Il grimace, Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), mais il ne lâche rien. Berçant son guidon de gauche à droite dans les roues de Fabio Aru (Astana) ou Richie Porte (Team Sky), qui ont déroulé les jambes dans la montée vers la station de Campitello Matese en fin d’après-midi, l’Espagnol continue de dominer son sujet. De la tête et de l’épaule droite, puisque la gauche est luxée depuis jeudi et la pirouette de Castiglione della Pescaia. Nul ne sait vraiment quel niveau de douleur doit supporter le leader du classement général, mais sa blessure est sans doute moins grave à traîner, et tant mieux, que ne le laisse supposer le mal qui la désigne. Car on n’imagine pas le plus dur au mal des coureurs capable de tirer sur son guidon avec une véritable luxation de l’épaule. Même sur les pentes soutenables gravies entre Fiuggi et Campitello Matese (186 km).
C’est le deuxième round dans les Apennins. Un nouveau rendez-vous prisé par les candidats à la victoire finale. Par les mercenaires aussi. Sous la pluie qui s’invite par intermittence une partie de la journée, Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo) est le premier à se jeter à l’avant dans la longue montée de Forca d’Acero (26 km à 5 %), à 130 kilomètres de l’arrivée. Le grimpeur hollandais atteint le sommet en tête puis bascule dans la descente, où il finit par recevoir le renfort de Carlos Betancur (Ag2r La Mondiale) et Kristof Vandewalle (Trek Factory Racing). Neuf hommes les pourchassent : Francesco Bongiorno (Bardiani-CSF), Tom Danielson (Cannondale-Garmin), Mauro Finetto (Southeast), Beñat Intxausti (Movistar Team), Przemyslaw Niemiec (Lampre-Merida), Franco Pellizotti (Androni-Sidermec), Sébastien Reichenbach (IAM Cycling), Branislau Samoilau (CCC Sprandi Polkowice) et Ilnur Zakarin (Team Katusha).
Pour chacun d’entre eux, il existe une chance d’accrocher la victoire d’étape. A condition d’être particulièrement costaud car le peloton ne leur fera pas de cadeau. Restés unis contre le retour de leurs poursuivants tout au long de l’étape, Carlos Betancur, Steven Kruijswijk et Kristof Vandewalle se heurtent les premiers aux rampes finales (13 km à 6,9 %). Des trois, Steven Kruijswijk est décidément le plus fort. Il s’isole dès les premières pentes à 11 kilomètres de l’arrivée. Mais il doit à présent composer seul face au vent défavorable et surtout contre le retour prononcé des deux coureurs parvenus à s’extirper du groupe intercalé, le Suisse Sébastien Reichenbach, généreux dans l’effort, flanqué de l’Espagnol Beñat Intxausti, qui se laissera tracter le plus long de l’ascension jusqu’au retour sur l’homme de tête à 4 kilomètres du but.
Alberto Contador prend 2 secondes de bonification puis répond aux attaques.
La présence à l’avant de ces coureurs de tête arrange bien les affaires d’Alberto Contador. Non seulement son maillot rose n’est pas mis en péril, mais surtout les échappés privent ses adversaires directs au classement général des bonifications promises chaque soir aux trois premiers de l’étape (10, 6 et 4 secondes). Des secondes de bonus qui ont été les seules à même de modifier, entre les trois grands favoris, les différences enregistrées il y a une semaine dans le contre-la-montre par équipes inaugural sur la Riviera Ligure et quasi figées depuis. Seule une 3ème place de Fabio Aru mercredi à Abetone avait permis à l’Italien de reprendre 4 secondes à Contador, lequel, momentanément surpris en début d’étape par une cassure, s’en va surprendre ses adversaires ce matin en allant chercher 2 secondes de bonification.
Ce n’est pas grand-chose, mais ça suffit à en faire le « grand » gagnant du jour, car Alberto Contador va répondre aux tentatives d’intimidation de ses adversaires vers Campitello Matese. Une fois encore, Fabio Aru est le mieux entouré dès que la route s’élève. Le travail de sape de l’équipe Astana terminé à 5 kilomètres du but, le grimpeur sarde se dresse sur les pédales, son gregario Mikel Landa sur le porte-bagages. Alberto Contador, Richie Porte et Rigoberto Uran (Etixx-Quick Step), qui semble avoir retrouvé son coup de pédale de montagnard, répondent aussitôt au démarrage d’Aru. Un coup d’épée dans l’eau dont profite le seul Mikel Landa puisque l’Espagnol insiste pour précéder le groupe Maillot Rose de 15 secondes au sommet et grappiller quelques places au classement général… à défaut d’avoir pu servir de point d’appui à son leader Fabio Aru, incapable, sur un second démarrage, de se défaire de Contador, Porte et Uran.
Même l’accélération de Richie Porte dans le dernier kilomètre roulant voire descendant ne permet pas aux favoris confirmés de cette édition de se départager. Tous rejoignent la ligne d’arrivée roue dans roue, Alberto Contador augmentant son avantage de 2 secondes sur l’ensemble du peloton grâce au temps gagné en début d’étape. Très clairement, il faudra des pentes beaucoup plus raides pour arbitrer ces hommes-là. Celles de Campitello Matese étaient en tout cas à la convencance de Beñat Intxausti. Rentré sur la tête de course dans la roue de Sébastien Reichenbach, l’Espagnol s’en dégage à 3,5 kilomètres du but, juste avant que la route ne se raplanisse. 8ème du Giro 2013, le grimpeur de 29 ans conserve au sommet 20 secondes d’avance sur Mikel Landa et 35 sur le groupe des favoris.
Demain dimanche, les puncheurs auront à nouveau l’occasion de s’exprimer en conclusion de la première semaine entre Benevento et San Giorgio del Sannio (215 km).
Classement 8ème étape :
1. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) les 186 km en 4h51’34 » (38,3 km/h)
2. Mikel Landa (ESP, Astana) à 20 sec.
3. Sébastien Reichenbach (SUI, IAM Cycling) à 31 sec.
4. Fabio Aru (ITA, Astana) à 35 sec.
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) m.t.
6. Richie Porte (AUS, Team Sky) m.t.
7. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) m.t.
8. Dario Cataldo (ITA, Astana) m.t.
9. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) à 45 sec.
10. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 32h40’07 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4 sec.
3. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 22 sec.
4. Dario Cataldo (ITA, Astana) à 30 sec.
5. Mikel Landa (ESP, Astana) à 42 sec.
6. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) à 1’00 »
7. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) à 1’16 »
8. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 1’24 »
9. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 1’34 »
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 1’38 »
Classement par points :
1. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 78 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 75 pt
3. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 60 pt
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
5. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 47 pt
6. Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 40 pt
7. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 40 pt
8. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) 37 pt
9. Manuel Belletti (ITA, Southeast) 36 pt
10. Matteo Pelucchi (ITA, IAM Cycling) 35 pt
Classement de la montagne :
1. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 39 pt
2. Mikel Landa (ESP, Astana) 19 pt
3. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 15 pt
4. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) 15 pt
5. Pavel Kochetkov (RUS, Team Katusha) 15 pt
6. Fabio Aru (ITA, Astana) 15 pt
7. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) 14 pt
8. Edoardo Zardini (ITA, Bardiani-CSF) 14 pt
9. Sébastien Reichenbach (SUI, IAM Cycling) 12 pt
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 12 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 32h40’11 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 2’11 »
3. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 7’46 »
4. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 19’25 »
5. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 21’57 »
6. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 31’27 »
7. Tsgabu Grmay (ETH, Lampre-Merida) à 36’35 »
8. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 38’37 »
9. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 38’55 »
10. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 39’11 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 97h22’29 »
2. Team Sky (GBR) à 3’32 »
3. BMC Racing Team (USA) à 4’20 »
4. Movistar Team (ESP) à 5’19 »
5. Tinkoff-Saxo (RUS) à 14’46 »
6. Cannondale-Garmin (USA) à 23’06 »
7. Lotto-Soudal (BEL) à 36’09 »
8. Team Katusha (RUS) à 48’58 »
9. Lampre-Merida (ITA) à 49’47 »
10. FDJ (FRA) à 54’57 »