sept mois et j’ai fait l’impasse sur Noël pour être en Belgique. Au final, je fais deux contre-performances…
Tu as le sentiment de ne pas être récompensée de tes efforts…
C’est ça ! Je fais des sacrifices mais c’est le sport, et il va me falloir faire encore plus de sacrifices. Pour moi 2012 est une année à oublier, que ce soit en cross ou en VTT, où j’ai carrément mis pied à terre en milieu de saison pour me sauver faire mon stage en entreprise aux Etats-Unis. J’ai vite vu que je n’étais pas dans le coup pour une sélection olympique, mais n’ayant pas d’équipe j’ai privilégié mes études ces deux dernières années en réalisant des stages en entreprise. Je constate que les teams sont restreints en budget et ne te laissent pas une chance si tu ne fais pas une super perf. Personne ne m’a offert cette chance, j’ai donc dû financer moi-même, avec mes sponsors, mes déplacements. Se mettre dans le dur financièrement pour ne pas être dans le coup au niveau mondial, ça fait réfléchir et ça invite à se concentrer sur autre chose.
Comment envisages-tu la fin de ta saison de cyclo-cross ?
Je me reconcentre sur le Championnat de France, sachant que pour le moment je n’ai pas un pied dans la sélection nationale pour le Championnat du Monde. De toute façon quand je vois mes deux résultats en Coupe du Monde je me dis que je ne mérite pas une place au Mondial. Il va maintenant falloir se reconcentrer et établir de nouveaux objectifs pour réaliser une année 2013 flamboyante !
Tu sembles t’être bien acclimatée aux compétitions américaines ?
Aux Etats-Unis, c’est sympa car je roule avec certaines des meilleures mondiales comme Katerina Nash, Georgia Gould, Katherine Compton. Je me plais mieux aux Etats-Unis, et mon objectif à terme est de m’y installer définitivement. Je cours pour Raleigh-Clement en cross, avec qui je devrais renouveler mon contrat et donc peut-être repenser mon calendrier en l’allégeant sur route et VTT, où je n’ai pas d’équipe, pour privilégier la saison de cyclo-cross. Un peu à l’image de Katherine Compton, en courant les Coupes du Monde en Europe et tout le reste aux Etats-Unis.
Julie Krasniak s’est elle aussi installée aux Etats-Unis…
Oui et c’est mon ambition également. J’aimerais vivre au Colorado, j’y travaille mais ce n’est pas facile avec toutes les histoires de visa etc. Trouver un mari aux Etats-Unis faciliterait les choses ! Comme Julie, avec qui on déconne par rapport à ça ! Mais c’est clair que le système américain me convient mieux. Les gens sont beaucoup plus ouverts que les Européens. Je m’y sens plus à l’aise, plus dans mon milieu. J’ai le sentiment de prendre un nouveau départ.
Peux-tu nous donner un exemple concret de ce qui diffère dans l’atmosphère entre les cross européens et américains ?
C’est plus détendu dans l’approche. Ici en Europe chacun se prend au sérieux. Les mecs ont tous leur camping-car, il ne faut pas les approcher. Jamais un pro n’est venu me parler. Aux US, c’est très ouvert, très familial. On peut tout à fait aller manger ensemble avec une autre équipe la veille d’une course. On se fait la guerre sur le vélo mais on déconne après la course. Rien à voir avec la tension ou la rivalité qui existent ici. Tout le monde va sous la tente de tout le monde et c’est très sympa. Et puis on court le samedi et le dimanche sur le même circuit quand en France tu fais 800 bornes pour faire une course de 40 minutes.
Propos recueillis à Heusden-Zolder le 26 décembre 2012.