Face à un peloton qui va de plus en plus vite chaque saison au détriment de la sécurité des coureurs, quelles peuvent-être les solutions pour l’UCI ?
Jantes de plus en plus hautes, vélos de plus en plus aérodynamiques, braquets de plus en plus importants,… Les coureurs vont de plus en plus vite chaque saison, sur des routes qui ne sont souvent pas prévues pour rouler aussi vite, surtout lorsque l’on est en peloton. Face à ces nombreux problèmes de sécurité, les équipes, comme les coureurs, les organisateurs ou encore les fans de cyclisme, attendent des mesures de l’UCI, qui a le pouvoir de décider et imposer des contraintes au peloton pour favoriser la sécurité des coureurs.
Ralentir les coureurs
Crédit : UCI
Le problème numéro an est sans doute la vitesse excessive des coureurs. Lors des arrivées au sprint, le peloton est lancé à plus de 60 km/h en pleine ville, au milieu des dos d’âne, ronds-points et autres ralentisseurs. Limiter la vitesse des coureurs semble difficile tant les enjeux sportifs et économiques sont importants, mais l’UCI pourrait instaurer de nouvelles normes au niveau du matériel. À commencer par les vélos. Chaque saison, les cadres sont de plus en plus aérodynamiques comme le Colnago Y1Rs ou encore le Ridley Noah Fast, des vélos taillés pour la vitesse. Les jantes de 50 ou 60 mm, qui sont devenues les hauteurs standards, favorisent aussi la vitesse des coureurs.
Face à ces équipements toujours plus innovants et plus rapides, il est de la responsabilité de l’UCI de réagir et d’imposer une norme, qui s’appliquera à toutes les marques et ainsi toutes les équipes du peloton pour limiter ces vitesses excessives. Le problème de cette éventuelle solution est que cela pénaliserait les marques de vélo, pour qui les équipes professionnelles sont une véritable vitrine pour ensuite vendre leur modèle au grand public. L’instance pourrait néanmoins limiter les braquets, à l’heure où les plateaux utilisés par les coureurs sont de plus en plus gros. De plus, l’évolution du matériel n’a pas que des effets négatifs. Les freins à disque par exemple, bien qu’ils puissent s’avérer dangereux dans certaines situations (coupure en cas de chute massive), sont bien utiles aux coureurs dans les descentes de cols ou encore lorsqu’il pleut.
Crédit : A.S.O./Oman Cycling Association/Pauline Ballet
Bien que les organisateurs fassent tout leur possible pour garantir la sécurité et mener à bien les courses qui font vivre notre sport, il serait nécessaire d’interdire certains aménagements routiers dans le dernier kilomètre par exemple, pour éviter certaines chutes, comme celle de Pascal Ackermann sur un dos d’âne en plein sprint sur la 3ᵉ étape du Tour de la Provence 2025.
Mieux équiper les coureurs
Il y aura toujours des chutes, quelle que soit la vitesse du peloton. Il est donc nécessaire de bien protéger les coureurs. Le sont-ils déjà ? La réponse est non. Hormis le casque, qui protège la tête uniquement, le reste du corps n’est recouvert par une légère couche de lycra, là encore optimisée pour l’aérodynamisme. L’UCI pourrait donc obliger les marques de textile de produire des équipements plus épais protégeant mieux les coureurs en cas de chute, notamment sur les zones souvent exposées (clavicule, épaule, cuisse). Pour limiter les abrasions et les plaies, l’équipe Picnic PostNL utilise déjà des tenues spéciales depuis 2016, comme l’affirme Warren Barguil dans l’émission Bitrot Vélo.
Crédit : AlUla Tour / Pauline Ballet
Depuis quelques années, l’idée d’équiper les coureurs d’airbags émerge. Christian Prodhomme, le directeur du Tour de France, est lui-même favorable à l’idée d’équiper tous les coureurs de ces airbags pour mieux les protéger en cas de chute. Ce système devrait permettre également de limiter les fractures de la clavicule, très fréquentes chez les cyclistes. Certains coureurs sont également pour l’instauration de ce système. Pour Stefan Küng « cela pourrait être une solution », affirmait le Suisse fin 2024. Une fois de plus, c’est à l’UCI d’imposer aux coureurs et aux équipes de porter certains équipements pour faire évoluer les choses et mieux protéger les coureurs de manière équitable.
Des premières mesures instaurées
L’UCI a déjà mis en place plusieurs mesures via SafeR (pour safe road cycling – cyclisme sur route sûr), la structure dédiée à la sécurité dans le cyclisme sur route masculin et féminin. Mis en place en 2023, elle réunit des représentants des principales parties prenantes du secteur dans un seul but : garantir la sécurité des coureurs. Après une phase de tests en 2024, l’UCI a instauré de nouvelles mesures depuis le début de la saison comme l’introduction d’un système de cartons jaunes pour sanctionner toute personne présente à l’échelon course susceptible d’adopter un comportement qui pourrait nuire à la sécurité de l’épreuve.
Vagues durant le sprint, jets de bidons dans des zones non autorisées,… Au total, ce sont 23 comportements qui sont sanctionnables. Si un coureur récolte plusieurs cartons, il pourra alors être suspendu provisoirement. Ce nouveau système est une bonne chose et devrait permettre de limiter les comportements dangereux, notamment lors des sprints.
Le Président de l’UCI, David Lappartient :
Crédit : UCI
« La sécurité des coureurs est une priorité, tant pour l’UCI que pour l’ensemble des acteurs du cyclisme masculin et féminin. Lancé en 2023, SafeR dispose maintenant d’une structure solide, et progresse avec rigueur et professionnalisme vers la concrétisation d’initiatives qui permettront de rendre le cyclisme sur route plus sûr pour ses acteurs centraux que sont les coureuses et les coureurs. Les tests réalisés pour l’évaluation de différentes mesures développées par SafeR démontrent, au-delà de leur évidente nécessité pour faire évoluer nos règles et protocoles, notre très bonne collaboration avec les organisateurs, les équipes et les coureurs. Nous sommes tous unis pour la cause de la sécurité et continuerons de progresser dans ce sens en 2025 et au-delà. »
Bilan :
Le poids ennemi du coureur et des équipes en vue des performances, mais le rôle de l’UCI est aussi de penser à la sécurité des coureurs et de trouver des solutions comme obliger certains équipements plus sécurisants, limiter braquets trop importants ou encore encadrer le développement des vélos pour toutes les équipes. Sans cette intervention de l’instance, cela parait difficile d’imaginer que les équipes vont toutes apporter des mesures et des équipements nécessaires pour leurs coureurs.