Le Tour d’Italie est trop difficile pour se jouer sur un coup du sort. C’était tout le paradoxe des deux premières semaines où les différences qui ont été enregistrées avant le chrono de Valdobbadiene l’ont avant tout été sur chute et autres ennuis mécaniques, condamnant notamment Richie Porte (Team Sky) blessé tant physiquement que mentalement et contraint à l’abandon. L’entrée dans les Dolomites pour le début de cette troisième semaine décisive devait changer la donne en provoquant le duel à la pédale entre Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) et Fabio Aru (Astana) pour ce maillot rose, solidement accroché sur les épaules de l’Espagnol. Le grimpeur sarde qui jusqu’ici a fait jeu égal avec le Madrilène se demande bien comme il peut reprendre 2’35 » à un coureur battu seulement deux fois sur les dix derniers Grands Tours qu’il a terminés.
Fabio Aru pensait sans doute résoudre cette équation à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée de cette 16ème étape du Tour d’Italie entre Pinzolo et Aprica qui réserve une nouvelle fois son lot de surprises. L’épisode intervient dans la descente de la première escalade d’Aprica qui permet au peloton de plonger vers le terrible Mortirolo (11,8 kilomètres à 10,9 %) sur lequel les hostilités devaient être déclenchées. Elles le sont finalement quelques kilomètres plus tôt. Alberto Contador se retrouve distancé dans la descente avec un pneu à plat. L’équipe Astana, incapable de menacer le Maillot Rose à la régulière malgré une nette supériorité collective, saisit cette « aubaine ». Elle profite de ce fait de course et se décide à visser alors que les premières rampes du Mortirolo se présentent devant les coureurs.
Ce coup de force de la formation kazakhe a pour effet de condamner définitivement l’échappée lancée en début de course par Sander Armée (Lotto-Soudal), Brent Bookwalter (BMC Racing Team), Simon Clarke (Orica-GreenEdge), David De La Cruz (Etixx-Quick Step), Fabio Felline (Trek Factory Racing), Ruben Fernandez (Movistar Team), Nikolay Mihaylov (CCC Sprandi Polkowice), Przemyslaw Niemiec (Lampre-Merida), et Edoardo Zardini (Bardiani-CSF) et dont Ryder Hesjedal (Cannondale-Garmin) est le dernier représentant. Elle empêche surtout Alberto Contador de faire un retour rapide sur le peloton. Sans équipier à ses côtés à ce moment critique, l’Espagnol est contraint de boucher seul les 50 secondes qui l’ont séparé du groupe où survivent Fabio Aru, Mikel Landa (Astana) et Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo).
Après un retour express, Alberto Contador distance Fabio Aru qui perd tout espoir de victoire finale
Pourtant, quand la pente se fait la plus rude, le Maillot Blanc présente d’inquiétants signes de fébrilité quand son coéquipier basque affiche une aisance presque indécente. Derrière eux, le Maillot Rose se bat pour combler mètre après mètre l’écart qui le sépare du groupe de tête. Dans un sursaut d’orgueil, Alberto Contador réalise une première partie de montée épatante du Mortirolo. L’Espagnol reprend les concurrents un à un, souffle quelques instants avant de repartir de plus belle. Les effets de cette montée de champion se font instantanément ressentir. Il recolle à six kilomètres du sommet sur ce groupe freiné dans sa progression par la défaillance dont est victime Fabio Aru. Pour mater définitivement la rébellion du grimpeur italien de plus en plus grimaçant, le Madrilène accélère 500 mètres plus loin.
Cette fois, le Sarde ne parvient pas à s’accrocher et doit laisser filer Alberto Contador toujours flanqué de Mikel Landa et de Steven Kruijswijk. Rapidement distancé, Fabio Aru passe le sommet du Mortirolo avec 1’50 » de retard sur le trio de tête. Un ennui mécanique en bas de la descente le contraint à changer de vélo et achève définitivement ses espoirs. Alors qu’il voulait profiter de cette étape pour renverser la vapeur et se rapprocher de la tunique qu’il n’a portée que durant 24 heures, c’est tout l’inverse qui se produit. Aujourd’hui, le maillot rose semble s’être éloigné définitivement pour Fabio Aru qui perd gros sur cette grande étape de montagne. Non seulement son retard sur Alberto Contador paraît irrémédiable, mais il perd également sa 2ème place et plus que probablement sa position de leader chez Astana.
Car pendant que le Maillot Blanc vivait sa plus mauvaise journée de ce Giro, Mikel Landa faisait de la patinette à l’avant. Calé dans le sillage de Contador qui cherchait à éloigner définitivement Aru et celui de Kruijsjwijk dont l’objectif était d’intégrer le Top 10, le Basque ne passe pas un relais pendant 35 kilomètres. Dans la montée d’Aprica, l’agacement commence à poindre chez ses deux compagnons de fugue. Aussi décide-t-il de porter une attaque tranchante à 4 kilomètres du sommet. Lauréat dimanche à Madonna Di Campiglio, Mikel Landa s’offre une deuxième victoire d’étape consécutive et chipe la 2ème place au général à son propre coéquipier. Sur ce qu’il a montré, il a désormais toutes les cartes en mains pour mener l’équipe Astana et peut largement inquiéter Alberto Contador dont il est séparé de 4’02 » au classement général.
Une étape de plat entre Tirano et Lugano (136 km) ne sera pas de trop demain pour reprendre ses esprits.
Classement 16ème étape :
1. Mikel Landa (ESP, Astana) en 5h02’51 »
2. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 38 sec.
3. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) m.t.
4. Yury Trofimov (RUS, Team Katusha) à 2’03 »
5. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.
6. Ryder Hesjedal (CAN, Cannondale-Garmin) à 2’10 »
7. Fabio Aru (ITA, Astana) à 2’51 »
8. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 3’16 »
9. Leopold König (TCH, Team Sky) à 3’19 »
10. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 65h04’59 »
2. Mikel Landa (ESP, Astana) à 4’02 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’52 »
4. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 4’19 »
5. Yury Trofimov (RUS, Team Katusha) à 8’27 »
6. Leopold Konig (TCH, Team Sky) à 9’21 »
7. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 9’52 »
8. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 11’40 »
9. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) à 12’48 »
10. Ryder Hesjedal (CAN, Cannondale-Garmin) à 12’49 »
Classement par points :
1. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 119 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 119 pt
3. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 109 pt
4. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 91 pt
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 86 pt
6. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 83 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 75 pt
8. Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 72 pt
9. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 60 pt
10. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 57 pt
Classement de la montagne :
1. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 92 pt
2. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 91 pt
3. Mikel Landa (ESP, Astana) 73 pt
4. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 68 pt
5. Simon Geschke (ALL, Giant-Alpecin) 53 pt
6. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 51 pt
7. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 45 pt
8. Franco Pellizotti (ITA, Androni-Sidermec) 33 pt
9. Ryder Hesjedal (CAN, Cannondale-Garmin) 28 pt
10. Yury Trofimov (RUS, Team Katusha) 28 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 65h09’51 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 43’17 »
3. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 1h27’06 »
4. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 1h40’35 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 1h46’16 »
6. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 1h50’07 »
7. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 1h55’40 »
8. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 1h59’50 »
9. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 2h07’32 »
10. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 2h12’54 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 194h52’42 »
2. Movistar Team (ESP) à 24’35 »
3. BMC Racing Team (USA) à 33’48 »
4. Team Sky (GBR) à 42’02 »
5. Cannondale-Garmin (USA) à 1h22’38 »
6. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1h37’09 »
7. Lotto-Soudal (BEL) à 2h03’45 »
8. Team Katusha (RUS) à 1h18’53 »
9. Ag2r La Mondiale (FRA) à 2h51’56 »
10. FDJ (FRA) à 3h02’04 »