C’était écrit. L’étape de la Croix de Chaubouret hier a façonné le classement général de Paris-Nice, désignant à coup presque sûr les trois coureurs qui graviront le podium dimanche en haut du col d’Eze (Kwiatkowski, Porte et Thomas dans l’ordre actuel), et attisant les frustrations des autres. La messe est quasiment dite tandis que la course poursuit sa descente vers la Côte d’Azur par la vallée du Rhône et une transition de 192,5 kilomètres entre Saint-Etienne (Loire) et Rasteau (Vaucluse). 3ème du Giro il y a deux ans, Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) ne s’est plus jamais illustré au classement général d’une course par étapes. En mercenaire, le Belge de 28 ans se satisfait d’autres accessits tel le maillot à pois de leader du classement de la montagne qu’il est allé chercher hier et qu’il compte bien défendre aujourd’hui.
Ce n’est pas une surprise que de voir Thomas De Gendt mettre les gaz dès la sortie de Saint-Etienne par le col de la République. Inspiré par les nombreux points qui seront distribués là-haut, le Belge se lance dans une nouvelle échappée au long cours, accompagné cette fois par de sérieux clients : Pawel Poljanski (Tinkoff-Saxo), Romain Sicard (Team Europcar), Egor Silin (Team Katusha) et Andrew Talansky (Cannondale-Garmin). Il y a devant de bons rouleurs qui haussent considérablement la moyenne horaire, portés par un vent favorable, mais surveillés comme le lait sur le feu par les équipes qui se portent en tête du peloton. L’échappée est sous contrôle. Elle n’obtiendra pas plus de trois minutes et demie d’avance.
C’est suffisant pour permettre à Thomas De Gendt d’accomplir sa mission en franchissant en tête chacune des difficultés mises sur sa route aujourd’hui. Une excellente opération… quoique cela ne suffise pas à assurer le Belge du maillot à pois jusqu’à Nice, où des cols d’une autre nature (Vence, Saint-Roch et Peille notamment) viendront corser l’affaire demain en direction de la Promenade des Anglais. Alors, le Belge se met à convoiter la victoire d’étape à Rasteau. Parce que cette étape, en dépit de son arrivée ascendante, constitue la dernière chance pour les sprinteurs, leurs équipiers se mettent à la planche dans les 30 derniers kilomètres. Mais le quintet de tête n’abdique pas. Après la côte de Buisson (1,8 km à 4,3 %), ultime difficulté à 8,5 kilomètres de l’arrivée, l’échappée possède encore 35 secondes d’avance sur la meute.
Le groupe de tête a lâché du lest dans la bosse. Romain Sicard et Pawel Poljanski ont sauté. Puis c’est au tour d’Andrew Talansky de perdre le contact sur une accélération de Thomas De Gendt. Quand le Belge se retrouve seul, débarrassé de son dernier compagnon de fugue Egor Silin à la flamme rouge, la lutte pour la victoire d’étape ne concerne plus que lui… et les meilleurs finisseurs. Après 185 kilomètres d’échappée, Thomas De Gendt est tout près de l’exploit. L’ironie, c’est que c’est une côte qui va mettre fin aux prétentions de victoire du meilleur grimpeur de Paris-Nice. Le coureur de 28 ans bute dans les derniers hectomètres pour finalement s’incliner à 200 mètres de la ligne.
Du peloton a surgi Bryan Coquard (Team Europcar). Mal placé à l’approche du sprint, le Nazairien produit d’abord l’effort pour reprendre sa place aux premières loges, effort qu’il choisit finalement de prolonger jusqu’à la ligne. Il faut être costaud, et le finisseur de 22 ans 3ème à Contres lundi l’est assurément. Or s’il s’approche un peu plus d’une première victoire au niveau WorldTour, il doit laisser cet honneur à Davide Cimolai (Lampre-Merida). Dans l’aspiration de Coquard, l’Italien attend le moment opportun pour quitter le sillage du Français et le dépasser dans les derniers mètres. Lui qui n’avait rien gagné à l’aube de l’année 2015 compte déjà deux succès. Il s’adjuge l’étape de Paris-Nice présentant le plus de similitudes avec Milan-San Remo, un mois après avoir conquis la petite sœur de la Primavera au Trophée Laigueglia…
Demain samedi, les favoris seront à nouveau sollicités dans la sixième étape entre Vence et Nice (184,5 km).
Classement 5ème étape :
1. Davide Cimolai (ITA, Lampre-Merida) les 192,5 km en 4h12’09 » (45,8 km/h)
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) m.t.
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) m.t.
5. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
7. Matti Breschel (DAN, Tinkoff-Saxo) m.t.
8. Daniel McLay (GBR, Bretagne-Séché Environnement) m.t.
9. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Sylvain Chavanel (FRA, IAM Cycling) m.t.
Classement général :
1. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) en 23h56’20 »
2. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 1 sec.
3. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 3 sec.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 27 sec.
5. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 32 sec.
6. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 38 sec.
7. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 41 sec.
8. Gorka Izaguirre (ESP, Movistar Team) à 44 sec.
9. Tiago Machado (POR, Team Katusha) à 50 sec.
10. Rafael Valls (ESP, Lampre-Merida) à 51 sec.