109,6 kilomètres et la boucle sera bouclée. Le périple commencé en Galice il y a maintenant trois semaines et qui a emmené le peloton à découvrir la Castille-et-Léon, l’Andalousie, la Catalogne et bien d’autres régions prend fin aujourd’hui. Depuis qu’elle avait été présentée officiellement en début d’année, cette 68ème édition avait des airs de chemin de croix, jalonné de onze stations. Onze arrivées au sommet qui ont réservé leurs lots de surprises, de suspense et de spectacle. Si la Vuelta était un chemin de croix, elle s’est conclue hier par un enfer. Sur les rampes diaboliques de l’Angliru dominé par Kenny Elissonde (FDJ.fr), le maître des lieux s’appelait Christopher Horner (RadioShack-Leopard) qui a démontré hier qu’il était bien le plus fort de cette Vuelta, tout de rouge vêtu dans le brouillard épais du monstre asturien.
À 41 ans, papy Horner a fait plus encore que de la résistance. S’il était considéré comme un outsider au début de la ronde ibérique, l’Américain s’est mué en véritable favori à la sortie des Pyrénées, dominant tous ses adversaires en montagne et attirant les critiques. Car plusieurs choses dérangent dans cette victoire, à commencer par son âge, puisqu’il remporte son premier Grand Tour à l’âge où beaucoup ont déjà entamé leur reconversion. Mais aussi son absence de résultats notables sur les courses de trois semaines avec un seul Top 10 à son actif dans sa longue carrière ; les données qui sont communiquées (hier, il a signé le 2ème chrono de la montée de l’Angliru, derrière Roberto Heras) ; et l’identité des coureurs qu’il domine. L’histoire nous a appris à nous méfier de telles révélations soudaines, même si Horner était loin d’être un inconnu, bien avant le départ.
Émettre des doutes ne veut pas dire accuser, bien évidemment. On notera, pour défendre l’Américain, qu’il a longtemps été considéré comme un lieutenant de luxe et que c’est la première fois qu’il se retrouve en position de leader de son équipe sur un Grand Tour. On évoquera aussi sa longue absence due à une vilaine blessure au genou qui l’a écarté des pelotons pendant plusieurs mois. Le principal atout d’Horner sur cette Vuelta, c’était peut-être sa fraîcheur. Voilà qui expliquera, du moins en partie, ses performances dans une dernière semaine où tous ses rivaux ont affiché leurs limites, eux qui avaient déjà un Grand Tour dans les pattes et une multitude d’épreuves, là où l’Américain s’était contenté du Tour de l’Utah après avoir coupé depuis le Tour de Catalogne en mars et n’avait participé qu’à Tirreno-Adriatico avant cela.
Michael Matthews vient conclure sa Vuelta par un sprint victorieux
Un à un, ceux qui étaient ses adversaires hier viendront saluer ce quarantenaire qu’ils n’attendaient sans doute pas à ce niveau en Espagne. Vincenzo Nibali (Astana) ne réalisera donc pas le doublé Giro-Vuelta qu’il attendait, malgré de longues journées passées en rouge. L’Italien ne concède au final que 37 secondes à l’Américain, mais n’a pas rendu les armes sans combattre en tentant le tout pour le tout hier. Alejandro Valverde (Movistar Team) aura été un cran en dessous des deux hommes, tout comme Joaquim Rodriguez (Team Katusha). Le Catalan espérait monter sur le podium sur un Grand Tour pour la quatrième fois consécutive. C’est à la 4ème place qu’il goûte cette année. Sa chance est peut-être passée l’an dernier avec sa 2ème place au Giro, et sa 3ème sur la Vuelta alors qu’il semblait bien parti pour la remporter.
Ne boudons pas notre plaisir à avoir vu les Français briller tout au long des trois semaines de course. Tout a commencé avec la victoire de Warren Barguil (Argos-Shimano) à Castelldefels. Depuis, les Français étaient intenables. Le Breton récidivait trois jours plus tard à Sallent de Gallego dans un sprint ulta-serré avec Rigoberto Uran. Puis ce fut Alexandre Geniez (FDJ.fr) qui remportait l’étape de Peyragudes, avant le succès incroyable de Kenny Elissonde hier sur l’Angliru qui venait conclure un Tour d’Espagne de toute beauté des Bleus. Thibaut Pinot lui a fait parler sa régularité pour finalement se classer 7ème du général, la meilleure performance d’un tricolore sur un Grand Tour depuis la 4ème place de Thomas Voeckler sur le Tour 2011. Cerise sur le gâteau : Nicolas Edet (Cofidis) ramène le maillot de meilleur grimpeur à Madrid comme l’a fait en son temps son ancien coéquipier David Moncoutié.
Il restait néanmoins un enjeu pour cette dernière étape. Jusqu’ici, les sprinteurs n’étaient pas franchement en verve. Ils n’avaient déjà que peu d’occasions de se mettre en valeur, ils se sont fait piéger à plusieurs reprises. Mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Une fois rentrés sur le circuit final, les tentatives se multiplient, mais sont toutes annihilées par un peloton qui file à toute allure dans les rues de la capitale espagnole. Le sprint se prépare et la bataille fait rage avant d’entrer dans la dernière ligne droite. Nikias Arndt (Argos-Shimano) lance, mais Michael Matthews (Orica-GreenEdge) le déborde facilement et s’impose pour la deuxième fois sur cette Vuelta. Chris Horner lui aussi lève les bras, il devient le plus vieux vainqueur d’un Grand Tour. Reste à savoir si, à près de 43 ans, il viendra défendre son titre l’an prochain…
Classement 21ème étape :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 2h44’00 »
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) m.t.
3. Nikias Arndt (ALL, Argos-Shimano) m.t.
4. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) m.t.
6. Grega Bole (SLO, Vacansoleil-DCM) m.t.
7. Adrien Petit (FRA, Cofidis) m.t.
8. Reinardt Janse Van Rensburg (AFS, Argos-Shimano) m.t.
9. Francesco Lasca (ITA, Caja Rural) m.t.
10. Robert Wagner (ALL, Belkin) m.t.
Classement général final :
1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) en 84h36’41 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 37 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’36 »
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 3’22 »
5. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 7’11 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 8’00 »
7. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 8’41 »
8. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 9’51 »
9. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) à 10’11 »
10. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 13’11 »
Classement par points :
1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 152 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 126 pt
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 125 pt
4. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 122 pt
5. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 119 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 111 pt
7. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) 84 pt
8. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 83 pt
9. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 78 pt
10. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 75 pt
Classement de la montagne :
1. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 46 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 32 pt
3. Daniele Ratto (ITA, Cannondale) 30 pt
4. Andre Cardoso (POR, Caja Rural) 26 pt
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 23 pt
6. Amets Txurruka (ESP, Caja Rural) 22 pt
7. Kenny Elissonde (FRA, FDJ.fr) 21 pt
8. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 19 pt
9. Vasil Kiryienka (BLR, Team Sky) 18 pt
10. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) 17 pt
Classement du combiné :
1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 5 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 13 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 17 pt
4. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 17 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 27 pt
6. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 32 pt
7. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) 41 pt
8. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 42 pt
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 43 pt
10. André Cardoso (POR, Caja Rural) 54 pt
Classement par équipes :
1. Euskaltel-Euskadi (ESP) en 253h29’35 »
2. Movistar Team (ESP) à 1’02 »
3. Astana (KAZ) à 1’30 »
4. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 9’56 »
6. Caja Rural (ESP) à 33’48 »
5. Team Katusha (RUS) à 45’21 »
7. RadioShack-Leopard (LUX) à 46’54 »
8. Team NetApp-Endura (ALL) à 52’29 »
9. FDJ.fr (FRA) à 1h01’21 »
10. BMC Racing Team (USA) à 1h56’46 »