« Il fait beau, ça fait très longtemps qu’on n’a pas eu ce temps-là. Il fait un peu frais, mais ce sont des conditions qui restent idéales. Et même si on aborde les courses avec 5°, on a l’impression que c’est un super beau temps. » Ces propos plein de malice sont signés Yoann Offredo (FDJ) au départ du Grand Prix E3. Le Français qui fait son retour sur les routes flamandes après sa suspension a parfaitement résumé l’état d’esprit qui anime le peloton à Harelbeke dans la matinée. Certes, il fait froid en Belgique, le soleil ne brille pas tout à fait, mais les conditions sont presque agréables compte tenu de ce que les coureurs ont enduré ces dernières semaines. À Harelbeke, le mercure affiche 5° quand le peloton se lance à l’assaut des 209 kilomètres au programme de cette semi-classique classée WorldTour depuis l’an dernier.
Plus que jamais, le Grand Prix E3 mérite son surnom de petit Tour des Flandres. La seule chose qui peut différencier le Ronde de cette semi-classique très prisée est le kilométrage qui dépasse à peine les 200 bornes. La qualité des coureurs présents laisse à penser que sur les coups de midi, on assistera au deuxième monument de la saison. Boonen, Cancellara, Pozzato, Sagan : ils sont tous là. Le spectacle s’annonce incroyable. Et il le sera.
Avant de laisser les gros bras s’expliquer, six hommes prennent les devants sur les routes étroites et exposées au vent de la Flandre, avec une incursion en territoire wallon. Koen Barbe (Crelan-Euphony), Anders Lund (Team Saxo-Tinkoff), Wouter Mol (Vacansoleil-DCM), Eloy Teruel (Movistar Team), Ruslan Tleubayev (Astana) et Stefan Van Dijk (Accent Jobs-Wanty) constituent la traditionnelle échappée matinale. Les six hommes vont posséder jusqu’à trois minutes d’avance. C’est bien trop peu et les derniers fuyards vont être repris une fois que les difficultés vont s’enchaîner.
À 75 kilomètres de l’arrivée, à la sortie du Boigneberg, sur les petites routes qui traversent de vastes champs, les coéquipiers du champion de Belgique Tom Boonen (Omega Pharma-Quick Step) se placent à l’avant du pack. Zdenek Stybar et Stijn Vandenbergh mettent le peloton en file indienne avant d’aborder l’Eikenberg. Mais c’est quelques kilomètres plus loin que la course va exploser. Tom Boonen a l’habitude de se tester dans le Taaienberg et 2013 ne fera pas exception à la règle. L’Anversois est encore en manque de repères avant d’aborder cette course qu’il a déjà remportée à cinq reprises. En une accélération, il semble dissiper les doutes qui avaient entouré son abandon prématuré sur Milan-San Remo. Le Belge place une attaque que seul Jurgen Roelandts (Lotto-Belisol) est en mesure de suivre dans un premier temps.
Tous devant… sauf Sagan.
Rapidement, Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard) revient en compagnie d’Edvald Boasson-Hagen et Mathew Hayman (Team Sky), Daniel Oss (BMC Racing Team) et Zdenek Stybar (Omega Pharma-Quick Step). Quelques kilomètres plus loin, Lars Boom (Blanco), Vincent Jérôme (Team Europcar), Sébastian Langeveld (Orica-GreenEdge) et Stijn Vandenbergh (Omega Pharma-Quick Step) opèrent la jonction. Pendant ce temps-là, l’autre grand favori Peter Sagan (Cannondale) est victime d’un ennui mécanique. Une fois rentré dans le peloton, le Slovaque demande à ses coéquipiers de se mettre à la planche pour revoir le groupe de favoris. Ce sera chose faite à 40 kilomètres de l’arrivée alors que les coureurs s’approchent du Paterberg et du Vieux Quaremont.
Après le Taaienberg, c’est sur les terribles pentes du Paterberg atteignant les 20 % à certains endroits que Tom Boonen se teste. L’homme qui porte le maillot noir-jaune-rouge depuis juin se place en tête mais ne parvient pas à sortir ses adversaires de sa roue. En quête de repères, Boonen va déchanter trois kilomètres plus loin quand se dressera devant lui le Vieux Quaremont. Sur cette ascension moins pentue mais beaucoup plus longue, Fabian Cancellara exploite toute sa puissance tandis que Boonen explose littéralement. Le Suisse s’envole comme à ses heures les plus glorieuses, tandis que le champion de Belgique est relégué bien loin.
Le natif de Berne entame alors, comme il l’avait fait en 2011, un contre-la-montre de 35 kilomètres. Son avance augmente rapidement sur un groupe où figurent Chavanel, Langeveld, Oss, Sagan et Thomas. Dans l’avant-dernière difficulté, à 25 kilomètres du but, elle atteint déjà la minute. Immédiatement, on se replonge deux ans en arrière, année durant laquelle le double vainqueur de Paris-Roubaix avait écrasé la concurrence sur ces mêmes routes. Le groupe à l’arrière s’entend bien. Mais les relais appuyés de l’ancien champion de France et ceux de l’actuel champion de Slovaquie n’y font rien. Spartacus file vers une troisième victoire dans ce petit Tour des Flandres, s’offre son premier bouquet de la saison, et un titre de grandissime favori pour le Ronde et l’Enfer du Nord.
Classement :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) les 212 km en 5h08’28 » (41,2 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 1’04 »
3. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) m.t.
4. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
5. Sébastian Langeveld (PBS, Orica-GreenEdge) à 1’08 »
6. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Qucik Step) à 2’15 »
8. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.
9. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
10. Sébastien Turgot (FRA, Team Europcar) m.t.