Dimanche 12h47. Treize minutes avant le début de la course des Espoirs. Une pluie fine s’abat sur Nommay et humidifie un air déjà glacial. De quoi faire changer les coureurs au niveau pneumatique ? Pas forcément mais tous s’interrogent, en parlent, hésitent. Les mécanos s’activent et partent au poste après un dernier nettoyage de vélo et la tension monte tout doucement pour les moins de 23 ans. Certains, dont Yan, envisagent une sélection en équipe de France pour la manche de Coupe du Monde de Namur dans quinze jours et doivent absolument terminer dans les toutes premières positions. Réponse ce soir.
12h51. Daniel Mangeas, speaker de l’épreuve, reprend la parole et les choses s’accélèrent subitement. Direction la ligne de départ pour Yan et Mickaël, respectivement en première et deuxième ligne. Un bon départ est indispensable en cyclo-cross pour nourrir des espoirs de victoire, certains disant même que c’est 50 % de la course qui se joue après la première ligne droite. Sans forcément se focaliser là-dessus, les deux jeunes hommes s’avancent confiants et prêts à tout donner.
12h55. Retour d’Anthonin après 4-5 tours de circuit. Son impression est plutôt bonne, il pense que le parcours devrait être gras pour son passage après deux nouvelles courses, et cette situation l’arrangereait beaucoup. Changer de matériel ? Ce serait une prise de risque qu’il ne semble pas prêt à envisager. Il s’immisce dans le camping-car, se change puis se remet dans sa bulle. Dans le même temps, son mécano nettoie le vélo, effectue les derniers réglages et prépare les trois montures qui lui serviront durant l’heure de course.
13h. Départ de la course Espoirs. Trois coureurs se dégagent légèrement parmi lesquels Mickaël. Dans le même temps, Yan est moins chanceux et chute dans le premier virage après l’escalier. Le maillot plein de boue côté droit, il se relève rapidement et se retrouve aux alentours de la dixième place. Un moindre mal mais il a déjà perdu le contact avec Clément Russo et les frères Dubau, grands favoris. Dans le mête temps, le reste du Cross Team suit tout cela avec attention depuis le camping-car grâce à la retransmission en direct sur internet, ce qui permet à tout le monde de rester au chaud. Puis Steve part au massage. Une discussion avec son mécano nous apprend que les Juniors n’ont quasiment pas changé de vélo en cours de course, ce qui laisse penser à un circuit toujours très roulant, où la boue n’a pas encore d’emprise. Pas de changement au niveau des pneus malgré le terrain à peine plus glissant, toujours gonflés à deux bars comme prévu.
13h26. C’est à peu près la mi-course des Espoirs et cinq concurrents se sont détachés assez largement. Malheureusement, aucun membre du Cross Team by G4 n’y figure. Yan n’a jamais pu rentrer après sa mésaventure et Mickaël a eu un problème au niveau de ses vitesses, ce qui l’a obligé à changer de vélo et fortement handicapé. L’écart se creuse et atteint vite la demi-minute. Yan choisit alors de partir seul en contre et tente un come-back qui s’annonce compliqué.
13h34. Yan est en chasse-patate et n’aperçoit toujours pas le cinquième, trop loin devant. Derrière lui, les coureurs perdent tout doucement du terrain et laissent le Lorrain seul dans le sous-bois de Nommay. Mickaël continue à reculer et se trouve rejeté au-delà de la dixième position. Mais pour sa première année Espoirs, le jeune Breton se défend très bien même si sa performance – 10ème – de la deuxième manche de Bagnoles de l’Orne ne sera pas réitérée.
13h45. Lucie est en plein échauffement alors que les Espoirs entament le dernier tour. Son départ est dans 30 minutes et la cadence de pédalage s’intensifie, de façon à chauffer les muscles et faire monter le cœur. Organes qui seront mis à dur épreuve pendant quarante minutes.
13h53. Yan franchit la ligne et rentre immédiatement dans le camping-car, sans avoir pu rentrer sur les cinq de tête. Sixième au final, il est un peu énervé mais surtout déçu. Son vélo plein de boue collante reste appuyé près de la portière et il s’isole pour se changer.
14h04. Mickaël arrive à son tour sur le parking, bien entouré. Content de son départ, son souci de dérailleur ne l’a pas aidé et il termine à une 18ème place au goût légèrement amer. Mais il n’en perd pas pour autant son sourire et discute volontiers avec ceux qui l’interrogent. Il prend son temps pour rentrer et le calme qu’il dégage ne fait penser à aucun moment qu’il vient de s’employer pendant cinquante minutes sur le parcours. C’était pourtant bel et bien le cas.
14h20. La course des Dames vient de partir mais Lucie, surprise par le terrain glissant, chute dans le premier tour. Proche de la 20ème place à ce moment précis, elle s’emploie pour revenir rapidement à la 10ème position. La foule présente dans le Pays de Montbéliard la pousse mais la jeunesse de la discipline, emmenée par les sœurs Clauzel, ne laisse aucune chance aux fautives et s’envole à l’avant.
14h35. Les filles ont encore trois tours à parcourir quand Anthonin commence sérieusement son échauffement. Le temps de discuter quelques secondes avec Yan, à peine sorti de la douche. Il revient sur sa chute, déçu de ne pas avoir pu jouer la gagne aujourd’hui. « C’est la course ! » lâche-t-il avec le sourire. « J’ai loupé le bon wagon et j’ai dû chasser seul pour rentrer, mais j’étais trop loin. » De son côté, Lucie est remontée à la neuvième place mais les écarts augmentent et elle va devoir s’employer encore un peu plus pour revenir. L’espoir renaît quand elle aperçoit les concurrentes qui la précèdent au bout d’une ligne droite…
A suivre…