Dans un communiqué publié ce mercredi, l’UCI a introduit de nouvelles mesures pour promouvoir la sécurité lors des coureurs, dont la mise en place d’un système de cartons jaunes.  

Réuni du 10 au 12 juin à Aigle, en Suisse, l’Union Cycliste Internationale (UCI) a pris plusieurs décisions pour renforcer la sécurité des coureurs (hommes et femmes) lors des courses sur route. Ces décisions s’appuient sur des recommandations élaborées au sein de SafeR, la nouvelle structure dédiée à la sécurité et qui regroupe des représentants de tous les acteurs du cyclisme. Les principales mesures sont les suivantes : introduction d’un système de carton jaune, restriction du port et de l’utilisation d’écouteurs en course, modification de la règle dite des « trois kilomètres » (ou « zone de sprint »), simplification de la méthode de calcul des écarts de temps dans les étapes avec arrivée au sprint massif.

Crédit : ASO / Billy Ceusters

Par ailleurs, SafeR travaillera avec des partenaires reconnus pour leur expertise scientifique dans le domaine pour réaliser des études sur différents équipements (par exemple jantes sans crochet avec pneus tubeless, profils de roues, combinaisons et casques), afin de définir quelles mesures pourraient être pertinent pour réduire les risques d’accidents et de chutes. Les résultats de ces études pourraient conduire à de nouvelles réglementations et, dans le cas des équipements utilisés en compétition, à la révision des spécifications de ces équipements ou à l’introduction de spécifications pour les équipements qui ne sont pas actuellement réglementés, ainsi qu’au renforcement des procédures d’autorisation préalables. 

Système de cartons jaunes

Un système de « cartons jaunes » sera instauré à partir du 1ᵉʳ août 2024 (phase d’essai jusqu’au 31 décembre 2024) lors des courses professionnelles en ligne masculines et féminines. Ces cartons jaunes représenteront une sanction, mais n’existeront pas physiquement. Ils seront toutefois mentionnés dans le communiqué de course publié après l’arrivée. Cette initiative aura un effet dissuasif à l’égard de toute personne présente dans le convoi de course (coureurs, directeurs sportifs, autres pilotes et motards, etc.) qui pourrait avoir un comportement susceptible de mettre en péril la sécurité de l’épreuve. De plus, le dispositif visera à responsabiliser toutes ces personnes en introduisant un suivi des mauvaises conduites dans le temps et en encourageant ainsi les comportements respectueux.

Crédit : ASO / Billy Ceusters

Les Commissaires de Course pourront donc délivrer ces cartons jaunes pour toute infraction susceptible de présenter un risque pour la sécurité de la compétition. Il sera possible d’infliger des cartons jaunes soit en complément des autres sanctions prévues au tableau des incidents de course, soit en tant que sanction autonome. Il est important de noter que le tableau des incidents de course prévoit déjà la possibilité de disqualifier un coureur (appelée carton rouge dans d’autres sports). Cette possibilité n’est pas affectée par l’introduction du système du carton jaune. L’élaboration de cette mesure fait suite à une vaste consultation en 2023 au sein de SafeR. Le système sera présenté aux coureurs et aux équipes avant sa mise en place, et fera l’objet d’actions pédagogiques menées par SafeR, qui seront mises en place dans les prochains mois.

Période de test

La période du 1ᵉʳ août au 31 décembre 2024 servira de période test durant laquelle aucune pénalité supplémentaire liée aux cartons jaunes ne sera infligée. En effet, les cartons jaunes peuvent déjà être utilisés dans les épreuves UCI WorldTour et UCI Women’s WorldTour, mais pas de disqualifications ni de suspensions. Les cartons jaunes accumulés seront distribués pendant cette période. Les sanctions existantes, également énumérées dans le tableau des incidents de course mentionné ci-dessus dans le Règlement UCI, continueront à être imposées ; ceux-ci incluent les amendes, la déduction des points UCI, les relégations et les disqualifications.

À l’issue de la saison 2024, une évaluation complète du système du carton jaune sera réalisée par SafeR avant d’être présentée au Conseil du Cyclisme Professionnel puis au Comité Directeur de l’UCI. À partir du 1ᵉʳ janvier 2025, des sanctions seront toutefois imposées en cas d’accumulation de cartons jaunes. Par ailleurs, le système sera étendu aux épreuves de l’UCI ProSeries (Hommes et Femmes Elite), des Jeux Olympiques, des Championnats du Monde UCI (Hommes et Femmes Elite et Moins de 23 ans) et des Championnats Continentaux (Hommes et Femmes Elite et Moins de 23 ans). L’UCI tient à jour une base de données des cartons jaunes délivrés conformément aux articles 2.12.003bis et 2.12.007 du Règlement UCI.

Dès 2025, mise en place de suspensions

À compter du 1ᵉʳ janvier 2025, sous réserve de modification suite à l’évaluation de la période de test, le cumul de cartons jaunes sur une période définie entraînera une suspension comme suit :

  • Lors d’une même course, toute personne ayant reçu deux cartons jaunes sera disqualifiée de cette course et suspendue pendant 7 jours, à compter du lendemain de la réception du deuxième carton jaune
  • Quiconque reçoit trois cartons jaunes dans un délai de trente jours sera suspendu pour 14 jours à compter du lendemain de la réception du troisième carton jaune
  • Quiconque reçoit six cartons jaunes sur une période d’un an sera suspendu pour 30 jours à compter du lendemain de la réception du sixième carton jaune

Restriction sur le port et l’utilisation d’oreillettes

Toujours dans le thème de l’amélioration de la sécurité lors des courses sur route, l’UCI a décidé de tester cette année les effets d’une restriction sur le port et l’utilisation d’oreillettes en course. La mesure sera testée lors de courses professionnelles d’un jour et de courses par étapes sélectionnées. La liste des épreuves et étapes concernées reste à définir. Cette décision s’appuie sur des discussions sur le sujet au sein de SafeR, qui ont conduit à la conclusion que les oreillettes pouvaient être à la fois une source de distraction pour les coureurs et un danger physique, car les boîtiers radio sont montés sur le dos, et représentent un risque lorsqu’un grand nombre des équipes demandent simultanément à leurs coureurs de se placer en tête de la course.

Crédit : ASO / Billy Ceusters

Les retours de toutes les parties prenantes seront recueillis afin d’étudier les effets d’une restriction de l’utilisation des écouteurs et d’envisager d’étudier d’autres mesures qui pourraient conduire à un changement dans le mode d’utilisation, par exemple en limitant leur utilisation à deux coureurs par équipe. Une évaluation globale sera réalisée au sein de SafeR en fin de saison, avant d’être présentée au Conseil du Cyclisme Professionnel puis au Comité Directeur de l’UCI en vue d’une décision sur l’utilisation des oreillettes à l’avenir.

Modification de la règle dite des « trois kilomètres »

L’UCI a décidé de permettre aux organisateurs et autres parties prenantes de demander, à titre expérimental, une modification de la règle dite des « trois kilomètres », qui s’applique lorsqu’une course entre dans la zone menant au sprint final et selon laquelle, en cas d’incident dûment constaté (par exemple chute, problème mécanique ou crevaison) dans les trois derniers kilomètres d’une étape sur route (hors arrivées au sommet), le coureur concerné est crédité du temps du ou des coureurs avec lesquels il roulait au moment de l’incident.

Crédit : ASO / Billy Ceusters

L’organisateur (ou autre partie prenante) qui en fait la demande peut, s’il est justifié, obtenir une prolongation de la distance à prendre en compte au titre de la règle susvisée, qui pourra être portée à un maximum de cinq kilomètres. Tout changement doit être convenu avant le départ de la course. La distance de trois kilomètres a été introduite en 2005, alors qu’elle était auparavant d’un kilomètre. Cette mesure vise à tenir compte de la multiplication des infrastructures de modération de la circulation – sources de danger pour les pelotons – dans un rayon toujours plus grand des lieux d’arrivée des courses. L’extension de la zone d’application de la règle, lorsque cela est nécessaire, réduira la pression sur les coureurs pendant la phase de course menant au sprint final.

Simplification de la méthode de calcul des écarts de temps

Dans le même ordre d’idées, la méthode de calcul des écarts de temps pour les étapes avec arrivée attendue en sprint massif – introduite en 2018 – a également été examinée par SafeR. Actuellement, selon la règle de calcul des écarts de temps, le même temps est attribué aux coureurs d’un même groupe pour autant qu’il n’y ait pas plus d’une seconde entre deux coureurs qui se suivent. Autrement dit, s’il existe un écart d’une seconde ou plus entre deux coureurs, le temps des coureurs du deuxième groupe est calculé sur la base de l’écart séparant le premier coureur de chaque groupe à l’arrivée. Selon le protocole particulier en vigueur depuis 2018, à la demande de l’organisateur de l’épreuve, le calcul de l’écart peut être étendu à trois secondes, mais uniquement pour les coureurs du peloton principal.

Crédit : ASO

SafeR a émis une recommandation pour tester l’application de ce régime particulier de calcul d’écart de temps de trois secondes à tous les groupes de la course, à la seule exception des échappées clairement établies. Cette systématisation de la règle des trois secondes vise à simplifier le calcul des écarts de temps dans les étapes avec sprint groupé attendu. Cela permettrait de réduire ainsi les prises de risques inutiles, notamment pour les coureurs visant le classement général. Ces deux dernières règles (règle dite des « trois kilomètres » ou « zone de sprint » et méthode de calcul des écarts de temps dans les étapes avec arrivée au sprint massif) ne pourront entrer en vigueur qu’à l’issue d’une phase de test organisée lors de certaines étapes du prochain Tour de France avec une arrivée attendue au sprint.