« Bonjour à tous, je voulais vous informer de deux choses. La première est que je participerai à la prochaine Vuelta, et la deuxième est que ce sera ma dernière course professionnelle. » C’est par ces mots, prononcés dans une vidéo postée sur Instagram dans la matinée, qu’Alberto Contador (Trek-Segafredo) a annoncé sa retraite. Une annonce surprise, mais qui n’étonne presque pas. La champion espagnol semblait sentir le poids des années le freiner depuis deux saisons et sa victoire sur le Giro en 2015. Et après une première annonce vite avortée début 2016, sa décision semble être cette fois-ci définitive. El Pistolero a même pris le soin d’expliquer ce choix. « Je le dis avec le sourire, sans tristesse. C’est une décision à laquelle j’ai très bien réfléchi et je ne pense pas qu’il y ait une meilleure façon de finir ma carrière que sur cette course, dans mon pays. »
C’est tout simplement le plus grand coureur de Grands Tours de la dernière décennie qui tirera se révérence dans à peine plus d’un mois. Après un début de carrière timide, à 21 ans, à la ONCE puis avec la Liberty Seguros, c’est en 2007 que Contador a éclaté au grand jour en remportant le Tour de France. L’année suivante, indésirable sur le Grande Boucle, il en profite pour réaliser le doublé Giro-Vuelta, et réalise l’exploit d’avoir remporté, à 25 ans, les trois Grands Tours. Sa domination sur les courses par étapes se prolonge à merveille, et les Tours 2009 et 2010 tombent dans son escarcelle, tout comme le Giro 2011.
Mais le natif de Pinto est rattrapé par les affaires de dopage, et celle du clenbutérol. Il justifiera son taux anormal par l’absorption d’un steak en contrée asiatique, mais les instances décident de le suspendre et de lui retirer ses victoires acquises en 2010 et 2011. Marqué par cette décision, Contador fera son retour sur la Vuelta 2012… qu’il remporte au profit d’une étape d’anthologie en direction de Fuente Dé, où il ravit le maillot de leader à Joaquin Rodriguez. Il gagnera la course espagnole une nouvelle fois en 2014, puis emmènera le maillot rose jusqu’à Milan en 2015, avant d’échouer dans sa quête de doublé Giro-Tour.
C’est le début d’une fin de carrière plus difficile pour la Madrilène, moins tranchant sur les derniers kilomètres de course, qui aura su adapter sa tactique pour continuer à faire vibrer le public. Ces derniers temps, même en méforme, même s’il se savait inférieur à ses adversaires, Contador se dressait sur ses pédales loin de l’arrivée, toujours à la recherche de la grande chevauchée capable de renverser la course. Sa façon de monter les cols, en danseuse, ses accélérations fulgurantes à la Gino Bartali, manqueront assurément au peloton.
Reste à profiter de ces dernières trois semaines où le sourire et la gentillesse d’Alberto Contador attireront forcément tous les regards. Si la victoire finale semble anecdotique à l’heure actuelle, nul doute que le triple vainqueur de l’épreuve mettra tout en œuvre pour aller chercher un dernier succès qui clôturerait de belle manière son immense carrière. « Je suis sûr que ce seront trois semaines formidables, où je profiterai de votre affection, et je suis impatient d’y être, conclut Contador sur sa vidéo. » Nous aussi, Alberto, nous sommes impatients d’y être… mais pas que cela se termine. – Adrien Godard