Cinq jours de course ont donc déjà suffi à éclaircir les rangs des favoris du Tour d’Espagne. Et nul n’est besoin d’aller défier les plus hautes cimes pour apprécier de premières différences qui n’ont encore valeur que d’indications à ce niveau de progression. Même si à force de se répéter, certains scénarios vont conforter les uns dans un rôle de vainqueurs potentiels, les autres dans un statut d’outsiders. Ce qui est sûr c’est que Chris Froome (Team Sky) est au rendez-vous. Il l’avait démontré en Andorre, il l’a souligné à nouveau dans l’étape valencienne de cette Vuelta : 175,7 kilomètres entre Benicassim et Alcossebre.
De nombreuses difficultés de moyenne montagne se succédaient tout au long de la journée, bien que ce soit le final inédit qui retienne l’attention des suiveurs. En arrivant à Alcossebre, l’organisation proposait de grimper vers Ermita Santa Lucia, une montée explosive de 3,4 kilomètres à 10 % susceptible de créer davantage d’écarts que bien des cols de haute montagne. Là, en surplomb de la Méditerranée et de la Costa del Azahar, les favoris allaient pouvoir lâcher les chevaux pour tenter d’aller chercher d’importantes secondes d’avance. Et c’est précisément ce que sera encore parvenu à faire Chris Froome, maillot rouge sur le dos, une fois déposé par son lieutenant Gianni Moscon à 500 mètres de l’arrivée.
Le peloton avait déjà sacrément réduit et, des favoris, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) se présentait soudain comme la principale victime du jour. Lâché sous la flamme rouge, l’Auvergnat allait vivre un mauvais moment dans le dernier kilomètre d’ascension… et céder 49 secondes à Chris Froome. Avec le Britannique, qui haussait donc le ton dans les 500 derniers mètres, ne subsistaient plus qu’Esteban Chaves (Orica-Scott), toujours lui, mais aussi un Alberto Contador (Trek-Segafredo) retrouvé après son passage à vide andorran, et un impressionnant Michael Woods (Cannondale-Drapac). Ces quatre-là creusaient des écarts dans les derniers hectomètres pour rejoindre la ligne avec 8 secondes d’avance sur Tejay Van Garderen (BMC Racing Team), 11 secondes sur Fabio Aru (Astana), Wilco Kelderman (Team LottoNL-Jumbo), Nicolas Roche (BMC Racing Team), Adam Yates (Orica-Scott) et Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin). Et davantage encore sur des coureurs comme Simon Yates (Orica-Scott), à 21 secondes, et Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), à 26 secondes.
Des différences importantes puisqu’enregistrées en l’espace d’un kilomètre seulement, et qui réécrivent ce soir le classement général dans le sillage de Chris Froome. Le Britannique, toujours en rouge, ne compte déjà plus que sept coureurs à moins d’une minute de lui. Et Romain Bardet, sorti du Top 10, n’en fait plus partie. Le voilà 12ème à déjà 1’37 ».
Avant que les favoris ne s’expliquent sur un ultime kilomètre bref mais intense, quelques rescapés de la grande échappée du jour avaient déjà rejoint Ermita Santa Lucia. Ils étaient sortis à dix-sept peu après le départ de l’étape. Nommons Fernandez et Soler (Movistar Team), Haller et Mamykin (Katusha-Alpecin), Mas et Saez (Caja Rural-Seguros RGA), Agnoli (Bahrain-Merida), Alaphilippe (Quick-Step Floors), Bol (Manzana Postobon Team), Gougeard (Ag2r La Mondiale), Kreder (Aqua Blue Sport), Kudus (Dimension Data), Lutsenko (Astana), Maison (FDJ), Mohoric (UAE Team Emirates), Schwarzmann (Bora-Hansgrohe) et Villella (Cannondale-Drapac), lequel pousuivait sa moisson de points au classement de la montagne.
Longtemps sous le contrôle du peloton, les échappés avaient fini par obtenir un bon de sortie définitif après l’Alto de la Serratella à 50 kilomètres de l’arrivée. Le groupe s’était alors disloqué sur une attaque de Marco Haller et Alexey Lutsenko. Les deux hommes allaient accomplir ensemble les 30 derniers kilomètres pour se présenter en tête au pied de la difficulté finale. Là, le Kazakh affichait ses qualités de grimpeur-puncheur qui lui avaient valu le titre mondial des Espoirs il y a cinq ans à Valkenburg. Isolé à 3 kilomètres de l’arrivée, il parvenait à rejoindre le sommet en vainqueur, quatre bonnes minutes avant Chris Froome et tous les autres.
Demain jeudi, il faudra encore grimper dans une étape vallonnée de 204,4 kilomètres entre Vila-real et Sagunt.
Classement 5ème étape :
1. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) les 175,7 km en 4h24’58 »
2. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 42 sec.
3. Marc Soler (ESP, Movistar Team) à 56 sec.
4. Matej Mohoric (SLO, UAE Team Emirates) à 1’11 »
5. Alexis Gougeard (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’24 »
6. Marco Haller (AUT, Katusha-Alpecin) à 1’37 »
7. Julian Alaphilippe (FRA, Quick-Step Floors) à 1’40 »
8. Jetse Bol (PBS, Manzana Postobon Team) à 2’04 »
9. Matvey Mamykin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’18 »
10. Jérémy Maison (FRA, FDJ) à 2’31 »
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 18h07’10 »
2. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 10 sec.
3. Esteban Chaves (COL, Orica-Scott) à 11 sec.
4. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) à 13 sec.
5. David De La Cruz (ESP, Quick-Step Floors) à 23 sec.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 36 sec.
7. Fabio Aru (ITA, Astana) à 49 sec.
8. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 50 sec.
9. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 1’09 »
10. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) à 1’13 »
Classement par points :
1. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) 49 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 31 pt
3. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) 29 pt
Classement de la montagne :
1. Davide Villella (ITA, Cannondale-Drapac) 30 pt
2. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 11 pt
3. Alexandre Geniez (FRA, Ag2r La Mondiale) 10 pt
Classement du combiné :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 15 pt
2. Esteban Chaves (COL, Orica-Scott) 26 pt
3. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) 37 pt
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 53h49’09 »
2. Movistar Team (ESP) à 1’58 »
3. Orica-Scott (AUS) à 2’01 »