Il serait mal connaître sa leçon de géographie que d’écrire qu’Overijse se trouve dans les Ardennes, où va se déplacer la bataille à compter de dimanche. Mais le Brabant flamand, s’il n’est pas encore tout à fait la Wallonie pour le peloton, n’est en tout cas plus les Flandres. Plus depuis que la Flèche Brabançonne a été replacée à la sortie des classiques flandriennes en 2010, et par définition avant les classiques ardennaises. Désormais, c’est ici que se tourne une page pour s’en écrire une autre. C’est ici aussi que Philippe Gilbert (BMC Racing Team) avait entamé sa série victorieuse l’année passée, avant d’ajouter l’Amstel, la Flèche et Liège à son épatant tableau de chasse. Le champion de Belgique, en perdition depuis, espère y retrouver le déclic. Son public y attend une résurrection sur un parcours compliqué par des bosses et quelques pavés.
A l’attaque des 195,7 kilomètres, dont une partie en circuit, trois coureurs se précipitent dans une première échappée peu après le départ de Louvain : Maxim Belkov (Team Katusha), Artem Ovechkin (RusVelo) et Daniel Schorn (Team NetApp). Leur avance, bien qu’elle ne dépassera jamais les quatre minutes, leur permet d’entrer sur le circuit d’arrivée, certainement l’un des plus durs du calendrier. Long de 12,8 kilomètres, ce tracé à accomplir cinq fois est technique, sinueux, et comprend quatre difficultés. Le groupe de tête s’y disperse. Daniel Schorn gardera la première position jusqu’à 25 kilomètres de l’arrivée. Derrière, on s’agite depuis déjà un certain temps. Philippe Gilbert a gentiment secoué le peloton mais Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) a fait la plus forte impression, rentrant systématiquement sur les attaquants avec une déconcertante facilité. Thomas Voeckler (Team Europcar) aussi a pointé le bout de son menton.
L’ancien Maillot Jaune du Tour de France a réalisé un début de saison transparent, diront ceux qui comparent les années les unes aux autres. On préférera le terme discret, plus approprié à un champion archi attendu, archi surveillé, 8ème du Tour des Flandres, et qui, comme il s’en doutait, est obligé de se renouveler. Il lui faut surprendre, sortir là où on ne l’attend pas. Et ça laisse peu d’ouvertures. Sur le circuit d’Overijse, Voeckler va miser sur une attaque portée à un peu plus de 30 kilomètres de l’arrivée. L’Alsacien se porte rapidement seul en tête de la course, au moment où Peter Sagan dérape dans un virage. Le favori éliminé, sept hommes se lancent derrière Voeckler : Dries Devenyns (Omega Pharma-Quick Step), Oscar Freire (Team Katusha), Alex Howes (Garmin-Barracuda), Pieter Serry (Topsport Vlaanderen-Mercator), Laurens Ten-Dam (Rabobank), Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) et Jelle Vanendert (Lotto-Belisol).
Les conditions climatiques, déjà aléatoires, se corsent. Des trombes d’eau s’abattent subitement sur la course. Dans sa tentative, Thomas Voeckler prend alors les traits du guerrier. Les dents serrées à s’en perforer la mâchoire ou la langue haletante, l’homme de tête dodeline mais fait la différence. A l’entame de la dernière boucle, l’écart avec ses poursuivants a atteint la minute. C’est la soupe à la grimace devant mais elle a plutôt bon goût. Longtemps tourmenté par ce qui pouvait se tramer dans son dos, Thomas Voeckler cesse enfin de se retourner pour filer chercher son premier succès de l’année. Le premier depuis près d’un an et sa victoire aux Quatre Jours de Dunkerque. Le premier aussi sur les routes belges, lui qui rêvait de marcher dans les Ardennaises. Oscar Freire 2ème, Pieter Serry 3ème, vous le confirmeront : ce lion de Voeckler est de retour.
Classement :
1. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) les 195,7 km en 4h49’02 » (40,6 km/h)
2. Oscar Freire (ESP, Team Katusha) à 1’11 »
3. Pieter Serry (BEL, Topsport Vlaanderen-Mercator) m.t.
4. Fabio Duarte (COL, Colombia-Coldeportes) à 1’14 »
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 1’17 »
6. Alex Howes (USA, Garmin-Barracuda) m.t.
7. Jelle Vanendert (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
8. Dries Devenyns (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
9. Laurens Ten- Dam (PBS, Rabobank) à 1’27 »
10. Michael Matthews (AUS, Rabobank) à 1’54 »