C’est comme tout un symbole que de s’élancer du passage du Gois, en Vendée. Là, sur cette route sous la mer, les voyageurs malveillants peuvent se retrouver piégés. Mis à l’échelle du sport, le Tour de France c’est aussi cela, un passage mais cette fois entre plaine et montagne où le voyageur malveillant peut rapidement se perdre. Alors, lorsqu’à 12h36 quelques 198 gaillards apparaissent en convoi à la sortie du Gois, le Tour de France prend son élan et la magie opère. Un élan qui doit emmener les coureurs au Mont des Alouettes par-delà 191,5 kilomètres. Une fois n’est pas coutume, après 2008, ce n’est pas un prologue qui ouvre la Grande Messe de juillet mais une véritable étape en ligne. 191,5 kilomètres à travers la Vendée et ses lignes droites sans fin qui paraissent être une éternité submergées par une forte chaleur d’un été enfin arrivé.
Après quelques kilomètres d’une longue procession de l’île de Fromentine au passage du Gois, le départ réel est donné et forcément, le peloton est nerveux. Il faut dire que si habituellement seuls quelques hommes sont appelés à se battre pour décrocher le maillot jaune au cours d’un prologue devenu tradition en 1967, aujourd’hui, tous peuvent espérer obtenir le graal. Quelques coureurs attirent tout de même l’attention plus que d’autres. C’est le cas de Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto), Matthew Goss (HTC-Highroad) ou bien encore du Champion du Monde Thor Hushovd (Garmin-Cervélo) ainsi que du Français Thomas Voeckler (Team Europcar) et du Suisse Fabian Cancellara (Leopard-Trek). Les favoris devront eux rester vigilants, les masques de certains au départ ne trompent pas, il pourrait se passer quelque chose sur ces routes au demeurant paisibles.
Avant même le départ réel, André Greipel (Omega Pharma-Lotto) est victime d’une chute, témoignage d’une tension qui entoure ce Grand Départ. Le peloton nerveux, Pierrig Quemeneur (Team Europcar) préfère anticiper. Voilà le premier attaquant du Tour de France 2011. Dans son aventure, le Français se fait accompagner de Jérémy Roy (FDJ), baroudeur dans l’âme, le jeune homme ne pouvait manquer une nouvelle occasion de se montrer à l’avant de la course. Enfin, le Hollandais Lieuwe Westra (Vacansoleil-DCM) est là, lui aussi. Très vite, l’écart se creuse. Aussi, après seulement deux kilomètres de course, les trois compères comptent déjà 1’ d’avance sur le peloton. L’écart va monter jusqu’à 6’30″ avant que le peloton ne réagisse sous l’impulsion des coéquipiers de l’homme à battre du jour : Philippe Gilbert.
Une chute vient faire basculer l’étape, Contador perd 1’20 » dans la bataille.
Cette avance qui fond comme neige au soleil a aussi une autre raison. Elle réside dans le sprint intermédiaire placé au kilomètre 87. Si ce sprint a tant d’importance, c’est que cette année, il n’y a plus qu’un seul sprint intermédiaire par étape. 15 coureurs empochent des points, le premier étant récompensé de 20 points. Et c’est Jérémy Roy qui y passe en tête. Le peloton est réglé par Tyler Farrar (Garmin-Cervélo) qui devance notamment Greipel (Omega-Pharma Lotto), 5ème. Si l’écart augmente de nouveau un temps, l’aventure des trois premiers attaquants du Tour de France 2011 se termine alors que les équipiers de Thomas Voeckler emmènent le peloton à un train d’enfer. Le tracé devient de plus en plus technique au rythme des ronds-points et autres ilots directionnels. La tension est à son comble, le Tour de France bat déjà son plein. C’est en fait à 9 kilomètres de l’arrivée que tout se dessine. Lorsqu’un coureur d’Astana heurte une spectatrice, on comprend rapidement que quelque chose d’important est en train de se passer, le peloton ne comprend alors plus qu’une quarantaine d’hommes.
Mais pas de Contador (Saxo Bank-SunGard) dans le groupe de tête, pas de Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi) non plus ! Les deux hommes sont arrêtés par une bonne partie du peloton, à terre. Ce dernier vient de s’effondrer comme un château de carte. Du pain bénit pour Gilbert, une occasion à saisir pour les RadioShack de Leipheimer, Horner et Kloden et pour les BMC de Cadel Evans qui roulent désormais sans compter. Jérôme Coppel (Saur-Sojasun) est lui aussi piégé. Pourtant, ils étaient prévenu. Les organisateurs avaient souhaité une première semaine pleine de rebondissement. Peut-être pas aussi tôt mais c’est aussi cela la magie du sport. Une chute somme toute banale et c’est toute une hiérarchie qui semblait dessinée avant même le départ qui est en train de s’ébranler. Si rien n’est définitif, Cadel Evans, Alexandre Vinokourov mais aussi Frank et Andy Schleck et les RadioShack sont en train de gagner du temps, beaucoup de temps sur leur grand rival Espagnol.
Un premier chapitre du Tour de France 2011 est en train de se jouer sur les routes menant au Mont des Alouettes. C’est là que Gilbert tricote son maillot jaune répondant sans hésitation aux assauts de Cancellara et d’Alexandre Vinokourov (Astana). Pendant ce temps là, le maillot jaune espéré pour plus tard par Alberto Contador s’effiloche. L’écart n’ayant jamais cessé d’augmenter. Pendant ce temps là, Gilbert sourit et se plait en roi des Belges. Pendant ce temps là, sur sa lancée des classiques de printemps, il a semblé une nouvelle fois inaccessible sur les hauteurs de la commune des Herbiers. Juste derrière lui, c’est Cadel Evans qui arrive, deuxième, l’Australien marque déjà de précieux points, tant au niveau comptable qu’au niveau psychologique. Car l’écart avec Alberto Contador et Samuel Sanchez va finalement être bien plus important que prévu. Ces derniers franchissent la ligne d’arrivée avec 1’20 » de retard.
Demain, la deuxième étape se courra sous la forme d’un contre-la-montre par équipes de 23 kilomètres autour des Essarts qui pourrait d’ores et déjà avoir toute son importance au vu des écarts creusés aujourd’hui.
Classement 1ère étape :
1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) les 191,5 kilomètres en 4h31’31 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 3 sec.
3. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) à 6 sec.
4. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
6. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
7. Andréas Kloden (ALL, RadioShack) m.t.
8. Rein Taaramae (EST, Cofidis) m.t.
9. Christopher Horner (USA, RadioShack) m.t.
10. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) m.t.
Classement général :
1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) les 191,5 kilomètres en 4h31’31 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 3 sec.
3. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) à 6 sec.
4. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
6. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
7. Andréas Kloden (ALL, RadioShack) m.t.
8. Rein Taaramae (EST, Cofidis) m.t.
9. Christopher Horner (USA, RadioShack) m.t.
10. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) m.t.
Classement par points :
1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 45 pt
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 35 pt
3. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) 30 pt
4. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 26 pt
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) 22 pt
6. Jérémy Roy (FRA, FDJ) 20 pt
7. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 20 pt
8. Andreas Kloden (ALL, RadioShack) 18 pt
9. Lieuwe Westra (Vacansoleil-DCM) 17 pt
10. Rein Taaramae (EST, Cofidis) 16 pt
Classement de la montagne :
1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) en 4h41′ 37″
2. Rein Taaramae (EST, Cofidis) m.t.
3. Egor Silin (RUS, Katusha) m.t.
4. Maciej Paterski (POL, Liquigas-Cannondale) m.t.
5. Edvald Boasson Hagen (GBR, Team Sky) m.t.
6. Denis Galimzyanov (RUS, Katusha) m.t.
7. Tejay Van Garderen (USA, HTC-Highroad) m.t.
8. Tony Gallopin (FRA, Cofidis) m.t.
9. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) m.t.
10. Andrey Zeits (KAZ, Astana) m.t.
Classement par équipes :
1. Omega Pharma-Lotto (BEL) en 14h04’45 »
2. BMC Racing Team (USA) à 3 sec.
3. Team Leopard-Trek (LUX) à 6 sec.
4. HTC-Highroad (USA) m.t.
5. RadioShack (USA) m.t.
6. Cofidis (FRA) m.t.
7. Lampre-ISD (ITA) m.t.
8. Team Sky (GBR) m.t.
9. Team Katusha (RUS) m.t.
10. Astana (KAZ) m.t.