Si 2400 véhicules accompagnent le Tour de France, ce sont 200 d’entre eux – motos comprises – qui évoluent à l’échelon de la course. Et pour que la course ne soit ni perturbée ni faussée par le ballet automobile, trois régulateurs veillent à la bonne harmonie entre coureurs et véhicules. Au guidon de sa 1400G TR, Thierry Vervaeke fait la police au sein de la course depuis douze ans. Avec un mot d’ordre : l’anticipation. « On doit être vigilants en permanence, éviter les pièges, anticiper les erreurs que les autres peuvent commettre, confesse le pilote. Et avoir les yeux partout : sur les coureurs, les directeurs sportifs, les motos, les spectateurs… »
Les trois régulateurs du Tour de France se positionnent comme suit : l’un à l’échappée, le deuxième devant le peloton, le dernier derrière le paquet. Leur mission consiste à établir un sas suffisamment important pour empêcher les véhicules de gêner les coureurs tout en permettant à chacun de travailler dans de bonnes conditions. « La priorité est donnée aux coureurs et aux directeurs sportifs, poursuit Thierry Vervaeke. Ensuite on garde un œil sur les voitures transportant des invités, on essaie de fluidifier le trafic entre les motos des photographes et des journalistes. On tâche de donner une discipline, d’éviter toute injustice entre les motos. » Tout en protégeant les coureurs afin qu’ils ne respirent pas les gaz d’échappement et en garantissant l’équité entre eux en vérifiant que les coureurs ne bénéficient pas de l’aspiration des motos.
Et anticiper, toujours. « La connaissance du parcours est un atout en ce sens, affirme Thierry Vervaeke. Nous sommes là aussi pour pousser tout le monde avant de basculer dans la descente d’un col ou faire arrêter les directeurs sportifs quand l’écart avec le peloton devient trop petit. » D’une manière générale, les véhicules sont invités par les régulateurs à prendre du champ à un kilomètre du sommet des cols, avant tout rétrécissement, à 5 kilomètres des arrivées massives et lorsque l’écart devient inférieur à la minute/minute et demie.
Les sens en alerte d’un bout à l’autre de l’étape, les régulateurs de la Grande Boucle mettent à profit leurs années d’expérience, sur le Tour mais d’abord sur d’autres épreuves, pour que la course se déroule sans accroc. « Sur le Tour, il y a plus de monde, plus de motos, plus de voitures. C’est surtout plus compliqué au début, le temps que tout le monde prenne ses marques, puis en montagne, avec le public. » A chaque poste sa spécificité : « derrière le peloton, il y a les risques de chute, les ravitaillements, il faut faire attention aux directeurs sportifs ; devant le peloton, il faut travailler le sas, les yeux toujours dans le rétroviseur ; avec l’échappée la pression est moindre, mais il faut toujours rester vigilant à ce que les motos, celle de la télévision notamment, ne faussent pas la course en voulant toujours être au plus près. »
Les erreurs de conduite – un dépassement sans autorisation, une prise de risques incalculée… – sont relevées et transmises à Jean-François Pescheux et Thierry Gouvenou. S’ensuivra une convocation du pilote répréhensible à la permanence, où sera prononcée une sanction pouvant aller de l’amende à l’exclusion temporaire voire définitive. Des situations exceptionnelles heureusement. Discrets mais efficaces, les régulateurs veillent sur le Tour.