C’est peut-être la course la plus importante de sa carrière, celle en tout cas pour laquelle il s’est préparé depuis de longs mois, troquant son staff d’ordinaire composé d’entraîneurs, de mécanos et de kinés contre une équipe d’experts et d’avocats. Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard) répond cette semaine aux accusations de dopage au clenbutérol dont il fait l’objet depuis un contrôle positif sur les routes du Tour de France 2010. Acquitté par sa fédération espagnole en février dernier, il doit faire face à la réouverture du dossier devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), où l’ont invité à s’expliquer l’Union Cycliste Internationale (UCI) et l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), favorables à une suspension du coureur espagnol et absolument pas convaincues par l’explication avancée par le champion, celle d’une contamination alimentaire.
A partir de ce midi et jusqu’à jeudi midi, les experts et avocats de chacune des parties vont donc avancer leurs arguments devant une formation indépendante composée de l’Israélien Efraim Barak, du Suisse Quentin Byrne-Sutton et de l’Allemand Ulrich Haas. Le sort d’Alberto Contador sera alors entre les mains de ces trois hommes, qui devront rendre un verdict définitif dans cette affaire qui n’a que trop duré. Pour autant, on ignore encore si une décision sera prise avant la fin de l’année. La semaine passée, le TAS a fait savoir qu’il « communiquerait sa décision avec les motifs aussi vite que possible mais probablement pas avant plusieurs semaines suivant la clôture de l’audience »… C’est une partie de la carrière du grimpeur ibérique qui est en jeu. Plus qu’une suspension qui, si elle était prononcée, ne le priverait de compétition que jusqu’à l’été prochain, Alberto Contador risque la perte de tous les succès acquis depuis juillet 2010.
Pour sauver la face et valider notamment son troisième Tour de France victorieux et son second Giro lauréat, Contador entend prouver une bonne fois pour toutes qu’il a pu ingurgiter de la viande contaminée au clenbutérol. Avec le concours de la fédération espagnole, il doit démontrer que la contamination alimentaire est la seule thèse qui puisse expliquer les 50 picogrammes de clenbutérol retrouvés dans ses urines. Bien que l’utilisation du produit soit interdite en Espagne, le Madrilène et ses avocats entendent appuyer leur raisonnement sur le fait que seul 0,4 % de la viande est contrôlée. Pour étayer ses arguments, Alberto Contador fera intervenir une douzaine de témoins, parmi lesquels des experts en dopage et même un expert américain du détecteur de mensonge, chargé de démontrer que le champion n’a jamais menti !
De l’autre côté de la barre, l’UCI et l’AMA tâcheront de démontrer que les analyses douteuses du coureur espagnol correspondent à un cas de dopage et pourraient même avancer l’hypothèse selon laquelle Alberto Contador aurait fait usage d’une transfusion sanguine contenant des restes de clenbutérol, un produit interdit généralement utilisé durant la trêve hivernale. Les deux instances ont en tout cas rassemblé elles aussi un grand nombre d’experts chargés de contredire les arguments de la défense. Le boucher d’Irun qui aurait vendu la viande dite contaminée et le président de l’association des bouchers espagnols viendront affirmer sur l’honneur de la qualité de leurs produits. Arrivé ce midi à Lausanne, Alberto Contador assistera à une partie de la procédure. Il doit être auditionné demain.