Trois mois après sa lourde chute sur le Tour Down Under et une commotion cérébrale, Rudy Molard sera au départ du Tour de Romandie.
Bonne nouvelle pour la Groupama-FDJ et Rudy Molard. Tombé violemment sur la 3ᵉ étape du Tour Down Under le 18 janvier, le Français souffrait d’une commotion cérébrale et présentait plusieurs plaies. Après de longues semaines de rééducation, le natif de Gleizé va remettre un dossard à l’occasion du Tour de Romandie, qui a lieu du 23 au 28 avril. « Je sens que je sors enfin la tête de l’eau et que je peux envisager l’avenir avec plus d’optimisme. Physiquement, j’ai encore du travail pour revenir au top de ma forme, c’est certain, ayant passé un mois et demi sans rien faire. Il a fallu opérer une reprise progressive et gérer la tête, ce qui est différent d’une fracture. J’avais le feu vert, mais il était parfois clignotant, donc il fallait beaucoup s’écouter. Je pense qu’on a très bien géré avec le staff de l’équipe et notamment Julien [Pinot] et Jacky [Maillot]. Petit à petit, j’ai pu me reconstruire. Je pense que je suis sur la bonne voie », estime Rudy Molard.
« C’est une période qui est beaucoup plus difficile qu’on ne le croit »
« Je n’étais pas très bien, mais ça ne se voyait pas de l’extérieur. Tant que les choses ne t’arrivent pas, tu le comprends mal. On parle des commotions depuis quelque temps, mais j’avoue ne l’avoir jamais pris au sérieux moi-même. C’est quelque chose dont on ne parle jamais. Pour moi, quand quelqu’un tombait et souffrait d’une commotion, il était un peu patraque, mais tout était de retour dans l’ordre quelques jours plus tard. Maintenant que ça m’est arrivé, j’ai vraiment envie de partager tout cela pour les gens à qui ça arrivera malheureusement dans le futur. C’est une période qui est beaucoup plus difficile qu’on ne le croit, il y a peu d’études et de choses concrètes sur le sujet. Or c’est important », poursuit Rudy Molard.
« D’ailleurs, vu que j’avais du mal avec les écrans, j’écoutais des podcasts sur le sujet pour en savoir plus. Cela me permettait aussi de fermer les yeux et de me reposer, ça me faisait du bien. J’ai écouté des expériences de rugbymen, de judokas. L’un d’entre eux a dit quelque chose qui m’est resté. Il était tombé lors d’un combat, sa femme lui avait demandé des nouvelles et il avait répondu qu’il souffrait d’une commotion. Sa femme lui avait dit : « ça va si c’est juste une commotion ». Puis il racontait que c’était en fait la pire blessure de sa carrière. Je ne me sentais pas seul », affirme le vainqueur d’étape sur Paris-Nice en 2018.
« J’ai un peu d’appréhension sur mon niveau »
« Quand je vais mettre mon dossard sur le maillot, ce sera spécial. Je n’ai pas non plus été blessé un an, c’est vrai mais il y a aura quand même de l’émotion. J’ai un peu d’appréhension sur mon niveau, c’est certain, car je n’ai fait que de l’entraînement. J’espère avoir le niveau suffisant pour suivre et ne pas être en difficulté trop tôt, mais je ne m’attends pas à peser sur la course. C’est une épreuve WorldTour, donc c’est assez difficile pour une reprise, mais il y aura du travail à faire pour David et Lenny. Je vais essayer de vite reprendre les automatismes, retrouver la vitesse du peloton et son environnement. C’était peut-être un tout petit peu prématuré de reprendre en Romandie vis-à-vis de ma forme, mais je voulais vraiment reprendre dès que j’en avais l’opportunité et les capacités minimales. Psychologiquement, ça m’a fait du bien, il y a quelques semaines, de me projeter sur une reprise en Romandie », conclut Rudy Molard.