Vous cherchez une bonne excuse pour fuir le traditionnel repas dominical ? Ou, au moins, à vous distraire pendant son cours ? La solution est toute trouvée ! D’ailleurs, afin d’allier à votre cause vos convives, vous pourrez user d’arguments touristiques, culturels et même viticoles, histoire de brasser large (ou vendanger, en l’occurrence). En effet, ce dimanche 10 juillet, le Tour de France s’apprête à arpenter l’un des sites les plus exceptionnels qu’il existe en Europe occidental : le vignoble du Lavaux. Vitrine lémanique, cœur de la viticulture romande, haut-lieu de pratique du sport cycliste, celui-ci aura le don de rassembler tout le monde autour de cette fusion de passions. En outre, les cités de Montreux et Vevey, rendues chacune célèbre par le passage d’icônes culturelles, sauront présenter un bel apéritif à ce hors d’œuvre patrimonial.
Néanmoins, cette grandiose traversée ne se situera pas à moins de 150 kilomètres de l’arrivée, hors des heures de grandes audiences. Prévu de 13h à 14h, ce passage concordera effectivement avec les ordinaires transition du point de départ vers la ligne d’arrivée, où tout s’anime soudainement. Mais il n’y ressemblera certainement pas ! Entre enjeux sportifs et motifs touristiques, les retrouvailles avec votre canapé auront tout intérêt à être précoces.
Le Lavaux, grand cru de ce 109e Tour de France
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2007, le Lavaux illumine la pupille dès le premier coup d’œil. Cela fait un millénaire que sa situation d’exception en a fait une terre de vigne et de vin. Remontant les collines vaudoises par terrasses superposées, surplombant l’étendue lémanique de toute sa splendeur, éclairé par un soleil doux et généreux, le Lavaux s’est imp10osé comme une évidence auprès des premiers viticulteurs romands. Tandis que l’astre matriciel baigne vignes et raisins de ses rayons, le lac et ses multiples ruisseaux affluents rafraichissent délicatement les plantes et permettent une bonne maturation des baies, pour obtenir un équilibre sucre / acidité optimal. Voilà la recette d’un bijou viticole et d’une merveille panoramique.
Ce petit bout de paradis sera naturellement sublimé tout au long de sa traversée par les caméras d’Anthony Forestier, le réalisateur de la retransmission internationale du Tour de France. Celle-ci sera d’autant plus longue que les coureurs opèreront quasiment un demi-tour au niveau de Bourg-en-Lavaux, quittant le lac pour s’élever dans les vignes, et rejoindre Chexbres où sera tracé le sommet de la côte de Bellevue, première difficulté de la journée au nom bien porté.
Ainsi, profitez de cette double ration de Lavaux pour admirer l’église gothique de Saint-Saphorin et son clocher ouvert, relever les plus belles bâtisses de Chexbres ou simplement contempler cette étendue de vignes unique au monde.
Une entrée riche en découvertes
En outre, pour relier Aigle, siège de l’Union Cycliste Internationale (UCI) et village départ de cette 9e étape du Tour de France, au fameux vignoble en terrasse du Lavaux, le peloton traversera la très chic riviera lémanique. Les coureurs côtoieront d’abord le Châteaux de Chillon, fièrement dressé sur son piédestal rocheux, avançant sur le lac. Puis ils traverseront la luxueuse cité de Montreux, connue pour ses festivals d’humour et de jazz, ou son casino selon les milieux. La réalisation de France TV évoquera peut-être la particularité de ce casino : outre sa renommée en tant que tel, il abrita également le Moutain Studio du groupe de rock Queen entre 1979 et 1993. Le lieu est aujourd’hui reconverti en musée, accessible gratuitement au public.
Enfin, ce 109e Tour de France découvrira les ruelles typiques de Vevey, où s’est réfugié Charlie Chaplin à la fin de sa vie, léguant à la postérité une splendide villa en surplomb du rivage lémanique, devenue un musée dédié à sa personnalité et à son âge. Voilà de quoi allier culture et sport !
L’échappée belle
En effet, cette entame d’étape ne sera pas qu’une parade touristique, loin de là. Ce dimanche, cette première étape alpestre devrait sourire aux baroudeurs. Or, sur le Tour de France plus qu’ailleurs, cette opportunité est suffisamment rare pour être nécessairement saisie. Depuis le départ de Copenhague, seule l’échappée d’Arenberg a réussi à se jouer la victoire, sur une étape où l’on ne s’y attendait pas forcément. Tous les grimpeurs hors de portée du top 10 du classement général sauteront certainement sur l’occasion, en espérant arracher à Châtel une victoire pour prestige, voire, pour certains, le paroxysme d’une carrière.
Encore faut-il parvenir à intégrer l’échappée du jour. Dans de telles situations, les tentatives sont nombreuses du fait de la persistance d’éternels insatisfaits avant que la situation ne se décante. Sur le Tour de France, il faut parfois plus d’une heure avant que l’échappée ne soit fixée. A ce titre, les cols et côtes constituent un bon moyen de sélection des plus costauds. La côte de Bellevue en fera peut-être office. Si c’est le cas, elle laissera 37 kilomètres d’une bataille intense pour faire partie du gotha des prétendants au bouquet du jour.
Le premier bouquet français du Tour de France ?
Dès lors, ce début d’étape s’annonce plus animée que de nombreux finaux de la première semaine ! Les fanatiques d’attaques et de courses-poursuite seront somme toute ravis. Quant aux supporters de Thibaut Pinot, ils pourront peut-être assister aux premiers mouvements du franc-comtois, libéré de ses obligations auprès de David Gaudu par la tranquillité pressentie du côté des favoris. Et pourquoi pas le voir s’imposer à Châtel ? À moins qu’un autre français ne réalise cet exploit ? A nouveau, le panel des prétendants au titre de héros national, décoré par la Une de L’Equipe du lendemain, se formera dans cette fameuse traversée du Lavaux. Vous voilà maintenant prévenus. Faites donc fi de vos contraintes et allumez votre téléviseur dès 12h45. Profitez. Admirez.