Deux ans. Deux ans que la montée de l’Alpe d’Huez n’avait pas été effectuée par une course cycliste professionnelle. Autant dire une éternité pour cette montée mythique qui a l’habitude d’accueillir une arrivée du Tour de France toutes les deux années maximum depuis 1976 ! Alors étant donné que la Grande Boucle déroge à la règle cette année –la dernière ascension date de 2008 et il n’y en aura pas cette année- la station s’en tient à une arrivée de la septième étape du critérium du Dauphiné. Une étape dont le profil fait peur. Et pour cause. De Crolles à l’Alpe d’Huez, soit 151,5 kilomètres de course, les coureurs doivent gravir pas moins de quatre cols, dont ceux du Grand Cucheron (deuxième catégorie), du Glandon (hors catégorie) et la montée finale vers la station de ski. Autant dire qu’il s’agit de l’étape-reine de ce Dauphiné ! Et cette fois ci, contrairement aux deux précédentes étapes, la montagne a livré toutes ses promesses.
Une victoire en haut de l’Alpe d’Huez relève d’un tel mythe que tous les coureurs rêvent de l’emporter aujourd’hui. Le début d’étape est donc extrêmement nerveux en raison des nombreuses tentatives d’échappées. Finalement, ce sont une vingtaine de coureurs qui parviennent à filer du peloton dans la première difficulté. On retrouve parmi les fuyards de bons grimpeurs, Denifl et Pujol (Cervélo TestTeam), Cataldo et Samoilau (Quick-Step), Martinez (Euskaltel), Di Gregorio (Française des Jeux) ou encore Champion (AG2R La Mondiale). Malgré la consistance et la qualité de l’échappée, ils ne comptent jamais plus de trois minutes d’avance sur un peloton emmené par les RadioShack de Brajkovic. Dans le col du Glandon (19,5 km à 7,2%), la poursuite prend une autre tournure quand les équipiers d’Alberto Contador (Astana) prennent les devants. L’Espagnol, qui n’avait encore jamais escaladé l’Alpe d’Huez en course, montre sa détermination à s’imposer aujourd’hui. Cette accélération est fatale pour Cobo Acebo (Caisse d’Epargne) ou encore David Millar (Garmin-Transitions) mais aussi pour les échappés. Au sommet du Glandon, à près de 2000 mètres d’altitude, il ne possèdent plus qu’une minute trente d’avance. Tout va donc se jouer dans l’ascension aux vingt et un virages.
Dès le pied de l’Alpe d’Huez, Oscar Pujol attaque. Il lâche facilement ses compagnons d’échappée mais il ne peut résister à un peloton lancé à toute allure dans les premières rampes. Nous sommes loin du sprint surréaliste de Manuel Beltran dans le Tour de France 2003, mais l’accélération de l’équipe Astana écrème considérablement le peloton. En effet, Pujol se fait reprendre à dix kilomètres de l’arrivée par un groupe composé de seulement six unités : Contador, Brajkovic, Szmyd (Liquigas), Van den Broeck (Omega Pharma-Lotto), Van Garderen (HTC-Colombia) et Coppel (Saur-Sojasun) qui réalise là une superbe ascension. La bagarre est bel et bien enclenchée pour la victoire d’étape quand Alberto Contador attaque sèchement comme à son habitude. Le trou est fait, mais Brajkovic sans s’affoler revient progressivement sur l’Espagnol. Ce dernier comprend alors qu’il lui sera très dur de lâcher le Maillot Jaune. Il réitère plusieurs fois ses accélérations mais à chaque fois Brajkovic revient au train. Et quand celui-ci revient, le duo s’engage alors dans un round d’observation. On croit revivre le duel Contador/Rasmussen sur les pentes du col de Peyresourde lors du Tour de France 2007.
Ces phases tactiques profitent à Szmyd, Coppel et Van den Broeck qui reviennent sur le duo à cinq kilomètres du sommet. Conscient que la victoire d’étape peut lui échapper, Contador repart dans une série d’attaques en dépit du fort vent de face. Il parvient à lâcher les trois revenants à deux kilomètres du but, mais Brajkovic, lui, ne décolle pas de sa roue arrière. C’est donc au sprint que se dispute cette victoire prestigieuse. Le Slovène lance l’emballage final et ne peut contenir un Alberto Contador hargneux. El Pistolero a encore frappé, mais c’est à se demander si l’arme n’est pas en train de s’enrayer…Grimaçant, moins véloce et aérien qu’à l’accoutumée, Contador n’est pas dominateur. Contrairement à un Janez Brajkovic impressionnant de maîtrise et de facilité. Le Slovène a son Maillot Jaune confortablement posé sur ses épaules, et on voit mal comment il pourrait le perdre demain.
Demain, la dernière étape du Dauphiné rallie Allevard-les-Bains à Sallanches, soit 148 kilomètres de course.
Classement 6ème étape :
1. Alberto Contador Velasco (ESP, Astana) les 151,5 km en 4h31’01 ». .
2. Janez Brajkovic (SLO, RadioShack) m.t
3. Sylvester Szmyd (POL, Liquigas) à 17 sec..
4. Jérôme Coppel (Fra, Saur – Sojasun) à 24 sec..
5. Jurgen Van Den Broeck (Bel, Omega Pharma-Lotto) à 40 sec.
6 Christophe Moreau (FRA, Caisse d’Epargne) à 1’17 »
7. Christophe Riblon (FRA, AG2R La Mondiale) à 1’18 »
8. Samuel Sanchez Gonzales (ESP, Euskaltel) m.t
9. Nicolas Vogondy (FRA, Bbox Bouygues-Telecom) m.t
10. Christopher Horner (USA, RadioShack) à 1’26 »
Classement complet
Classement général :
1. Janez Brajkovic (SLO, Radioshack) 24:26:05
2. Alberto Contador Velasco (ESP, Astana) à 1’41 »
3. Tejay Van Garderen (USA, HTC-Columbia) à 2’41 »
4. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 03’46 »
5. Nicolas Vogondy (FRA, Bbox Bouygues Telecom) à 4’01 »
6. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 4’17 »
7. Christophe Riblon (FRA, AG2R La Mondiale) à 4’23 »
8. Pierre Rolland (FRA, Bbox Bouygues Telecom) à 5’54 »
9. Christopher Horner (USA, RadioShack) à 6’10 »
10. Sylvester Szmyd (POL, Liquigas) à 6’33 »