Peter Sagan (De BORA-Hansgrohe à TotalEnergies)
Ce n’est pour l’instant qu’un montage, mais ce sera bientôt une réalité : Sagan chez TotalEnergies, c’est vrai ! | © Instagram Image
La rumeur a enflé jusqu’à devenir réalité. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le triple champion du monde, Peter Sagan, a bien signé en division Continentale Pro, au sein du Team TotalEnergies. Le slovaque débarque ainsi cet hiver en Vendée avec ses fidèles équipiers Daniel Oss et Maciej Bodnar dans ses bagages, ainsi que son fameux équipementier, l’américain Specialized.
Le coup est d’autant plus surprenant que l’effort financier requis pour une telle venue semblait hors de portée du budget de Jean-René Bernaudeau. En effet, chez BORA-Hansgrohe, le fantasque cycliste recevait une enveloppe de 5 millions annuels. S’il est probable qu’il ait consenti à un léger effort sur cet aspect, il n’en reste pas moins conséquent, d’autant plus qu’il a également imposé l’intégration du directeur sportif Jan Valach, d’un mécanicien, d’un masseur et même de son attaché de presse au staff de l’équipe ! Une vraie cour ! Heureusement que Specialized sort le chéquier pour alléger l’addition du côté vendéen.
D’un point de vue sportif, ce transfert n’est non moins étonnant. Historiquement basée sur le baroud et l’attaque, faiseuse traditionnelle d’échappée, chouchou de panache du public français, le Vendée Cyclisme SA semble se tourner vers de toutes autres stratégies. Auparavant multiplicatrice de cartes blanches, la formation va forcément tendre vers un leadership unique, forcé par l’arrivée d’un tel champion au sein du collectif. En effet, Peter Sagan n’est pas là pour faire de la publicité, mais pour gagner. Enfin, regagner.
Car le slovaque semble en bout de course. A 31 ans, il n’a remporté que 5 bouquets cette saison, bien loin de ses standards passés (14 victoires en 2016 par exemple). En perte de confiance à la BORA-Hansgrohe, l’homme au 119 succès cherche ainsi à trouver un second souffle auprès du bon air vendéen. Mais le fiasco des expériences passées de Joseba Belloki, Niki Tepstra ou encore Edvald Boasson Hagen ne pousse pas à l’optimisme à ce sujet. Le pari de Jean-René Bernaudeau paraît ainsi bien risqué. Mais s’il s’avérait gagnant, il pourrait ouvrir les portes du World Tour.
Christophe Laporte (De Cofidis à Jumbo-Visma)
A 29 ans, Christophe Laporte va quitter son équipe de toujours, la Cofidis | © Cofidis
Le coureur français est une espèce qui s’exporte peu à l’étranger. En 2021, ils n’étaient que 9 à courir dans des WorldTeams outre-hexagone (Julian Alaphilippe, Florian Sénéchal et Rémi Cavagna chez Deceuninck Quick-Step, Hugo Hofstetter, Alexis Renard et Rudy Barbier chez Israël Start Up Nation, Kenny Elissonde et Julien Bernard chez Trek Segafredo, Romain Bardet chez DSM). En 2022, Christophe Laporte rejoindra ce cercle restreint, en intégrant en plus l’une des plus prestigieuses formations de l’élite : la Jumbo Visma. Le varois évoluera ainsi aux côtés des Roglic, Kruijswijk, Van Aert et consort, dans une équipe équilibrée entre conquête des classements généraux et quête des classiques. Dans ce double objectif, Christophe Laporte pourra ainsi servir le deuxième.
Mais au contraire de son statut à la Cofidis, le français ne sera pas la tête de proue de son équipe dans ce domaine. Il l’avoue lui-même, il jouera le gregario pour Wout Van Aert. Son choix, il l’explique par la quête de la perfection, la recherche d’un échelon supérieur dans sa carrière, là où tout est minutieusement étudié, où la performance est méticuleusement décortiquée. « J’ai hâte de découvrir leur matériel, leur façon de s’entraîner, leur approche de la nutrition. » a-t-il ainsi déclaré à La Provence. Alors étape nécessaire pour franchir un palier ou exil désastreux, le choix de la Jumbo Visma semble au tournant de la carrière de Christophe Laporte.
Alexys Brunel (De Groupama-FDJ à UAE Team Emirates)
Alexys Brunel a expliqué les dessous et les raisons de son transfert dans un épisode de Bistrot Vélo | © Eurosport
Il le confesse sans prétention : lui-même ne s’attendait pas à s’envoler vers les Emirats Arabes Unis lorsque la Groupama-FDJ lui a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat. Talent précoce, éclot dès sa deuxième course professionnelle, Alexys Brunel n’a jamais réussi à confirmer les immenses espoirs placés en lui. Sa victoire sur la première étape de l’Etoile de Bessèges 2020 n’a jamais trouvée d’héritière. Et son crédit a commencé à s’effondrer. Revêtit trop tôt de trop lourdes responsabilités selon ses dires, le nordiste n’a pas eu le temps d’évoluer comme souhaité. Le drame d’un début de carrière mal géré se termine ainsi en série d’abandon et florilège de résultats anonymes, tous teintés de déception.
Dans un tel cadre, la proposition du Team Emirates relève du miracle. Elle est pourtant issue d’un long rapprochement entre les deux parties, notamment noué par Mauro Gianetti, manager de l’équipe émiratie. Jouissant de nombreuses pépites de la génération 98, telles Tadej Pogacar ou Marc Hirschi, l’italien s’est ainsi rappelé qu’elles avaient Alexys Brunel comme challenger dans les rangs juniors, avant que les destins ne s’écartent. Estimant que le français n’a dévoilé qu’une partie mineure de son talent, le Team UAE a ainsi décidé de lui offrir sa chance de progresser au plus haut niveau, protégé en compétition par un rôle d’équipier, pour mieux développer sa puissance en chrono. « Nous pensons qu’il peut remplir un rôle très important dans l’équipe, surtout dans les classiques et bien sûr le contre-la-montre, où il a montré qu’il pouvait faire de grandes choses. C’est un coureur qui sera essentiel auprès de nos leaders, mais qui obtiendra également son espace pour montrer ce qu’il peut faire. » a ainsi énoncé Joxean Matxin, directeur sportif de l’équipe. Cette expérience est à suivre de près pour l’étude de la qualité de la formation française, en comparaison aux écuries étrangères.
Elia Viviani (De Cofidis à INEOS-Grenadiers)
Elia Viviani sera de retour à la maison Sky | © INEOS Grenadiers
Qu’Elia Viviani quitte le Team Cofidis, où il n’était pas en réussite, n’est nullement une surprise. En revanche, qu’il la quitte pour rejoindre INEOS-Grenadiers en est une. Ogre de Grands Tours, monstre de classements généraux, avaleuse de classiques, la formation britannique est en revanche nettement moins connue pour ses atouts en sprint. Demandez à Mark Cavendish comment il a vécu sa pige d’une saison outre-Manche en 2012, il vous répondra. Et Elia Viviani en personne a été aussi prolifique en un an avec la Quick Step (18 victoires en 2018) qu’en trois ans avec la Sky (19 victoires entre 2015 et 2017). Dès lors, son désir de retourner en Angleterre suscite quelques interrogations.
Privé de victoires en World Tour depuis qu’il a endossé le maillot de la Cofidis en 2020, l’italien a évidemment besoin de se relancer au plus au niveau du cyclisme mondial. Mais est-il une bonne idée de le faire dans une équipe, certes de très haut niveau, mais sans réel train de sprint forgé autour de sa personne. Or, l’évolution du sport démontre de plus en plus la nécessité d’un tel édifice. L’outrageuse domination de la Deceuninck Quick-Step dans ce domaine cette saison y est notamment due.
Les raisons de ce come-back se trouvent peut-être davantage du côté de la piste pour le transalpin. Séduit par la réussite de son compatriote Filippo Ganna à combiner les deux disciplines, Elia Viviani entend ainsi reproduire ce modèle idéal avec l’écurie britannique. Il retrouvera donc un cadre performant et familier pour poursuivre cette double carrière, et dorer ses dernières années sur le vélo. « Dès le moment où j’ai quitté l’équipe, j’avais dans la tête qu’un jour je reviendrais. Je n’ai jamais perdu contact avec l’équipe – avec Dave (Brailsford), Rod (Ellingworth), et avec les coureurs et entraîneurs italiens » a-t-il ainsi expliqué dans un communiqué de sa future formation.
Miguel Angel Lopez (De Movistar à Astana)
Miguel Angel Lopez sous le maillot d’Astana | © Astana Pro Team
Il n’était pas tout à fait invraisemblable que Miguel Angel Lopez quitte la Movistar après son coup de tête sur la Vuelta. Son comportement immature et totalement irrespectueux envers sa formation indiquait effectivement clairement la porte de sortie. Elle devenait même un passage obligatoire après la rupture conjointe de son contrat avec l’équipe espagnole.
En revanche, qu’il revienne au Kazakhstan, du côté de chez Astana, est davantage déroutant. Parti l’hiver dernier en raison d’exigences financières surpassant la capacité budgétaire de l’écurie d’Alexandre Vinoukorov, Miguel Angel Lopez avait même fait traîner l’officialisation de son transfert à la Movistar à cause de la négociation de ces mêmes requêtes.
Un an plus tard, nul ne sait si la formation kazakhe s’est refait une santé financière ou si le colombien a revu à la baisse ses conditions, mais le fait est là : Miguel Angel Lopez est de retour « à la maison », pour reprendre ses propres termes. Effectivement, le natif de Pesca a effectué ses six premières saisons professionnelles chez Astana, de laquelle il se déclara ainsi redevable. Giuseppe Martinelli, son ancien et futur directeur sportif, en a même rajouté une couche, énonçant au média italien Spazio Ciclismo « Il ne voulait pas partir d’Astana en 2020, il préférait rester chez nous, mais le budget était vraiment petit. A la première occasion il nous a appelé et nous l’avons repris. ». Une aubaine pour les bleus ciels, en pénurie de grimpeurs.
Par Jean-Guillaume Langrognet